• Patrice Delbourg, lyrique ou caustique, intimiste ou désinvolte…

    by  • 18 juillet 2013 • Poème quotidien • 0 Comments

    Patrice Delbourg

    Patrice Delbourg

    Extrait de La Poésie française pour les Nuls, éditions First, 2010.

    Il prend les mots pour des balles avec lesquelles il jongle ou qu’il place avec l’application d’un chasseur de lumière dans le barillet d’un poème dirigé au hasard vers lui-même, c’est-à-dire vers les autres, pour rire en traversant la nuit. Parce que Patrice Delbourg, né en 1949, auteur de nombreux recueils où sa plume jette l’encre dans les eaux territoriales du décalage et de la provocation, est un prince de l’humour à la ligne nonchalante et sincère. Lyrique ou caustique, intimiste ou désinvolte, dans le poème ou la chronique, le journal intime ou le roman, on attend Delbourg au tournant du jeu avec les mots, et l’on joue avec lui, ravi…

     

    Photomaton

     

    un peu suicidé

    vaguement cosmonaute

    gribouilleur de nuées

    à la cognée des heures aux senteurs de goudron

    adulte par politesse

    il écoute pousser ses ongles

    petit soldat du néant que rien ne désaltère

    dos rond contre ce paquet de ténèbres

    au rien persévérant monnaie courante

    vie à la godille marelles sans enfant

    les dieux sont en radoub profession endurance

    grand remuement d’organes

    ce souffle cherché à la racine des os

    un peu de la fraîcheur des contemporains

    tandis que sous la pierre moussue pousse

    le vide qu’on voit dans l’oeil du machiniste

    -autour du nid de civelles tièdes le désespoir gagne par ippon-

    en effaçant son ombre

    il a tué le soleil

     

    haute serre du coeur tout m’est larmes

    dernier thrène il le faut

     

    in « Embargo sur tendresse », le Castor Astral

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