• On prépare une dictée avec Anna ?

    by  • 2 décembre 2013 • Une règle par jour • 0 Comments

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    Anna Gavalda – Dernier roman publié (excellent, comme les précédents) : Billie, aux éditions Le Dilettante.

    Extrait de « La Dictée pour les Nuls », éditions First, 2011, préface d’Anna Gavalda.

     

    Paulette

     

    Paulette n’était pas si folle qu’on le disait. Bien sûr qu’elle reconnaissait les jours puisqu’elle n’avait plus que ça à faire désormais. Les compter, les attendre, et les oublier. Elle savait très bien que c’était mercredi aujourd’hui. D’ailleurs, elle était prête ! Elle avait mis son manteau, pris son panier et réuni ses coupons de réductions. Elle avait même entendu la voiture au loin… Mais voilà, son chat était devant la porte, il avait faim et c’est en se penchant pour reposer son bol qu’elle était tombée en se cognant la tête contre la première marche de l’escalier.

    Paulette tombait souvent, mais c’était son secret. Il ne fallait pas en parler, à personne.

    Il fallait se relever lentement, attendre que les objets redeviennent normaux, se frictionner avec du Synthol et cacher ces maudits bleus.

    Les bleus de Paulette n’étaient jamais bleus. Ils étaient jaunes, verts ou violacés et restaient longtemps sur son corps. Bien trop longtemps. Plusieurs mois quelquefois…

     

    Anna Gavalda, Ensemble, c’est tout, Éditions Le Dilettante

     

    Quelle histoire !

    Ce sont les premières lignes du roman. Paulette va-t-elle se relever ? L’attend-on quelque part encore ? Oui, peut-être… Peut-être Franck, son petit-fils, l’as du piano dans les cuisines ; ou bien Camille, la solitaire sur les frontières de son propre souffle. Et pourquoi pas Philibert aux bonnes manières. Quatre grands cœurs, des brouillons de bonheur…

     

    Clair, le vocabulaire !

    Se frictionner avec du Synthol : le Synthol est une préparation à base d’alcool, de menthol et de chloral, mise au point par un pharmacien d’Orléans, le docteur Roger. En 1921, elle fut achetée et promue par un aventurier de la presse qui avait fait fortune dans l’affaire du canal de Panamá : Bunau-Varilla. On affirmait alors que le Synthol guérissait de tout. Aujourd’hui, on dit plutôt que le Synthol soulage, ce qui n’est pas si mal…

     

    Gaffe à l’orthographe !

    Accents

    Bien sûr : sûr, lorsqu’il signifie certain, prend un accent circonflexe. L’adjectif sur (acide, aigre, âcre ou piquant) n’en prend pas : des pommes sures.

    Ça, çà : ça signifiant cela ne prend pas d’accent grave (cela non plus). Çà avec un accent signifie ici, son emploi est vieilli : on ne dit plus : Viens çà ! mais Viens ici ! On le rencontre cependant dans l’expression çà et là.

     

    La grammaire ? On gère…

    Les adjectifs de couleur

    Ils étaient jaunes, verts ou violacés : les adjectifs de couleur (jaune, bleu, vert, etc.) prennent le genre et le nombre du mot qu’ils qualifient : Des chaussettes rouges.

    Si l’adjectif de couleur est issu d’un nom commun, il est invariable :

    Des yeux marron, des jupes orange (de la couleur de l’orange), des escarpins ardoise, des collants caramel, des chemisiers pistache, des chapeaux prune et des vestes garance…

    Cependant certains noms sont assimilés à des adjectifs et donc s’accordent avec le nom qualifié. Ce sont : écarlate, mauve, pourpre, incarnat, fauve, rose.

    Un truc pour les retenir ? Prenez la première lettre de chacun d’eux, dans l’ordre, cela donne : EMPIFR. Et voilà !

     

    Tout bon, en conjugaison !

    Elle avait mis : le temps employé ici est le plus-que-parfait du verbe mettre, composé de l’auxiliaire avoir à l’imparfait, suivi du participe passé. On trouve la dernière lettre du participe passé en le mettant au féminin : mise. Ici, il n’est pas accordé au féminin, on enlève le « e », on conserve le « s » : mis.

     

    La règle du jour

    Les adjectifs de couleur s’accordent avec le nom qualifié, sauf ceux qui sont issus d’un nom commun – excepté écarlate, mauve, pourpre, incarnat, fauve, rose.

     

    Le truc à retenir

    Écarlate, mauve, pourpre, incarnat, fauve, rose : EMPIFR.

     

    L’erreur à éviter

    Des yeux marron (et non marrons, ce qui provoquerait des bogues dans la vision).

     

    Conseil de prof, conseil de pro !

    On ne peut pas tout savoir. Mais si on choisit un thème, un sujet précis, on peut en devenir le spécialiste. Vous pouvez ainsi être reconnu par vos proches, vos pairs, vos grands-pères ou vos grand-mères, comme le spécialiste de l’accord du participe passé, à condition que vous ayez passé le temps nécessaire pour en maîtriser toutes les subtilités (un mois, ou six mois, qu’importe, tous les champions savent que la réussite est une question de travail et de temps !). Ou bien vous serez l’incollable des adjectifs numéraux cardinaux, le grand maître de l’accord des adjectifs de couleur. On saura qu’on peut compter sur vous, on reconnaîtra votre compétence, peut-être même à plus d’un titre…

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