« Cent poèmes entre chiens et loups », en librairie le 3 octobre
by jjj • 10 octobre 2013 • JJJ dans les Salons, Poésie, Ses livres • 0 Comments
« Cent poèmes entre chiens et loups » (éditions Omnibus) sort en librairie.
Poèmes de Charles Baudelaire, Victor Hugo, Joachim Du Bellay, Robert Desnos, Norge, Roland Halbert, François Coppée, Claude Roy, Tristan Corbière, Maurice Rollinat, Khalil Gibran, Paul Eluard, René Guy Cadou, Pierre Menanteau, Bernard Ripoche, Jean de La Fontaine, Alphonse de Lamartine, Max Jacob, Sandrine Rotil-Tiefenbach, Thierry Clermont, Dominique Chipot, Jean-François Dubois, Lord Byron, Gustave Le Vavasseur, Pierre Vavasseur, Francis Jammes, Françoise Moreau, etc.
4e de couv. :
« Entre chien et loup », c’est l’heure où le premier repose entre ses pattes fatiguées du jour son museau oblique, où le second tend déjà vers le ciel son cou d’affamé, et s’apprête à traverser ses royaumes sous la lune.
« Entre chiens et loups », voici cent poèmes qui disent des premiers la fidélité, la douceur, la tendresse, l’amour ; et des seconds le mystère, la grandeur, la liberté. Tout cela en partage avec nous-mêmes. Tout cela à notre image.
JJJ
Introduction « Cent poèmes entre chiens et loups »
Un temps de chien, un caractère de chien, une vie de chien… Attention, votre chien vous regarde ! Lisez-lui alors ces trois expressions, puis, dans le silence de vos deux présences, peut-être au coin du feu ou de la télé qui l’a remplacé – et nous fait voir le monde qui flambe -, laissez votre regard aller jusqu’au sien, s’y installer dans cette union mystérieuse où circule en même temps de la tendresse étonnée, des éclairs taquins, de la confiance, une bonté immense, tout cela contenu dans ce qui pourrait s’appeler la pensée. Mais, on le sait, ou du moins, ceux qui n’ont jamais connu de chien le disent : un chien, ça ne pense pas. Vous avez raison, un chien ne possède pas cette infirmité.
Au fond de vous, dans ce recoin secret de l’âme où se croisent sans mots et sans phrases tous les langages des créatures vivantes, après avoir entendu vos expressions sur le temps, le caractère et la vie, votre chien vous parle… Un temps de chien ? Que dis-tu ? Ne m’as-tu jamais vu, moi ou mon frère d’instinct, dans les champs sous l’averse, poursuivre un lièvre que toi ou ton semblable traquait ? Acculer un cerf sous l’orage ? Ne connais-tu pas mon cousin husky, plus heureux qu’un loup même dans la neige qui te transit ?
De qui parles-tu quand tu dis « un caractère de chien » ? De moi, vraiment ? Ou de toi ? Moi, je jappe, je cours, je saute quand je te vois, je te dis à ma façon que tu m’as manqué. Ce n’est pas toi qui en ferais autant ! Heureusement, car ton entourage s’inquiéterait… Mais tu pourrais moins économiser tes caresses quand les soucis rendent ton cou si raide que ta tête ne se penche même plus sur ma petite présence… Je t’obéis en tout, je te suis, je te sors, je m’inquiète quand tu n’es pas là, je te guette, et si tu ne revenais pas, je te guetterais encore, abattu, sans forces, jusqu’à la fin de mes jours, tu le sais. Et toi, si je disparaissais, un autre chien me remplacerait. Tout simplement.
« Une vie de chien »… Peut-être. Peut-être qu’en des temps, en des lieux que je ne connais pas, on a traité les miens de moins que rien, on les a frappés, on les a privés de nourriture, ils ont dépéri, ils ont alors pris un air contrit, pauvrement soumis… Peut-être qu’on les avait alors pris pour des hommes tellement entre vous, vous nous surpassez en férocité.
Eh bien, vous voilà rhabillé pour l’hiver ! Quelle idée, aussi, de mettre sur le dos du chien le pire du temps ou de la vie ! Un long regard encore et vous sentez qu’il s’inquiète d’avoir déplacé vos idées toutes faites. Vite, parlez-lui de poésie…
Dites-lui que depuis des siècles, la plume des poètes les aime et les choie, les entoure de pleins et de déliés dont les boucles souples simulent les plus douces des caresses. Citez-lui sans attendre Jeanne-Marie Roland de la Platière, dite Manon Roland, poète à ses heures, qui écrivait à quelques mois de l’échafaud : « Plus je vois des hommes, plus j’admire mon chien ». Lisez-lui la promenade philosophique du père Hugo suivi de son chien Ponto :
« Le chien, c’est la vertu
Qui, ne pouvant se faire homme, s’est faite bête.
Et Ponto me regarde avec son œil honnête. »
Montrez-lui comment jouent Jean-Claude Busch et son Médor, comment, en Carême, un enfant mange son pain. Dites-lui lentement Boatswain de Lord Byron, Botswain :
« … qui possédait la Beauté sans la Vanité,
La Force sans l’Insolence,
Le Courage sans la Férocité,
Et toutes les vertus de l’Homme sans ses Vices. »
Parlez-lui d’Argos, le chien d’Ulysse, qui mourut de joie en retrouvant son maître sur l’île d’Ithaque et sous la plume de François Ponsard. Remarquez avec lui ce joyau de mots dont Rafale Alberti entoure les yeux de son chien Niebla :
« …le tabac innocent, naïf, de ton regard »
Contez-lui à mi-voix l’histoire de son ancêtre, celui qui jamais ne tendit à l’homme sa papatte en signe de paix et de fidélité, cet ancêtre lointain qui peuple encore les forêts de légende et la mémoire des grands chasseurs. Parmi eux, Vigny et son récit poignant, « La Mort du loup » dont tout le monde ou presque est capable de réciter la fin :
« …Gémir, pleurer, prier, est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t’appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. »
Détendez-le au moyen du coquin Lupo de Thierry Clermont (vite, allez lire…). Laissez-vous aller tous les deux à d’étranges images de louves lascives ensuite avec Huysmans, avant de suivre la Fontaine sur les traces du loup et du chien qui devisent :
« …Il ne tiendra qu’à vous beau sire,
D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim… »
Partez en chasse enfin, puisque c’est le destin du chien. Assistez à la curée du sanglier avec Auguste Barbier, écoutez la voix du cor avec Banville, perdez-vous dans la nuit avec Sandrine Rotil-Tiefenbach, vous connaîtrez enfin l’identité des étoiles. Puis préparez-vous aller à l’adieu à votre compagnon, puisque tout jeune, il partira…
« Entre chien et loup », c’est l’heure où le premier repose entre ses pattes fatiguées du jour son museau oblique, où le second tend déjà vers le ciel son cou d’affamé, et s’apprête à traverser ses royaumes sous la lune.
« Entre chiens et loups », voici cent poèmes qui disent des premiers la fidélité, la drôlerie, la tendresse, l’amour ; et des seconds le mystère, la grandeur, la liberté. Tout cela en partage avec nous-mêmes. Tout cela à notre image.
Jean-Joseph Julaud