• En mer avec Loti

    by  • 16 juillet 2013 • Extraits • 0 Comments

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    Pierre Loti (1850 - 1923) par Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau (1844 - 1910)

    Pierre Loti (1850 – 1923) par Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau (1844 – 1910)

    Extrait de La Littérature française pour les Nuls, éditions First, 2005

    Un personnage étonnant, ce Julien Viaud, dit Pierre Loti. Grand voyageur, fantasque, excessif, ambigu, bizarre. Il faut dire que, dans la famille, on donne parfois dans l’exceptionnel : Jean Viaud, l’oncle de Julien était le mousse de la Méduse qui s’échoua au large du Sénégal, et à partir duquel on construisit le fameux radeau, peint par Géricault. Le petit mousse Jean Viaud, mourut à quatorze ans, de fièvres, au Cap-Vert.

    Une longue liste d’oeuvres

    En 1891, Émile Zola se présente pour la vingtième fois à l’Académie française. Il n’obtient aucune voix ! Toutes se sont portées comme une volée de moineaux sur le candidat Julien Viaud, plus connu sous le nom de Pierre Loti. Loti, à quarante et un ans devient  le benjamin de l’illustre assemblée ! Loti ! Quarante-deux ans de service dans la marine, dont vingt ans en mer ! Vingt années qu’il aurait pu passer à contempler la mer, le déroulement infini de sa lame, mais Loti n’a qu’une passion : écrire. La liste de ses œuvres est impressionnante. Cependant, quand on la parcourt, on se rend compte que n’apparaissent qu’un titre ou deux lorsque son nom est cité : Aziyadé, son premier roman, publié en 1879, et Pêcheurs d’Islande, paru en 1886. Le reste, près de quarante ouvrages, n’est connu que des spécialistes ou des passionnés du maître des lointaines latitudes.

    Le saviez-vous ?

    Viaud  est bien Loti

    Julien Viaud, né à Rochefort, le 14 janvier 1850, devient Pierre Loti à Tahiti, en 1872. Loti, en tahitien, signifie rose. Ainsi le baptise une suivante de la reine Pomaré, femme de Pomaré V, le dernier roi de Tahiti. Le Roman d’un spahi, publié en 1881, est le premier signé Pierre Loti.

    Le goût de l’exotisme

    Le succès de Loti en son temps est étroitement lié à la mode de l’exotisme qui saisit les lecteurs de la fin du XIXème siècle – leur regard s’est tourné vers ces pays lointains que Jules Ferry a fortement conseillé de coloniser afin de placer  des capitaux, et de soulager le pays des déclassés et des marginaux… Les titres de Loti disent assez combien il répond à l’imagination voyageuse des acheteurs d’aventures : Les Trois dames de la Kasbah (1884), Fantôme d’Orient (1892), Le Matelot (1893), Les derniers jours de Pékin (1902), L’Inde sans les Anglais (1903), Un Pèlerin d’Angkor (1912), La Turquie agonisante (1913), etc.

    Allons plus loin

    Yann a plu

    Du port de Paimpol, les pêcheurs appelés les Islandais partent chaque saison vers le Nord afin de ramener la morue. Gaud, la fille d’un riche commerçant, a vécu à la ville et rentre dans le petit port afin d’aider son père, un riche commerçant. Un pêcheur pauvre mais fort courageux, Yann lui plaît infiniment. Elle en tombe amoureuse. Il semble ne rien voir de la passion muette que lui porte la jeune fille dont le père meurt. Les deux jeunes gens se rencontrent dans la lande, et finissent par s’avouer leur amour. Leur bonheur ne dure qu’une semaine : Yann part pour la pêche et ne reviendra pas. Telle est la triste histoire de Pêcheurs d’Islande ! Cette fois vous savez tout !

    La caverne d’Ali-Baba

    L’homme Loti est singulier. Il adore se travestir, ses meubles sont remplis de toutes sortes de vêtements exotiques. Il organise de grandes fêtes à thème. Le 12 avril 1888 est par exemple consacré à Louis XI. Loti s’est vêtu d’un surcot violet à revers d’hermine. Il a fait construire et installer un dais magnifique sous lequel il siège, royal – et ressemblant : de Louis XI, il possède la petite taille et la minceur ! Cette fête se déroule dans sa maison de Rochefort, une sorte de caverne d’Ali-Baba ou de palais des Mille et une nuits, tant les objets et la décoration évoquent un Orient dont il est le familier. Il a même installé, dans l’un de ses salons, une sorte de mosquée ! Les repas qu’il fait servir à ses amis sont pantagruéliques, spécialement préparés par des maîtres-queux venus de Paris… Bref, Loti aime se donner en spectacle, se divertir d’une idée qui l’obsède : celle de la mort qui le saisira le 10 juin 1923, à Hendaye.

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