• Sauver Calet ; pour toi, Pierre…

    by  • 5 décembre 2015 • Extraits • 1 Comment

    Henri Calet (1904 - 1956)

    Henri Calet (1904 – 1956)

    Pierre, Pierre Drachline, mon éditeur au cherche midi, depuis jeudi soir, tu es parti ; je suis sûr que tu es déjà en train de refaire le ciel avec Raymond… Pierre, pour moi, tu étais immortel ; non, tu es immortel. Pierre, j’ai ce matin un gros gros chagrin, et je t’entends rire, doucement, de ton rire d’enfant… C’est malin !

    Extrait de « La Littérature française pour les Nuls », éditions First, 2005 

    Pourquoi a-t-on oublié Calet ? Comment se fait-il qu’une des œuvres les plus attachantes de la littérature française, les plus sensibles, ait lentement dérivé vers les berges des bouquinistes qui lui permettent d’exister encore ? Bien sûr, chez les bons libraires, les vrais, vous trouvez Calet. Calet qui attend, qui vous attend…

    Bourlingueur du coeur

    Petits bonheurs, petits malheurs, grands livres d’humanité profonde, de sensibilité ; et cette façon cynique et tendre de prendre la vie pour ce qu’elle est : un petit mot d’une syllabe, presque un soupir… Voilà Henri Calet – Raymond Barthelmess – , né à Paris, le 3 mars 1904 ! Son premier roman, La Belle Lurette paraît en 1935. Bien loin des sommes ambitieuses publiées par ses contemporains, loin des romans à thèse, des festivals d’idées, Calet est l’arpenteur de la solitude héroïque, collectionneur de petits métiers, bourlingueur du cœur. De Hollande, de Belgique, de Suisse, d’Italie, d’Afrique, d’Amérique, il revient toujours à Paris, glaneur d’instants qu’il publie dans des articles pour des journaux et périodiques. Sans tapage, il écrit, il espère le partage.

    Un  cynisme bien élevé

    Mais toujours les voix qui s’enflent transforment en silence le discret. Calet n’est pas de ceux qui claironnent, sa musique est la mesure de l’intime et de ses accidents, sa clé est celle du doute. Il griffe, il bouscule, il écrase tout ce qui ment, toutes les hypocrisies, avec une amabilité infinie. C’est un bien élevé du cynisme, qui vitriole avec charité. Pourquoi Calet n’est-il pas lu aujourd’hui ? Il est urgent de le rejoindre dans les pages où il attend, les mains pleines de présents, pour vous. C’est plus qu’un conseil, c’est une demande. Faites-le, maintenant. Sa descendance, sa parenté d’écriture est rare. Il faut être riche d’une lucidité désenchantée pour aller de conserve avec lui dans les rues de la vie. Aujourd’hui, Pierre Drachline, avec Une enfance à Perpétuité (2002), ou Ingrid Naour avec Les Lèvres mortes (2001), avancent à sa hauteur, dans les utiles contre-allées de l’évidence. Henri Calet est mort au soleil, à Vence, le 14 juillet 1956.

    Citez l’auteur

    Calet en pensées

    Ne me secouez pas, je suis plein de larmes (sa dernière phrase).

    Ce n’est pas ma faute si, en écrivant, mon stylo se transforme en scalpel.

    On vit très bien sans avenir.

    Ma vie est difficile parce que j’ai horreur du mensonge.

    Je n’ai pas peur des mots, ce sont les mots qui ont peur de moi.

    Cette affaire était décousue, du commencement à la fin, depuis A jusqu’à Zut.

    Calet en œuvres

    1935 La Belle Lurette – roman

    1947 Trente à quarante – nouvelles

    1948 Tout sur le tout – essai autobiographique

    1951 Les Grandes largeurs – récit (balades parisiennes)

    1950 Monsieur Paul – roman

    1952 Le Grand voyage – roman

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    One Response to Sauver Calet ; pour toi, Pierre…

    1. Coppin
      10 juin 2014 at 22 h 58 min

      Merci pour cette fiche. J’ai bien l’impression que je vais vivre une passion avec Henri Calet … moi aussi, il ne faudrait pas trop me secouer …
      Dois-je commencer par le commencement , c’est à dire lire son oeuvre dans l’ordre chronologique ou bien ?

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