• Samedi 23 septembre 2023 – La grande dictée œnologique – Château du Clos de Vougeot

    by  • 23 septembre 2023 • Les dictées JJJ • 0 Comments

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    Samedi 23 septembre 2023

     

    La grande dictée œnologique

     

    Colette la Poyaudine

    Que boit-on quand on dîne à Saint-Sauveur-en-Puisaye, chez Colette la Poyaudine qui signa, dans les années mille neuf cent, la série des Claudine ? Eh bien, on boit du vin ! Sido, sa mère, la sacra dès trois ans au muscat de Frontignan, puis à quelques récoltes girondines tels le château Larose ou le château Lafite-Rothschild, avant de la hisser vers l’excellence des aloxe-corton ou montrachet ! Mais, devenue adulte, Colette s’est surtout laissé séduire par les petits bourgognes qui laissent « des cercles violâtres, indélébiles » sur le bois des tables de bistrot.

    Qu’ils fussent rouge sang, écarlates, incarnats ou mauve foncé, ces humbles nectars se sont retrouvés ainsi glorifiés sous la plume de Gabrielle, deuxième enfant de Joseph-Jules Colette, Toulonnais unijambiste et percepteur à Saint-Sauveur : « C’est clair, sec, varié, cela coule aisé du gosier aux reins et ne s’y attarde guère. ».

    Chez les Colette, on s’irrigue du bon vin de la libre-pensée, considérant le vin de messe et tout ce qui l’entoure comme indésirables au point que Sido, assistant à l’office avec son chien, fait aboyer celui-ci dès qu’il entend la clochette de l’élévation. Et si l’homélie commente quelque passage biblique où pullulent les vignes, Sido et Gabrielle soupirent si bruyamment que le prêtre clôt son sermon et range ses sarments.

    Beaucoup plus tard, Colette s’étant laissé submerger par ses souvenirs d’enfance, reprendra à son compte ce thème de la treille, nous léguant cette observation vierge de tout dogme, entre orfèvrerie et poésie : « Seule dans le règne végétal la vigne nous rend intelligible ce qu’est la saveur de la terre. Quelle fidélité dans la traduction ! »

    Saint-Sauveur-en-Puisaye, merci de nous avoir offert, dans le règne humain, celle qui nous rend intelligente la saveur des mots. Colette, dix mille pages de bonheur, comme un vin de vigueur !

    Jean-Joseph Julaud

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