• « Novembre », 30 octobre 1979

    by  • 13 novembre 2015 • Textes à lire • 0 Comments

    Soleil maigre de Novembre...

    Soleil maigre de Novembre…

     

     

    Soleil maigre de novembre. Chaque rafale est un livre qui se ferme au coin d’un feu qui meurt. Dans les braises du ciel vacillent les branches cassantes comme des doigts tremblants qui ne peuvent se joindre. Novembre naît dans la couleur muette des lèvres sans sourire. La terre est lente et belle.

    Le pas des jours s’enlise dans les instants cotonneux. Les nids désertés sont secs et blessent comme l’insulte. La marelle, à cloche-pied, s’en va, sans paradis.

    Le blond des blés grelotte sous les charpentes grises d’un grenier. Dans le sillon, de vieilles charrues cherchent l’épaule de tendres racines. Le temps s’étale et s’étire et s’endort.

    Le jour se ferme au coin d’un feu qui dort. Les doigts tremblants sont blonds comme novembre. La pluie voûtée s’appuie contre le ciel. Et tombe, tombe… Des chemins se rencontrent et vont mourir un peu plus loin, les bras en croix. La paix inquiète somnole.

    Sur les cheminées, de timides bonheurs étincellent comme des nuits laineuses enveloppées de lune. Et dans le matin sourd, de faibles joies palpitent.

    Novembre de grande lumière pour leurs regards perdus. Ô novembre, ta terre de ceux qui ne sont plus…

     

    Jean-Joseph Julaud, 30 octobre 1979 – Texte publié dans le recueil « Le Sang des choses », paru en 1983 aux éditions Corps 9, à La Ferté-Milon.

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