• Lorsque l’enfant paraît… Victor Hugo

    by  • 14 août 2013 • Poème quotidien • 0 Comments

    Léopoldine Hugo (1824 - 1843)  le jour de sa première communion en 1836,  par Auguste de Châtillon (1808 - 1881).

    Léopoldine Hugo (1824 – 1843) le jour de sa première communion en 1836, par Auguste de Châtillon (1808 – 1881).

    Aux antipodes de cette future confidence d’Alphonse Allais (1854 – 1905) : « Il y a des jours où l’absence d’ogre se fait cruellement sentir », Hugo écrit ce poème qui traduit son amour des enfants en général, celui des siens en particulier et surtout de Léopoldine. Dès le moindre bobo, il fait appeler le médecin. Il craint surtout le croup, autre nom de la diphtérie, dont beaucoup d’enfants meurent à l’époque ; et pour le prévenir, il fait avaler à Léopoldine un litre d’eau chaude par jour, ce qui tire bien des larmes (chaudes) à la pauvre enfant.

     

    Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille

    Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille

    Fait briller tous les yeux,

    Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,

    Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,

    Innocent et joyeux.

     

    Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre

    Fasse autour d’un grand feu vacillant dans la chambre

    Les chaises se toucher,

    Quand l’enfant vient, la joie arrive et nous éclaire.

    On rit, on se récrie, on l’appelle, et sa mère

    Tremble à le voir marcher. (…)

     

    Il est si beau, l’enfant, avec son doux sourire,

    Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,

    Ses pleurs vite apaisés,

    Laissant errer sa vue étonnée et ravie,

    Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie

    Et sa bouche aux baisers !

     

    Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j’aime,

    Frères, parents, amis, et mes ennemis même

    Dans le mal triomphants,

    De jamais voir, Seigneur ! l’été sans fleurs vermeilles,

    La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,

    La maison sans enfants !

     

    Victor Hugo – Les Feuilles d’automne, 1832

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