• Entrez dans la ronde avec Verlaine

    by  • 16 août 2013 • Poème quotidien • 0 Comments

     

    Nymphéas, Claude Monet (1840 - 1926)

    Nymphéas, Claude Monet (1840 – 1926)

    Extrait de La Poésie française pour les Nuls – éditions First, 2010.

    Des répétitions comme des incantations, des réflexes de mise en chanson, des techniques de danse, de sarabande, de ronde, de valse… Ces décasyllabes à rimes plates se décomposent en deux hémistiches de cinq syllabes qu’on lit ou qu’on se dit à la façon d’une marche qui séduit et emporte l’esprit.

    Plaisir de lire

     

    Promenade sentimentale

    Le couchant dardait ses rayons suprêmes

    Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;

    Les grands nénuphars entre les roseaux

    Tristement luisaient sur les calmes eaux.

    Moi j’errais tout seul, promenant ma plaie

    Au long de l’étang, parmi la saulaie

    Où la brume vague évoquait un grand

    Fantôme laiteux se désespérant

    Et pleurant avec la voix des sarcelles

    Qui se rappelaient en battant des ailes

    Parmi la saulaie où j’errais tout seul

    Promenant ma plaie ; et l’épais linceul

    Des ténèbres vint noyer les suprêmes

    Rayons du couchant dans ses ondes blêmes

    Et les nénuphars, parmi les roseaux,

    Les grands nénuphars sur les calmes eaux.

     

    Paul Verlaine – Poèmes saturniens, 1866

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