• La dictée pour les Nuls, 19 mars 2011 : Lettre à Frida

    by  • 3 mars 2014 • Les dictées JJJ

    La Maison bleue, la Casa azul, de Frida Kahlo (1907 - 1954) à Coyoacán, quartier sud de Mexico.

    La Maison bleue, la Casa azul, de Frida Kahlo (1907 – 1954) à Coyoacán, quartier sud de Mexico.

     

    Dictée pour les Nuls
    Salon du Livre de Paris
    Samedi 19 mars 2011, 12h30
    en partenariat avec le ministère de la Culture et de la Communication

    Contenu du fichier :

    1 – La dictée : Lettre à Frida

    2 – Corrigé

    1 – La dictée

    Dans cette deuxième édition de la dictée pour les Nuls, sont intégrés les dix mots choisis pour illustrer l’opération « Dis-moi dix mots qui nous relient » organisée par le ministère de la Culture et de la Communication.

    Voici ces dix mots que vous retrouvez au fil du texte, mis à par le terme « réseauter » dicté seul après la dernière phrase : accueillant, agapes, avec, chœur, complice, cordée, fil, harmonieusement, main, réseauter.

    Lettre à Frida

    « Ni toi, ni Derain, ni moi ne savons peindre des visages comme ceux de Frida Kahlo ! »
    Les avez-vous lus, Frida, ces mots que Picasso l’Andalou a écrits pour votre complice Diego Rivera, de vingt et un ans votre aîné ? En mille neuf cent trente-neuf, vous exposez à Paris, grâce à l’accueillant André Breton. En chœur, on loue votre talent, mais on se méfie de votre génie. Les galeries de Saint-Germain-des-Prés escaladent le surréalisme en vogue, comme une cordée harmonieusement conforme aux codes germanopratins que vous ne supportez pas. Votre main est libre. Vous choquez. Tant mieux.
    Les drames que vous avez vécus, qui se sont succédé sans répit, les mauvais hasards qui se sont acharnés contre vous, les affres que vous avez subies, tout cela a conduit votre pinceau jusqu’à la brûlure dont les frileux refusent la chaleur.
    Funambule Frida ! De tableau en tableau, quelles que soient vos arabesques colorées, quel vertige vous nous offrez en partage sur le fil tendu au-dessus des ténèbres vaincues ! Et dans votre maison bleue de Coyoacán, aux nuances bleu clair et bleu-vert, où résonnent encore vos agapes animées avec Trotski, quel troublant bonheur nous pousse au bord des larmes ?
    Frida, dans votre signature passent les colères de Pancho Villa, celles d’Emiliano Zapata, l’image des cœurs arrachés sur la pyramide de Teotihuacán ou sur le grand temple de Tenochtitlán. Frida, aujourd’hui nous voici, Mexicains ou Français, et vous savez sûrement, en ces temps où votre force eût été si précieuse, quel désarmant chagrin nous reconduit à vous.

    Jean-Joseph Julaud

    Terme dicté à part : réseauter

    2 – Corrigé

    Derain (1880 – 1954), peintre, l’un des fondateurs du fauvisme.

    Les avez-vous lus, ces mots…: « lus » s’accorde avec le COD « les », placé avant le participe passé, le COD « les » remplace « ces mots », masculin pluriel.

    Picasso l’Andalou : majuscule à « Andalou », nom propre désignant un habitant de l’Andalousie.

    Ces mots que Picasso l’Andalou a écrits : Picasso a écrit quoi ? Je cherche le COD : il a écrit « que », pronom relatif qui remplace « ces mots », j’accorde donc au masculin pluriel puisque « ces mots » le COD est placé avant le participe passé.

    Diego Rivera (1886 – 1957), né à Guanajuato. Il vient en Europe en 1907, se lie d’amitié avec Modigliani. En 1928, à Mexico, il épouse Frida Kahlo. Il peint jusqu’à sa mort, notamment d’immenses fresques qu’on peut voir, entre autres, au Palais National de Mexico.

    Vingt et un : pas de trait d’union. On met un trait d’union au-dessous de cent, sauf pour vingt et un, trente et un, quarante et un, cinquante et un, soixante et un, soixante et onze (on écrit quatre-vingt-un, quatre-vingt-onze).

    Aîné : un accent circonflexe sur le «î »

    Mille neuf cent trente-neuf : pas de « s » à cent car il est suivi d’un autre nombre.

    Accueillant : la lettre « u » doit être placée après le « c » afin d’obtenir le son « k »

    En chœur : chœur avec un « h », en groupe qui ne forme qu’une voix.

    On loue : verbe terminé par « uer », donc un « e » à la 3e personne du singulier du présent de l’indicatif.

    On se méfie : verbe en « ier », donc un « e » à la 3e personne du singulier du présent de l’indicatif.

    Saint-Germain-des-Prés : des traits d’union.

    Harmonieusement conforme aux codes germanopratins : cet adjectif, « germanopratin », désigne ce qui se rapporte à Saint-Germain-des-Prés. Il est composé de « germanus » (germain) et de « pratum » (pré). Il date des années cinquante et figure dans le Grand Robert. On le trouve aussi – et entre autres – dans le « Manuel de Saint-Germain-des-Prés » de Boris Vian, ou dans « La Nuit complice » de Jean-Louis Bory

    Les drames que vous avez vécus : vous avez vécu quoi ? « que » pronom relatif mis pour « drames », on accorde donc « vécus » puisque le COD est situé avant le participe passé.

    (Les drames) qui se sont succédé sans répit : le verbe «succéder » ne peut être transitif direct (on ne peut « succéder » quelque chose). Il ne peut donc avoir de COD, son participe passé est invariable (même si le correcteur automatique de Word propose l’accord).

    Les mauvais hasards qui se sont acharnés : « acharner » est un terme de fauconnerie qui signifie « lancer le faucon sur la chair ». Le verbe « s’acharner » fait partie des verbes pronominaux non réfléchis : leur participe passé, à la voix pronominale, s’accorde avec le sujet. En voici la liste : s’acharner, s’achopper, s’approprier, s’attacher à, s’attaquer, s’attendre, s’aviser, se douter, s’échapper, s’ennuyer, se jouer, se plaindre, se prévaloir, se refuser à, se résoudre à, se ressentir de, s’en retourner, se saisir, se servir, se taire.

    Les affres que vous avez subies : le participe passé « subies » s’accorde avec le pronom relatif « que » COD de « avez subies », « que », pronom relatif, remplace « affres », féminin pluriel. Les affres sont les angoisses.

    Brûlure : un accent circonflexe sur le « û ».

    De tableau en tableau : au singulier car à aucun moment une liaison supposant le pluriel n’a été effectuée.

    Quelles que soient vos arabesques colorées : « quelles » et « colorées » s’accordent avec « arabesques », féminin pluriel.

    Au-dessus des ténèbres vaincues : « vaincues » s’accorde avec « ténèbres », féminin pluriel.

    Dans votre maison bleue : « bleue » s’accorde au féminin pluriel avec maison.

    Coyoacán ou Coyoacan : quartier de Mexico qui se trouvait à l’époque précolombienne au bord du lac de Texcoco.

    Aux nuances bleu clair : lorsqu’un adjectif de couleur est accompagné d’un adjectif qualificatif pour désigner une seule couleur, on ne les accorde pas avec le nom qu’ils qualifient, on ne les réunit pas par un trait d’union.

    Bleu-vert : lorsqu’un adjectif de couleur est accompagné d’un autre adjectif de couleur pour désigner une seule couleur, on ne les accorde pas avec le nom qu’ils qualifient, et on les réunit par un trait d’union.

    Rappel : les adjectifs de couleur (bleu, vert, jaune, etc.) s’accordent en genre et en nombre avec le nom qu’ils qualifient, sauf les adjectifs issus d’un nom commun : des robes orange, des yeux marron, des écharpes prune, des gants moutarde, etc.

    Six exceptions

    Six noms de couleur issus d’un nom varient comme les adjectifs : écarlate, mauve, pourpre, incarnat, fauve et rose.

    Où résonnent encore vos agapes animées : « animées » s’accorde avec « agapes », féminin pluriel. « Agape » : le repas en commun. Ce terme vient du grec « agapê » : amour, tendresse, réunion ou repas amical.

    Avec Trotski : un « i » en français, un « y » en anglais…

    Trotski (Lev Davidovitch Bronstein, 1879 – 1940).
    L’orthographe Trotski, la plus proche de la forme russe, est employée par François Furet, Martin Malia, Boris Souvarine, Hélène Carrère d’Encausse, dans des dictionnaires Robert et Larousse.
    L’orthographe Trotsky (plus répandue en anglais) est utilisée par Nicolas Werth (Histoire de l’Union soviétique), Gilles Martinet (Les Cinq communismes), Pierre Naville (Trotsky vivant).
    Elle est employée par ses biographes Pierre Broué, Isaac Deutscher, Robert Service, Victor Serge et Jean-Jacques Marie.

    Dans votre signature passent les colères de Pancho Villa : « passent » s’accorde avec le sujet inversé « colères ».

    Pancho Villa (1878 – 1923) est un révolutionnaire mexicain.

    Celles d’Emiliano Zapata : « celles » remplace « colères », féminin pluriel.

    Emiliano Zapata (1879 – 1919) est un révolutionnaire mexicain.

    Teotihuacán : l’accent n’est pas obligatoire car il témoigne d’une graphie plus espagnole que nahuatl.
    Teotihuacán se situe à cinquante km au nord-est de Mexico.

    Tenochtitlán : l’accent n’est pas obligatoire non plus. Tenochtitlan est l’ancêtre de Mexico. Tenochtitlan fut fondée en 1325 et tomba en 1521 aux mains de Cortès.

    Mexicains ou Français : une majuscule, ce sont deux noms propres.

    En ces temps où votre force eût été si précieuse : « eût été » est le conditionnel passé 2e forme du verbe être. On peut lui substituer un conditionnel passé 1e forme : en ces temps où votre force aurait été si précieuse. On met donc un accent sur le « û » de «eût été », on fait ainsi la différence avec « eut été », passé antérieur du verbe être.

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