• Le Roman de la Rose : l’amour, mode d’emploi

    by  • 29 juin 2014 • Extraits • 0 Comments

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    « Le Roman de la Rose » XIIIe siècle.

    L’amour, toujours l’amour ! En voici un mode d’emploi en deux parties bien différentes. L’une et l’autre décrivent le long chemin pour parvenir à la rose, symbole de bien des choses. Mais, si dans la première, écrite par Guillaume de Lorris,  la délicatesse confine à la guimauve, dans la seconde, celle de Jehan de Meung, la femme et les moines prennent de rudes volées de mots durs ! Accrochez (toutes…) vos ceintures !

    Aller au déduit

    Près de Montargis, dans le village de Lorris, en 1200, naît un bel enfant qui devient grand en peu de temps et fait un rêve à vingt ans. Un si beau rêve qu’il le raconte dix ans plus tard à partir de 1230. Le voici : après avoir fermé les yeux à l’âge où l’amour commence à chahuter le sommeil, Guillaume – l’amant – arrive devant un haut mur, le mur qui entoure le jardin du déduit – ce terme désigne les ébats amoureux. Le mur semble composé d’images : la convoitise, la tristesse, la haine, l’avarice, la pauvreté… Bref, on a compris que si on est triste, haineux, avare, on n’a aucune chance d’aller au déduit !

    Pour un bouton de rose…

    Soudain, voici que Dame Oyseuse – l’oisiveté – ouvre la porte du jardin ! L’amant y est attendu par courtoisie, richesse, beauté, parées des atours de grands seigneurs. L’amant se regarde alors dans la fontaine de Narcisse. Il aperçoit un magnifique bouton de rose et il n’a plus qu’une idée : aller le cueillir ! L’allégorie continue tout au long des quatre mille vers du roman que Guillaume de Lorris, emporté par une mort soudaine en 1238, ne peut terminer.

    L’habit ne fait pas le moine…

    Quarante ans plus tard, en 1285, Jehan le boiteux, dit Clopinel, ou encore Chopinel, qui vit à Meung-sur-Loire, reprend sur un autre ton le poème inachevé : l’approche de l’amour n’est plus ni courtoise ni délicate, elle est amère et cynique. Ou du moins, elle remet à l’heure la pendule des cœurs attardés dans un autre temps, dans un imaginaire langoureux issu des visions du poète latin Ovide et de son Art d’aimer. Jehan de Meung reprend la forme allégorique de Lorris, mais apparaît, entre autres, le personnage Faux-Semblant qui symbolise l’hypocrisie, et ce personnage est vêtu de la soutane d’un moine (c’est là qu’on rencontre pour la première fois l’expression : l’habit ne fait pas le moine)…

    Les femmes ? Elles sont folles !

    Au fil des péripéties qui permettent – enfin ! après dix-huit mille nouveaux vers… – à l’amant de cueillir la rose tant convoitée, on assiste à un tir nourri contre l’amour qui devient seulement un plaisir physique, contre la royauté, l’église et la noblesse, contre les communautés monastiques outrageusement enrichies, contre les ancêtres de tous les Tartuffes – mais pour une philosophie matérialiste de tous les plaisirs !  Les femmes sont stigmatisées en des termes si directs  – ou bien elles se fardent, ou bien elles sont folles, ou bien elles parlent trop, ou bien ce sont des coquettes, et pire encore, et parfois tout ensemble… – que le roman prend des allures de violent réquisitoire. Et son auteur, aux yeux du lecteur, n’en sort ni innocent, ni forcément grandi !

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