• Dictée pour les Nuls, samedi 20 juin 2015 – Livres en Bretagne, Vannes

    by  • 21 juin 2015 • Les dictées JJJ • 2 Comments

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    Dictée pour les Nuls, samedi 20 juin 2015

    Livres en Bretagne

    Vannes

     

    Trafic de haches

    Aller à pied en Angleterre ! C’était possible voilà vingt mille ans, au temps où l’Europe presque tout entière n’était qu’inlandsis, séracs et névés. Depuis, la lutte que se sont livrée les divinités éoliennes et chthoniennes n’a pas cessé : celles-ci se sont laissé grignoter par celles-là, de sorte que le niveau de la mer a crû de quelque cent vingt mètres en quinze mille ans. Ensuite ? Eh bien, les côtes sont devenues stables, les vagues bleu clair de Téthys ne s’en sont approprié qu’une quinzaine de centimètres par siècle.

    Voilà cinq mille ans, les hommes, concomitamment à la fin de l’avancée marine, fabriquèrent des outils de pierre polie – jaspes pointus, feldspaths striés. Et les essarts étendus s’étant suffisamment succédé pour créer des emblavures, les populations se sont sédentarisées.

    Parmi les pierres du néolithique retrouvées dans le golfe du Morbihan, on a découvert – chez les Pourleths, entre autres – d’étranges jades bleu-vert provenant du mont Viso en Italie. On trouve les mêmes sur les bords de la mer Noire. Cela suppose un gigantesque trafic de haches précieuses vers les côtes où de grands centres cérémoniels semblent s’être installés pour défier la mer, la dissuader de reprendre son avance.

    Une royauté fondée sur le divin a longtemps occupé la région de Vannes. Il faut croire qu’elle a usé d’arguments efficaces contre les étages hadaux et bathyaux de la mer, car les côtes ne se sont pas laissées périr au profit de la vague.

    Et, parmi les éléments dissuasifs contre l’océan, figureraient, selon certains chercheurs, les menhirs de Carnac, pierres dressées comme une armée ondulant d’interfluves aigus en talwegs dégagés – source d’inspiration pour les centres cérémoniels contemporains, tel le G7, qui préfèrent trop souvent opposer à la montée des mers, plutôt que de la pierre, du vent…

     

    Jean-Joseph Julaud

     

    Correction de la dictée pour les Nuls, samedi 20 juin 2015

    Trafic de haches

     

     

    Aller à pied en Angleterre (on va à pied, au singulier) ! C’était possible voilà vingt mille (mille, adjectif numéral ici, est invariable) ans, au temps où l’Europe presque tout (adverbe ici, donc invariable) entière n’était qu’inlandsis (un inlandsis est un immense glacier continental), séracs (amas chaotique de blocs de glace à la surface d’un glacier) et névés (amas de neige tassée et glacée).

     

    Depuis, la lutte que se sont livrée (le complément d’objet direct de ce verbe est « que », mis pour lutte, féminin singulier, placé avant le participe passé, on accorde : livrée) les divinités éoliennes et chthoniennes (khthôn : terre en grec a donné en français : chthonien ou chtonien, relatif à la terre – racine qu’on retrouve dans autochtone) n’a pas cessé : celles-ci (celles-ci désigne l’élément le plus proche en amont dans la phrase : les divinités chthoniennes) se sont laissé (le verbe grignoter est le complément d’objet direct de laissé, ce cod est placé après, on n’accorde donc pas laissé) grignoter par celles-là, de sorte que le niveau de la mer a crû (participe passé du verbe croître, avec un accent circonflexe sur le « û ») de quelque (quelque est ici adverbe et signifie environ) cent vingt (pas de « s » à vingt, il n’y a qu’une fois « vingt ») mètres en quinze mille ans. Ensuite ? Eh bien (« Eh » bien, et non « Et » bien), les côtes sont devenues (accord avec le sujet « côtes » à cause de l’auxiliaire « être ») stables, les vagues bleu clair (pas d’accord pour bleu clair, pas de trait d’union entre les deux éléments, car le second n’est pas un adjectif de couleur) de Téthys (divinité marine, elle ne doit pas être confondue avec la Néréide « Thétis », mère d’Achille) ne s’en sont approprié (le complément d’objet direct – une quinzaine… – se trouve après, on n’accorde pas) qu’une quinzaine de centimètres par siècle.

     

    Voilà cinq mille ans, les hommes, concomitamment à la fin de l’avancée marine, fabriquèrent des outils de pierre polie – jaspes (masculin) pointus (tout singulier – jaspe pointu – ou tout pluriel – jaspes pointus), feldspaths (masculin) striés (tout singulier – feldspath strié – ou tout pluriel – feldspaths striés). Et les essarts (essart, masculin : zone défrichée – ici au pluriel : les essarts) étendus s’étant suffisamment succédé (transitif indirect – le participe passé du verbe succéder ne s’accorde jamais) pour créer des emblavures (une emblavure est une terre ensemencée en blé), les populations se sont sédentarisées (le cod « se », mis pour « populations » est placé avant le participe passé, donc on accorde sédentarisées au féminin pluriel).

     

    Parmi les pierres du néolithique retrouvées dans le golfe (« golfe » : nom commun générique, pas de majuscule), du Morbihan, on a découvert, chez les Pourleths (les habitants de Guémené-sur-Scorff et de sa région ; on peut aussi écrire « les Pourlets » ; dans les deux cas, on prononce le « t » final) entre autres, d’étranges jades bleu-vert (pas d’accord pour bleu-vert, un trait d’union, car il s’agit de deux adjectifs de couleur) provenant du mont (« mont » est ici un nom commun générique, on l’écrit avec une minuscule) Viso en Italie. On trouve les mêmes sur les bords de la mer (« mer », nom commun générique, pas de majuscule) Noire. Cela suppose un gigantesque trafic de haches précieuses vers les côtes où de grands centres cérémoniels semblent s’être installés pour défier la mer, la dissuader de reprendre son avance.

     

    Une royauté fondée sur le divin a longtemps occupé la région de Vannes. Il faut croire qu’elle a usé d’arguments efficaces contre les étages hadaux (pluriel de « hadal », mot issu de « Hadès », maître des Enfers, et désignant les profondeurs marines de plus de 7 000m) et bathyaux (pluriel de « bathyal » ; les étages bathyaux concernent les profondeurs marines jusqu’à 2 000m) de la mer, car les côtes ne se sont pas laissées (elles n’ont pas laissé « se » périr ; le cod de « laissé » est le pronom personnel « se », mis pour « elles », féminin pluriel, on accorde donc « laissées » au féminin pluriel) périr au profit de la vague.

     

    Et, parmi les éléments dissuasifs contre l’océan, figureraient, selon certains chercheurs, les menhirs de Carnac, pierres dressées comme une armée ondulant d’interfluves (un interfluve est un relief séparant deux vallées – pluriel obligatoire ici à cause de la liaison effectuée avec l’adjectif « aigus » lors de la lecture) aigus en talwegs dégagés (le talweg désigne la ligne rejoignant les points les plus bas d’une vallée ; on écrit aussi « thalweg » – ici, le mot talweg s’écrit au pluriel : talwegs) – source d’inspiration pour les centres cérémoniels contemporains, tel (tel, adjectif indéfini, est ici suivi d’un nom le G7 – abréviation de « Groupe des sept », partenaires économiques de sept pays industrialisés parmi les plus riches -, tel demeure donc au singulier car il détermine G7) , qui préfèrent trop souvent opposer à la montée des mers, plutôt que de la pierre, du vent…

     

    Les gagnants

    1 – Philippe Girard

    2 – Henri Le Guen

    3 – Roger Tuffigo

    4 – Huguette Le Trionnais

    5 – Maryvonne Soudy

    6 – Nelson Montfort

    Notons la participation prometteuse de Constance Beauchêne, 11 ans !

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    2 Responses to Dictée pour les Nuls, samedi 20 juin 2015 – Livres en Bretagne, Vannes

    1. Philippe Girard
      24 juin 2015 at 7 h 52 min

      Bonjour Jean-Joseph,

      Merci encore pour ce moment, comme dirait… J’aurais voulu savoir où et quand serait votre prochaine dictée.

      Bonne journée !

      Philippe

      • jjj
        24 juin 2015 at 19 h 03 min

        Bonjour Philippe,
        Toutes mes félicitations pour votre excellente performance ! La plus haute marche du podium, c’est plus qu’un « moment », c’est un temps fort qui a brillamment marqué le salon du livre de Vannes ! On en parlera longtemps chez les Pourleths (ou Pourlets) et ailleurs… Merci pour votre sourire, votre simplicité et votre sympathie,
        Avec mon admirative et chaleureuse cordialité,
        Jean-Joseph

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