• Fantaisie

    by  • 10 décembre 2017 • Poème quotidien • 0 Comments

     

     

    Femme jouant du luth Bartolomeo Veneto

    Femme jouant du luth
    Bartolomeo Veneto

    Il est un air pour qui je donnerais

    Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,

    Un air très vieux, languissant et funèbre,

    Qui pour moi seul a des charmes secrets.

     

    Or, chaque fois que je viens à l’entendre,

    De deux cents ans mon âme rajeunit :

    C’est sous Louis treize; et je crois voir s’étendre

    Un coteau vert, que le couchant jaunit,

     

    Puis un château de brique à coins de pierre,

    Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,

    Ceint de grands parcs, avec une rivière

    Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;

     

    Puis une dame, à sa haute fenêtre,

    Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,

    Que dans une autre existence peut-être,

    J’ai déjà vue… et dont je me souviens !

     

    Gérard de Nerval – Petits Châteaux de Bohème, 1853

     

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