• Alphonse Allais, à se tordre…

    by  • 28 mars 2014 • Extraits • 0 Comments

    Paysage suisse.

    Paysage suisse.

     

     

    Contemporain de Jules Renard, né à Honfleur,  le même jour et la même année qu’Arthur Rimbaud (20 octobre 1854) qu’il n’a jamais rencontré – c’eût pourtant été salutaire au grand Arthur, bien sombre dans son enfer – Alphonse Allais nous a laissé le plus bel héritage qui soit, celui du sourire. En voici quelques déclencheurs que vous pouvez intégrer dans votre mémoire vive, celle qui intervient dès que vous tombez dans la compagnie pesante d’une mémoire terne :

    Citez l’auteur

    Quand on ne travaillera plus les lendemains des jours de repos, la fatigue sera vaincue.

    Il est toujours avantageux de porter un titre nobiliaire :  être «de quelque chose» ça pose un homme, comme être «de garenne» ça pose un lapin.

    Il y a des moments où l’absence d’ogres se fait cruellement sentir.

    Le comble de l’erreur géographique : croire que les suicidés sont les habitants de la Suisse.

    Le comble de la distraction en se réveillant le matin : ne pas penser à ouvrir ses yeux.

    Il faut prendre l’argent où il est : chez les pauvres. Bon, d’accord, ils n’ont pas beaucoup d’argent, mais il y a beaucoup de pauvres…

    Entendu de mes propres yeux: -C’est étonnant comme les frères Lyonnet se ressemblent ! -Oui, surtout Anatole

    La mer est salée parce qu’il y a des morues dedans. Et si elle ne déborde pas, c’est parce que la Providence, dans sa sagesse, y a placé aussi des éponges

    On ne plaisante pas avec la mort…

    Alphonse Allais – auteur de  À se tordre (1891), Vive la vie (1892),  Amours, délices et orgues (1898), Captain cap (1902) – plaisante avec tout, sauf avec la mort : le vendredi 27 octobre 1905, il annonce à ses amis que le lendemain, il sera mort. On ne le prend pas au sérieux. On a tort. Le samedi 28, au petit matin, la mort et une embolie pulmonaire sont au rendez-vous…

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    Alphonse Allais est l’auteur de vers holorimes que vous allez trouver dans cet exercice tiré du Cahier de culture générale publié en 2010 :

    Sous votre dictée…

     

    Savez-vous ce que sont les vers holorimes ? Décomposons le mot : « holo » signifie entier, « rimes » désigne le même son à la fin des vers. Dans les vers holorimes, tous les mots de la première ligne riment avec les sons de la deuxième ligne. Lisez par exemple à haute voix ces deux vers holorimes de Victor Hugo : on a l’impression que vous dites deux fois la même chose, et pourtant, dans le deuxième vers, les mots sont complètement différents. Votre rôle consiste à écrire en toutes lettres, et selon les cas, la première ou la deuxième ligne de chacun des vers holorimes qui suivent

     

    Un exemple

     

    Au café de la paix, grand-père, il se fait tard
    Oh ! Qu’a fait de la pègre en péril ce fêtard ?

     

    C’est à vous…

     

    1 – L’araignée (Victor Hugo)

    Et ma blême araignée, ogre illogique et las

     

    2 – L’effroi (Alphonse Allais)

    Par les Bois du Djinn, où s’entasse de l’effroi,

     

    3 – Dante (Alphonse Allais)

    Ah ! Vois au pont du Loing, de là, vogue en mer Dante.

     

    4 – La tour (Marc Monnier)

    Gall, amant de la Reine, alla, tour magnanime,

     

    5 – Hébreux (Victor Hugo)

    Ô, fragiles Hébreux ! Allez, Rebecca, tombe !

     

    6 – Dais (Charles Cros)

    Danse, aime, bleu laquais, ris d’oser des mots roses.

     

     

    7 – Lasse (Louise de Wilmorin)

    Étonnamment monotone et lasse

     

    8 – Prélat (Luc Etienne)

    Danse, prélat ! L’abbé t’apprit l’air en plain-chant

     

    9 – Au quai (Alphonse Allais)

    Aidé, j’adhère au quai, lâche et rond je m’ébats
    Et déjà des roquets lâchés rongent mes bas

     

    10 – Dix sous (Lucien Reymond)

    L’annonceras-tu, eh, ami : « Dix sous l’attente ! »

     

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