• La dictée pour les Nuls 2016, salon « Livre Paris ».

    by  • 19 mars 2016 • JJJ dans les Salons, Les dictées JJJ • 0 Comments

    Dictée pour les Nuls

    Salon « Livre Paris », samedi 19 mars 2016

    Prosopopée en sol mineur

     

    Vous êtes venus. Me voici ! Vous m’avez tous attendue et pourtant nous passons ensemble nos jours et nos nuits. La première qui surgit au réveil dans votre esprit, c’est moi. Et parfois, nous nous racontons les rêves que nous avons traversés au cœur des sorgues dévergondées, criblées de bizarres lumerottes que parcourent, sur des taps-taps, de vigousses champagnés un peu fadas… Le rêve se termine ici avec ces jolis mots de la francophonie. Ici commence mon cauchemar…

    Écoutez-moi, je suis blessée. J’arrive de si loin ! Sachez que voilà bien longtemps, au Moyen Âge, je fus aimée par un certain François Villon, docteur ès ballades. Bambine encore, jeunotte un peu pâlotte, naviguant à l’estime, je balbutiais mon succinct thésaurus, quels que fussent les chausse-trapes, les rets et les lacs hérités du latin. Puis Ronsard et Du Bellay m’ont grisée par leurs trouvailles drolatiques, hyalines ou caligineuses, hourdis élaborés pour mes structures.

    Avec Malherbe, au XVIIe siècle, je suis devenue adulte, sobre, callipédique. Plus tard, Rousseau et Voltaire m’ont adulée. Enfin, en mille sept cent quatre-vingt-neuf, je vous fus offerte, et vous avez pu me lire, m’écrire, pendant que les Chateaubriand, Hugo ou Rimbaud vivaient pour moi cette espèce d’éréthisme enchanté que vous avez partagé.

    Vous m’avez toujours respectée, n’omettant jamais le « i » du mot « oignon » – lettre que j’ai reçue des Anciens, comme tant d’autres, voilà mille ans. Vous avez adopté les chapeaux dont on m’a décorée ensuite, depuis le faîte jusqu’à l’abîme.

    Aujourd’hui, on veut m’amputer de tout cela, manu militari ! Deux mille quatre cents de mes mots se sont vu attaquer. Je suis blessée.

    Qu’eût-il fallu qu’on décidât alors, au temps où l’on prétendit qu’il était nécessaire qu’on me rectifiât ? Me rectifier, moi, me garrotter, billevesée ! Il suffisait que, davantage encore, on m’aimât.

     

    Jean-Joseph Julaud

     

    Variantes :

    des taps-taps, des tap-taps ou des tap-tap.

     

    Moyen Âge, on accepte aussi Moyen-Âge (selon le Robert).

     

    les chausse-trapes ou les chausse-trappes.

     

    Du Bellay : un D majuscule à Du, ou un « d » minuscule selon le Robert.

     

    leurs trouvailles au pluriel car dans la lecture des mots qui suivent, la liaison a été faite : hyalines-z-ou…

     

    hourdis élaborés : on accepte « élaboré » au singulier, un hourdis étant un ouvrage de maçonnerie.

     

    en mille sept cent quatre-vingt-neuf : ou « mil », les traits d’union ne sont pas acceptés au-dessus de cent.

     

    les Chateaubriand, pas d’autre orthographe.

     

    Hugo ou Rimbaud vivaient pour moi cette espèce d’éréthisme : uniquement « cette » devant « espèce ».

     

    lettre que j’ai reçue des Anciens, une majuscule obligatoire pour Anciens.

     

    Deux mille quatre cents de mes mots se sont vu attaquer – ou « se sont vus attaqués ».

     

     

     

     

     

     

     

     

    La phrase-torpille de Julien Soulié (« In cauda venenum »)

     

     

    Que ce soient les wallonismes, les mots de notre vieux Cartier, de la Société ou ceux qui font sens à Sion, la francophonie a la cote : sans-desseins qui vous êtes garrochés par icitte, popahs pâles ou demis bis, ne siclez ni ne batoillez si vous êtes fiu ; testez la kriek des baes, le maskinongé des terre-neuvas, le bagnes des maîtres-armaillis et soyez prêts à poucer pour partir vivre en condo mignon ou à koter près d’Ath !

     

    Variantes acceptées : popaas – ciclez

     

     

     

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