• Dictée pour les Nuls, Nice, 6 juin 2015

    by  • 6 juin 2015 • Les dictées JJJ • 0 Comments

    Nice

    La dictée pour les Nuls

    Samedi 6 juin 2015 – Festival du livre de Nice

     

    Angélique

     

     

    Au commencement, lorsque la Terre fut créée, Adam, le premier homme, et Ève, la première femme, durent quitter le jardin d’Éden à cause de la pomme qu’ils avaient croquée.

    Était-ce une boskoop cultivée dans quelque empyrée oublié ? Était-ce un rambour à chair tendre que l’on offre à la fin des déjeuners où l’on a fait bonne chère ? On ne le saura jamais, les exégètes s’y sont résignés, de même que nous nous sommes résolus à subir les pépins de cette oaristys adamique, cette idylle qui s’est laissé transformer en compote.

    Errant çà et là, de synclinaux en côtes accores, guidés par les ancêtres de Belzébuth, nos deux pécheurs aperçurent un matin une baie coruscante, bleu turquoise, qui les fascina.

    « Alliciante, cette côte ! » s’écria Ève ; puis, s’adressant à son premier homme, elle ajouta : « Donne-m’en la jouissance éternelle, nous l’appellerons la côte d’Adam ». « Non, répliqua Adam, elle pourrait gâcher ta genèse, nous la nommerons la baie des Anges ». Ainsi fut fait.

    D’aucuns prétendent qu’il s’agit là d’une légende. Pour eux, des anges auraient déposé dans la baie sainte Réparate qui, en l’an deux cent cinquante, avait subi un martyre consistant à ingurgiter huile bouillante et poix embrasée.

    « Foin de Pentateuque et d’hagiographie ! » se sont exclamés moult Niçois oyant ces billevesées empruntées au fonds eschatologique. La baie des Anges ressortit à l’ichtyologie car elle est parcourue par de petits requins dont les grandes nageoires ressemblent à des ailes d’ange !

    On peut hasarder une explication unique qui reprenne et inclue les trois précédentes : Nice est un paradis peuplé de bienheureux nageant dans le bonheur.  Chagall, Nietzsche, Matisse, Stravinsky, Tchaïkovski, et tant d’autres qui s’y sont succédé, n’eussent pas désavoué cette affirmation angélique. Angélique ? Dans quel sens ? Ce serait l’objet d’une autre dictée…

     

    Jean-Joseph Julaud

     

    Les gagnants

    1 – Muriel Gornès

    2 – Jean-Jacques Daën

    3 – Sandrine Guillet

    4 – Ghislaine Galland

    5 – Odette Picado

    Bravo aux gagnants et à tous les participants !

     

     

     

    La dictée pour les Nuls

    Samedi 6 juin 2015 – Festival du livre de Nice

    Correction

     

    Angélique

     

    Au commencement, lorsque la Terre fut créée, Adam, le premier homme, et Ève, la première femme, durent quitter le jardin d’Éden à cause de la pomme qu’ils avaient croquée.

     

    Était-ce une boskoop (ville des Pays-Bas ; on peut écrire aussi, selon le Robert, boscop) cultivée dans quelque empyrée (nom masculin, espace céleste – étymologie : embrasé par le feu) oublié ? Était-ce un rambour (de Rambures, localité près d’Amiens ; le rambour, masculin, est une variété de pommes) à chair tendre que l’on offre à la fin des déjeuners où l’on a fait bonne chère ? On ne le saura jamais, les exégètes s’y sont résignés, (ils ont résigné qui ? « s’ » mis pour « les exégètes », cod placé avant, on effectue l’accord : résignés) de même que nous nous sommes résolus (nous avons résolu qui ? « nous, complément » mis pour « nous, sujet », cod placé avant le participe passé, on effectue l’accord : résolus)  à subir les pépins de cette oaristys (nom féminin, cette histoire d’amour) adamique, cette idylle qui s’est laissé (pas d’accord, car le cod est ici « transformer », et il est placé après le participe passé) transformer en compote.

     

    Errant çà et là (un accent sur çà – qui signifie « ici » -, un accent sur « là »), de synclinaux (en géologie, le synclinal est un pli concave) en côtes accores (accore se dit d’une côte à falaise abrupte tombant verticalement dans la mer), guidés (accord avec « nos deux pécheurs ») par les ancêtres de Belzébuth (démon, un des princes couronnés de l’enfer), nos deux pécheurs (des pécheurs, qui pèchent, qui commettent des péchés, des fautes contre la morale – et non des pêcheurs qui pêchent du poisson) aperçurent un matin une baie coruscante (brillante, d’une grande beauté), bleu turquoise (adjectif de couleur composé : la couleur reste invariable et ne se joint pas au deuxième terme par un trait d’union, car c’est une couleur issue d’un nom commun, la turquoise), qui les fascina.

     

    « Alliciante (attirante, séduisante), cette côte ! » s’écria Ève ; puis, s’adressant à son premier homme, elle ajouta : « Donne-m’en la jouissance éternelle, nous l’appellerons la côte d’Adam ». « Non, répliqua Adam, elle pourrait gâcher ta genèse, nous la nommerons la baie des Anges ». Ainsi fut fait.

     

    D’aucuns prétendent qu’il s’agit là d’une légende. Pour eux, des anges auraient déposé dans la baie sainte Réparate qui, en l’an deux cent cinquante, avait subi un martyre (action qui consiste à torturer celui qui devient un martyr) consistant à ingurgiter huile bouillante et poix embrasée (poix, matière collante et visqueuse est du genre féminin).

     

    « Foin de Pentateuque (les cinq premiers livres de la Bible) et d’hagiographie (science qui concerne la vie des saints) ! » se sont exclamés (verbe essentiellement pronominal, s’accorde avec le sujet « moult Niçois ») moult (adverbe) Niçois oyant (participe présent du verbe ouïr) ces billevesées (discours vide de sens, balivernes) empruntées (billevesées est du genre féminin) au fonds (à la matière principale) eschatologique (qui se rapporte à l’ultime destinée du genre humain, aux fins dernières du monde). La baie des Anges ressortit à l’ichtyologie (partie de l’histoire naturelle qui traite des poissons) car elle est parcourue par de petits requins dont les grandes nageoires ressemblent à des ailes d’ange !

     

    On peut hasarder une explication unique qui reprenne et inclue (inclure est ici conjugué à la 3e personne du singulier du subjonctif présent : qu’il ou qu’elle inclue) les trois précédentes : Nice est un paradis peuplé de bienheureux nageant dans le bonheur.  Chagall, Nietzsche, Matisse, Stravinsky, Tchaïkovski, et tant d’autres qui s’y sont succédé (pas d’accord, le verbe succéder étant toujours transitif indirect), n’eussent pas désavoué cette affirmation angélique. Angélique ? Dans quel sens ? Ce serait l’objet d’une autre dictée…

     

    Jean-Joseph Julaud

     

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