• Femmes d’Ouessant, René Guy Cadou

    by  • 11 juillet 2018 • Poème quotidien • 0 Comments

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    Femmes d’Ouessant

    Un soir de pauvreté comme il en est encore
    Dans les rapports de mer et les hôtels meublés
    Il arrive qu’on pense à des femmes capables
    De vous grandir en un instant de vous lancer
    Par-dessus le feston doré des balustrades
    Vers un monde de rocs et de vaisseaux hantés
    Les filles de la pluie sont douces si je hèle
    À travers un brouillard infiniment glacé
    Leur corps qui se refuse et la noire dentelle
    Qui pend de leurs cheveux comme un oiseau blessé
    Nous ne dormirons pas dans des chambres offertes
    À la complicité nocturne des amants
    Nous avons en commun dans les cryptes d’eau verte
    Le hamac déchiré du même bâtiment
    Et nous veillons sur nous comme on voit les pleureuses
    Dans le temps d’un amour vêtu de cécité
    À genoux dans la gloire obscure des veilleuses
    Réchauffer de leurs mains le front prédestiné.

    René Guy Cadou – Hélène ou le règne végétal, 1952, Seghers,

     

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