• La Géographie française pour les Nuls

    by  • 13 septembre 2006 • Entretiens

    Entretien réalisé en septembre 2006, à l’occasion de la parution de La géographie française pour les Nuls.

    Pourquoi avoir écrit la Géographie Pour les Nuls ? Est-ce un complément de l’Histoire de France dans la même collection ?

    Dès la publication de la Littérature française pour les Nuls, en septembre 2005, mon éditeur avait évoqué ce nouveau titre prévu pour la collection, me proposant de mener à bien le projet. Réticent d’abord – je désirais écrire un roman que j’ai promis au Cherche Midi –, j’ai accepté de relever le défi, encore une fois… Mais c’est le dernier titre que j’écris pour les Nuls. Je crains qu’on m’élise bientôt, roi, voire empereur des Nuls, ce qui, certes, me réjouit, parce que cela signifie que j’ai apporté aux lecteurs curieux de tout, ce qu’ils attendaient, mais j’ai envie de reprendre la plume narrative pure, de créer sans cahier des charges. La Géographie française pour les Nuls complète l’Histoire de France et La littérature française. C’est ce que j’appelle pompeusement et en toute immodestie, ma trilogie…

    On connaît moins la discipline géographie ; les souvenirs qu’on en a sont ceux des manuels scolaires, mais à la différence de l’histoire, il y a peu d’ouvrages généraux pour le grand public. Comment avez-vous conçu ce livre ?

    J’ai adopté pour ce livre un schéma classique, issu de ce que fut la géographie dans les décennies qui ont permis à beaucoup de générations de situer avec précision, et sans hésiter, Chaumont ou Belley, Pamiers ou Confolens, la Haute-Marne ou l’Ain, l’Ariège ou la Charente… ; de connaître le tracé et les particularités des grands ou des petits fleuves ; de pouvoir raconter comment sont nées les montagnes ; de définir les climats ; de ne point être surpris, plus tard, par telle ou telle spécialité artisanale, culinaire ou agricole dans une région donnée… Bref, de posséder une culture géographique dont chaque citoyen devrait être pourvu. J’y ai ajouté comme à l’accoutumée, ma dose d’humour, des anecdotes, tout ce qui peut retenir le lecteur au fil de pages qui, je l’espère, évitent l’ennui.

    Vous consacrez l’introduction de l’ouvrage à une définition de la géographie. Comment vous placez-vous par rapport à l’évolution de la discipline ?

    Il me semble que la discipline a tellement évolué que, dans sa forme actuelle, elle ne devrait plus s’appeler géographie. Il aurait fallu inventer un autre mot pour désigner l’approche sociologique, statistique, globalisante et thématique d’aujourd’hui. La connaissance par la description, par l’acquisition de repères dans l’espace français, a été remplacée par une réflexion sur l’homme et son milieu, sur ce qu’il y produit, ce qui le conduit à aménager de façon particulière son environnement… Tout cela est fort intéressant, enrichissant, mais ne permet plus de faire entrer dans la mémoire les éléments qui sont indispensables pour servir cette optique. Si cette démarche satisfait l’intelligence – ou l’intellectualisme plus exactement… -, ses résultats sont quasiment nuls sur le plan culturel : que retient-on de cette vision géographique ? Que sait-on de façon sûre, définitive ? Comment peut-on prétendre s’intégrer dans une France dont on ignore tout ? Quand on situe le Var près de la Somme qui tombe dans les Landes promues voisines de la Vendée ?… Rien n’est exagéré dans ces erreurs : il suffit d’interroger n’importe quel lycéen, n’importe quel étudiant, et beaucoup d’adultes pour constater à quel point la culture géographique du pays où nous vivons est réduite à néant. Et nous nous payons le luxe, régulièrement, de nous moquer de l’ignorance des Américains en géographie…

    Pourquoi avoir divisé l’ouvrage en géographie physique, géographie régionale, géographie économique ?

    Pour effectuer trois approches différentes du même pays, pour en décrire et expliquer les particularités, les aspérités, pour inviter chacun à visiter l’environnement de ses proches ou lointains voisins, à s’informer des savoirs et des savoir-faire de toute sorte, pour en connaître toutes les ressources ; pour permettre à chacun de mieux comprendre la place qu’il y occupe.

    Quelles ont été vos sources, notamment pour les données actuelles sur les régions ?

    J’ai passé des centaines de coups de téléphone dans les Chambres de commerce, d’agriculture, dans les Conseils généraux, régionaux, dans les entreprises, chez des artisans ; je me suis parfois déplacé pour me rendre compte moi-même de ce qu’on m’affirmait ; j’ai utilisé des données statistiques ; j’ai recherché l’anecdote qui pourrait intéresser le lecteur lorsque je lui présente un département, une région… Et puis, j’ai enseigné cette discipline pendant des années. Enfin, depuis fort longtemps, je sillonne la France.

    Vous parlez notamment de la France des saveurs, des chansons, des célébrités. C’est une approche originale du savoir…

    Les saveurs sont une émanation des terroirs ; les chansons d’une certaine époque révèlent une France qui rit, qui s’amuse ou qui s’émeut ; dans chaque département est née une célébrité – un explorateur, un écrivain, un peintre, un homme politique important… – ; tout cela permet une approche sensible de la France, olfactive et gaie, sans ménager l’admiration qu’on peut éprouver pour ceux qui composent notre panthéon personnel et national. C’est tout cela – aussi – la géographie humaine qui justifie alors pleinement son adjectif. J’ai voulu que ma géographie donne de l’appétit, qu’elle donne soif, soif de tout ce que nous pourrions délaisser et oublier par l’indifférence qui est fille de l’ignorance.

    Votre ouvrage rend lisible la discipline géographie, domaine des chiffres et des données scientifiques. Finalement, on s’étonne de le lire comme un roman. Vous a-t-il fallu adapter votre écriture et votre humour à cet univers ?

    Comme un roman… Votre formule convient parfaitement à ce que j’ai voulu faire : donner au lecteur l’impression qu’il entre dans une grande aventure – l’Histoire, la littérature ou la géographie – et lui permettre l’acquisition d’un savoir rigoureux et précis. C’est une véritable gageure de maintenir présent dans le livre qu’il a ouvert un lecteur qu’ont pu rebuter jusqu’alors ces trois disciplines ! Il faut lui apporter de l’étonnant, de l’inattendu, de l’atypique, de l’inédit, et surtout, du savoir afin qu’il puisse compléter sa culture.

    Avec l’Histoire , la Littérature et la Géographie, vous voici l’auteur d’une trilogie sur la France… Allez-vous poursuivre dans d’autres domaines de la connaissance ?

    Pour l’instant, je vais prendre quelque distance avec ce type d’ouvrage qui me mobilise depuis trois années – passionnantes, mais qui réclament une somme de travail considérable.

    Vos rapports avec la collection « Pour les Nuls » ont-ils évolué ?

    Je suis très heureux que cette collection ait trouvé son public, qu’elle satisfasse toutes les tranches d’âge, qu’elle soit bien accueillie dans les milieux les plus divers. J’ai tenté de trouver une langue française qui parle à tout le monde, qui emporte comme un tourbillon vers le savoir ; j’y ai mis de la gaieté et de l’émotion, tout en offrant un contenu qui ne soit jamais traité au rabais. Les lecteurs ont compris ma démarche. Je suis heureux de leur avoir facilité la tâche. J’ai tenté de faire aussi bien que tous les auteurs qui ont jusqu’à maintenant écrit dans la collection Pour les Nuls. J’espère avoir réussi.

    Avez-vous d’autres projets aux éditions First ?

    Bien sûr…

    Parution : 13 septembre 2006
    Editions First
    ISBN-10: 2754002456
    ISBN-13: 978-2754002455

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