• Saint-Pol-Roux en son manoir

    by  • 24 juillet 2013 • Poème quotidien • 0 Comments

    Le manoir de Coecilian

    Le manoir de Coecilian

    Paul-Pierre Roux, dit Saint-Pol-Roux est né près de Marseille en 1861.  Il  laisse une poésie symboliste – Mallarmé l’appelait « Mon fils » -, aussi étrange que le lieu où il s’était établi près de Camaret: le manoir de Coecilian, du nom de son fils mort au début de la guerre de 1914-1918. C’est dans ce manoir que, dans  la nuit du 23 au 24 juin 1940, un soldat allemand tue la servante du poète, blesse grièvement sa fille Divine et s’acharne contre lui qui doit être hospitalisé. Le manoir est pillé. Trente années d’écriture et de recherches disparaissent. Saint-Pol-Roux ne s’en relèvera pas. Il meurt quelques mois plus tard à Brest, le 18 octobre 1940. Un bombardement allié détruira complètement le manoir de Coecilian en août 1944. Voici un extrait du poème qu’il dédie aux pêcheurs de Camaret qui l’appelaient « Le Magnifique », ignorant qu’il avait acquis ce surnom au temps de sa jeunesse folle à Paris, de ses hardiesses dans le milieu symboliste qu’il quitta en 1898 pour les Ardennes d’abord, puis pour la Bretagne.

     

    Aux pêcheurs de Camaret

    Océan

    Divinité de houles et de houles sur des gouffres et des gouffres.

    Irascible énergie à la voix de cornoc.

    Monstre glauque, semblable à quelque énorme

    Gueule de baudroie suivie d’une incommensurable queue de congre.

    Masse mouvante avec, pour âme, cette lame sourde jaillissant en lave d’un puits abyssal.

    Epoux de la Tempête aux griffes de noroît et cheveux de suroît ?

    Génie double qui souque la victime entre vent-arrière et vent-debout.

    Démon de verre cassant des vaisseaux comme on casse des noix. (…)

     

    Saint-Pol-Roux – Aux Pêcheurs de Camaret, 1927

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