• Dominique Sampiero

    by  • 15 janvier 2014 • Poème quotidien • 0 Comments

    "Automne à Louveciennes". Alfred Sisley (1839 - 1899)

    « Automne à Louveciennes ».
    Alfred Sisley (1839 – 1899)

    Sampiero approche êtres et choses, aubes et nues, bêtes et fleuves, avec l’exquise politesse des héritiers de grandes familles. Grandes familles ? Bien sûr qu’il ne s’agit pas de celles qui s’enfermaient dans des cuirasses ou des dentelles pour parader devant le miroir des âges. Dominique Sampiero est l’héritier majeur de la grande famille des mots, de celle des mirages qu’on célèbre comme des châteaux, de celle encore de la flaque d’eau où le pas se découvre des infinis d’automne. C’est assez dire combien Sampiero, pseudonyme de Jean-Claude Lefèbvre, né en 1954 dans le Nord, enseignant et scénariste avec Bertrand Tavernier – Ca commence aujourd’hui, 1999 -, essayiste, poète en tout ce qu’il décide, pense ou respire, peut nous conduire au-delà de nous-mêmes, où nous n’osons aller parce qu’il nous faudrait un guide victorieux des abîmes, un guide comme Sampiero que voici :

     

     

    La parole est inquiétante en cela qu’elle dérobe

    ce dont elle semble nous convaincre. Mais il faut

    à chaque fois donner une forme, inventer un achèvement, dans la honte de ne savoir rien faire d’autre.

    Évidemment ce sont les lèvres, la forêt, l’écluse,

    et on y entre à ne répéter que soi, à faire des

    gestes maladroits, à tourner comme un derviche, à

    heurter chaque fois son corps aux parois, en se

    blessant, il fait si blanc dans ce ventre.

    Mais cela n’apaise, ne résout rien. Ces lèvres-là

    sont muettes, elles sont comme une ride à la surface

    de l’eau.

    On murmure, on résonne, on ne franchit jamais le

    seuil.

    La branche n’a pas grand-chose à dire mais sa

    parole sent le lilas.

     

    La claire audience (Cherche-midi)

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