• Xavier Grall, à l’Ondine…

    by  • 18 juillet 2013 • Poème quotidien • 0 Comments

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    Extrait de La Poésie française pour les Nuls, éditions First, 2010.

    C’est l’histoire d’un fils de la terre des Monts d’Arrée qui s’en va en guerre dans le Djebel, en revient marqué, blessé dans sa pensée, meurtri, et qui le dit, l’écrit. D’abord journaliste à Paris, il retrouve ses Monts aimés, en devient le barde qui gronde, s’encolère, pourtant paisible au grand cœur. Xavier Grall né en 1930 à Landivisiau est mort à Quimperlé en 1981. Son écriture possède de la Bretagne la découpure acérée des rivages, la souplesse et l’harmonie des monts qui succèdent aux monts, façonnés par une main géante qui dirige le chant du monde. Et le chant de Grall en fait partie :

    Amour Kerné

    à l’Ondine

     

    Je te prendrai dans l’émotion des landes

    muettement tu embrasseras ma terre

    Je te prendrai dans la clarté des fontaines

    avidement je te boirai

     

    Tu portes mes amours mauves

    dans la source des prunelles

    écoute

    les ajoncs et les plantes

    vont chanter pour nous deux

    la nuit fertile, la plage fraternelle

     

    Nous referons cette Cornouaille mortelle

    secrètement

    dans le lit des hautes herbes

    je te prendrai dans la grange verte

    et ton corps aux semences mélangé

    concevra tout un pays de fougères

    et de genêts.

     

    Ma belle amie sur la grève allongée

    comme moi désire la mer

    laisse-toi chavirer sous le vent des navires

    dans la laine fragile des pluies

    je te prendrai encore

    tes bras ruisselant de désirs

    serreront la bruyère de mes veines

     

    Je te prendrai dans l’allée des grands chênes

    sous tes reins efface la peine des tombeaux

    il faut vaincre la mort au lever du soleil

    chaque matin prends la vie à belles mains

    dans ton regard affamé de merveilles

    recrée pour moi les paysages que j’aimais

     

    Ô femme, ma bourgade de gamines

    mon dimanche d’écolier, ma chaumine

    mon amour mauve, mon beau gilet

    brode des bleuets sur le lin des détresses

    et couvre-moi de la liesse des grands arbres

    afin que je t’aime encore, une prochaine fois

     

    Xavier Grall – La Sône des pluies et des tombes – Editions Calligrammes

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