• Dictée de Grasla, samedi 18 juillet 2015

    by  • 20 juillet 2015 • Les dictées JJJ • 0 Comments

    Dictée pour les Nuls – Forêt de Grasla

     

    Samedi 18 juillet 2015

      

    Héritage

     

    « Avril mille sept cent quatre-vingt-quatorze. Imagine-t-on ce que ça représente, mille hommes, femmes, enfants, vieux, dans les broussailles d’une forêt épaisse au cœur de l’hiver et au printemps qui, heureusement, a été doux ? »

    Ils sont arrivés de partout. Ils se sont enfuis de leurs villages. Les charrettes, les convois de fortune se sont succédé pendant des semaines sur des laies masquées par la futaie, des layons tracés par le hasard.

    Grasla, oasis cachée, thébaïde insoupçonnée  dans la fournaise des combats, canopée tutélaire et bienvenue !

    Armés de leur besaiguë, les charpentiers venus entre autres des Brouzils et de la Copechagnière se sont plu à assembler, contre les fûts des chênes et sur des pieux, coyaux et tournisses à peine rabotés, lattes et linteaux patiemment dégauchis.

    Malgré leur chagrin d’avoir quitté maison et jardin, malgré leur désir de repartir au plus tôt, des familles désemparées se sont laissé convaincre que le lieu était des plus sûrs, puis se sont laissées aller au bonheur de ne plus craindre la violence dans ses apogées déchaînés.

    Trempant des fers en orbes ajustés au granit, des forgerons se sont ingéniés à superposer des meules à grains afin que, du blé en péril, surgît la farine sous le regard émerveillé des enfants, des vieillards égrotants. Puis, un matin, s’est déployée, comme un souffle d’espoir, une douce odeur de pain : le boulanger avait transformé en four une meule de charbonnier. C’était le jour de Pâques. Et dans les yeux emplis de larmes, brilla en cet instant la paix de tous les temps, la paix sans Bleus ni Blancs, la paix de tous les âges. Notre héritage.

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