• Mai 68 : après le printemps, la plage

    by  • 2 mai 2014 • Jadis ou naguère • 0 Comments

    DSCN5659

     

    Les idées de soixante-huit vont bouleverser le contenu des mentalités, supprimer nombre de blocages, changer bien des aspects de la société.

    Six cents arrestations en Sorbonne, le 3 mai 68

    Mai 68. L’extrême gauche anarchiste et trotskyste progresse dans les milieux étudiants imprégnés de l’exemple du révolutionnaire cubain Che Guevara. L’heure est à la remise en cause d’une société dite de consommation, d’asservissement et d’inégalité, dans un climat qui donne l’illusion d’une rapide conquête de toutes les libertés. Au début de mars, à la faculté de Nanterre, des étudiants ayant manifesté contre la guerre du Vietnam sont arrêtés. La riposte du campus est immédiate : les locaux administratifs sont occupés. L’agitation devient telle que le recteur fait fermer la faculté le 2 mai. Le 3 mai, une manifestation de solidarité a lieu à la Sorbonne dont le doyen fait appel à la police pour une évacuation sans ménagement – six cents arrestations.

    Cohn-Bendit expulsé

    L’UNEF (Jacques Sauvageot) et le SNESup (Alain Gesmar) – Union Nationale des Étudiants de France et Syndicat National de l’Enseignement Supérieur – deux syndicats de tendance communiste, fortement influencés par l’idéologie maoïste et anarchiste – lancent alors un ordre de grève. Partout, on commence à voir et entendre celui qui donne les impulsons décisives au mouvement : Daniel Cohn-Bendit. Animateur de la tendance libertaire. Arrêté le 27 avril, il est expulsé vers le pays d’où il est venu : l’Allemagne.

     

    Peace and love

    À Paris, l’Odéon, la Sorbonne, les Beaux-Arts deviennent des forums permanents où le monde ne cesse de se reconstruire. On sait que le mouvement est planétaire, qu’aux États-Unis, la guerre du Vietnam est de plus en plus contestée, que des colonies de hippies nomades commencent à jeter aux orties les portefeuilles bourrés des bonnes actions de leurs parents, pour partir vers Katmandou avec pour seul bagage un bissac où ballottent et souffrent leur viatique pour les générations futures : peace and love !

    Cependant, au-delà de certains clichés, le mouvement de mai 68 permet, dans le pays tout entier, une prise de parole collective qui ressemble à bien des égards à ce qui fut entrepris en 1789 pour la rédaction des cahiers de doléances. Les cadres traditionnels et souvent archaïques explosent, le féminisme, l’écologie prennent leur essor. Sur les murs fleurissent des slogans qu’on dit nouveaux, révolutionnaires : « Il est interdit d’interdire »… – ce sont, pour beaucoup, les mêmes que ceux qu’on a retrouvés sur les murs de Pompéi, cité des plaisirs pour les Romains, enfouie sous les cendres du Vésuve en l’an 79 apr. J.C. ;  la roue tourne…

    « La réforme, oui, la chienlit, non ! »

    Dans la nuit du 10 au 11 mai 1968, des barricades s’élèvent dans le quartier latin, des voitures sont incendiées, les affrontements entre les étudiants et les forces de l’ordre font plus de mille blessés. Bientôt les syndicats ouvriers rejoignent le mouvement étudiant. Le 13 mai, une manifestation gigantesque rassemble 900 000 personnes qui défilent de la République à Denfert-Rochereau. En tête, notamment : Mendès-France, Mitterrand, Waldeck-Rochet – secrétaire général du parti communiste – Sauvageot, Geismar et Cohn-Bendit, revenu sans s’annoncer… De Gaulle déclare alors, le 19 mai : « La réforme oui, la chienlit, non ! » Le 27 mai, le premier ministre, Georges Pompidou, tente de calmer les esprits en signant les accords de Grenelle qui relèvent le SMIG, réduisent la durée du travail pour ceux qui font plus de quarante-huit heures par semaine, et renforcent le droit syndical dans l’entreprise. Mais le climat demeure tendu.

     

    30 mai 1968 : De Gaulle « Je ne me retirerai pas ! »

    29 mai 1968. Vous n’auriez pas vu le général ? Où est passé le général ? Mystère ! Il s’est envolé ! Et ce n’est pas une image : il s’est envolé vers l’Allemagne, plus précisément pour Baden-Baden où sont stationnées les Forces Françaises d’Allemagne (les FFA) qui ont à leur tête une vieille connaissance du chef de l’État : le général Massu. Que se disent-ils ? On ne le saura pas, mais dès le lendemain, 30 mai, de Gaulle est de retour. À la radio, il annonce fermement : « Je ne me retirerai pas ! » et le soir, un million de personnes se rassemblent sur les Champs-Élysées pour le soutenir. Il dissout  l’Assemblée, annonce des élections qui se déroulent les 23 et 30 juin. Les  candidats gaullistes triomphent. Mais 68, c’est fini. Les Français s’en vont tranquillement sur les plages dès le premier juillet.

    About

    Laisser un commentaire

    Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *