• 14 juillet 1789 : « À la Bastille ! »

    by  • 14 juillet 2013 • Jadis ou naguère • 0 Comments

     

    14 juillet 2013, la Patrouille de France survole Paris.

    14 juillet 2013, la Patrouille de France survole Paris.

    Henri IV défilait sur le Pont-Neuf...

    Henri IV défilait sur le Pont-Neuf…

     

    ...et la Garde républicaine dans la rue.

    …et la Garde républicaine dans la rue.

     

    Acte révolutionnaire, la prise de la Bastille répond aussi à un réflexe de peur : les Parisiens se savent encerclés par des soldats dont ils ignorent les intentions : ils vont alors tenter de trouver des armes pour se défendre. La prise de la Bastille va avoir dans toute l’Europe un retentissement considérable : les philosophes allemands et anglais de l’époque considèrent cet événement comme le triomphe des idées nouvelles, la fin d’un monde.

    Trente mille hommes armés encerclent Paris

    Louis ! Louis XVI ! Louis Capet ! Que faites-vous ? Des troupes se massent autour de Paris, autour de Versailles ! Plus de trente mille hommes en armes. Déjà, lorsque Mirabeau a lancé sa fameuse réplique où il est question des baïonnettes, elles étaient là, ces baïonnettes, dehors, prêtes à entrer en action, contre les poitrines des représentants du peuple. Bien sûr, il faut comme vous le dites, protéger les députés, mais à ce point, est-ce raisonnable ? Bien sûr, l’agitation dans Paris est inquiétante, et même l’armée n’est pas sûre ! Voilà pourquoi, Louis, vous avez demandé à des mercenaires suisses et  allemands de cerner les villes où l’inquiétude progresse en même temps que la démocratie. Des bruits courent : les aristocrates ont ourdi un complot, Marie-Antoinette et les princes en sont la tête pensante ! L’assaut va être donné contre la capitale !

    9 juillet : l’Assemblée nationale se proclame constituante

    Il faut faire vite ! Le 7 juillet 1789, à l’Assemblée nationale, un comité de trente membres est chargé de préparer la constitution. Le 8 juillet, cette commission demande au roi  – sur les conseils de Mirabeau – d’éloigner les troupes massées autour de la capitale. Le souverain répond par un non ferme. En fait, il écoute, à Versailles, la vieille garde, celle des princes, cette vieille France de dix siècles aux jambes trop lourdes pour avancer ! Le 9 juillet, l’Assemblée nationale se proclame Assemblée constituante. C’est une décision lourde de sens : cela signifie qu’elle ne reconnaît plus au roi son pouvoir, et que ce pouvoir est aux mains des élus du peuple ! Le 9 juillet 1789, l’Ancien Régime n’est plus !

    Une anecdote

    « Prenons tous des cocardes vertes ! »

    Que faire ? se demande Louis. La reine et les courtisans le poussent à congédier Necker, le populaire Necker. Son renvoi mettrait le feu aux poudres. Necker est quand même renvoyé le 11 juillet. Dès le lendemain, Camille Desmoulins, un familier de Mirabeau, un ancien condisciple de Robespierre à Louis-le-Grand, harangue la foule qui s’est assemblée dans le jardin du Palais-Royal : « Aux armes ! Prenons tous des cocardes vertes, couleur de l’espérance ! Ils ont renvoyé Necker ! C’est une Saint-Barthélemy des patriotes qui se prépare ! Arrachons les feuilles de marronniers, formons-en une cocarde en signe de ralliement ! Je vous appelle, mes frères, à la liberté ! » Piètre orateur – il est bègue – mais excellent bâtisseur de discours, Desmoulins n’a pas de mal à convaincre la foule qui se précipite dans les jardins des Tuileries. La troupe charge mais ne parvient pas à disperser les manifestants. Le 13 juillet, 40 barrières de l’octroi de Paris sont pillées, saccagées et incendiées. Partout, on cherche des armes : la grande crainte est que le roi donne à la troupe qui entoure Paris l’ordre d’attaquer ! Il est trouvé trois cent soixante fusils à l’Hôtel de Ville. À l’aube du 14 juillet 1789, un fourrier nommé Labarthe crie : « Il y a des armes à la Bastille ! »

    « À la Bastille ! »

    « À la Bastille ! À la Bastille ! » Près de mille Parisiens se dirigent vers cette construction vieille de plus de quatre cents ans, où le roi fait emprisonner, par lettres de cachet, dans des conditions extrêmement confortables, des fous, des faussaires ou des fils de famille. Les prisonniers y emportent leurs meubles, y reçoivent comme chez eux, la nourriture y est excellente ! Peu utilisée, la Bastille doit être détruite, d’autant plus que ce n’est pas un chef d’œuvre d’architecture. Ce que les Parisiens désirent, ce sont les trente mille fusils qui y sont entreposés, et les canons installés sur ses tours. Quatre-vingt-deux invalides et trente-deux Suisses la défendent. Et dans les magasins, sont entreposés cent vingt cinq barils de poudre. Le pont-levis a été relevé, mais à coups de hache, deux hommes parviennent à briser les chaînes qui le libèrent. Les assiégeants se précipitent alors dans la cour de la Bastille. À ce moment seulement, le gouverneur, le marquis Bernard de Launay, constatant que les Parisiens sont armés, fait tirer une décharge de mousquets. Les premiers rangs tombent.

    Une bataille

    Deux fous, quatre faussaires, un débauché…

    C’est la stupeur chez les assaillants ! Alors, un cri s’élève : « Trahison ! La Bastille tire sur ses Parisiens ! » L’assaut va reprendre dans l’après-midi, mais les invalides décident de se rendre. Launay, menace dans un premier temps de tout faire sauter, mais il se rend aussi, sur la promesse que toute sa garnison et lui-même auront la vie sauve. Les portes sont ouvertes. Les assiégeants se ruent  alors dans la cour, tuent et pendent des invalides et des Suisses. Ils s’emparent de Launay pour le conduire à l’hôtel de Ville, mais en cours de route, ils l’assassinent et lui coupent la tête qu’ils installent au bout d’une pique. Toute la troupe arrive à l’Hôtel de Ville où le prévôt des marchands, Flesselles subit le même sort que Launay. Un cuisinier ivre, nommé Desnots, assure le découpage des victimes dont les entrailles vont être portées en triomphe, et même consommées, dans un Paris plutôt interloqué par ces atrocités. Dans la capitale, circulent librement les prisonniers de la Bastille qui ont été libérés : quatre faussaires, deux fous, un débauché…

    Une anecdote

    « Non, sire, c’est une révolution ! »

    14 juillet 1789. Il fait nuit à Versailles. Louis XVI s’est endormi après quelques heures de chasse. Comme à l’accoutumée, il a mis à jour le carnet où il note ce qu’il a rapporté. Ce jour-là, il est revenu bredouille. Il a écrit : « Rien ». Le grand-maître de la garde-robe, le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, l’un des chefs de l’aristocratie libérale, apprend dans la nuit ce qui s’est passé à Paris. Il décide de réveiller le roi : « Sire, la Bastille a été prise ! » « La Bastille ? Prise ? » répond Louis XVI qui sort difficilement de son sommeil. « Oui, sire, prise par le peuple. Le gouverneur a été assassiné, et puis Flesselles. Leurs têtes ont été portées dans la ville, au bout d’une pique… » « Mais, c’est une révolte ! » s’écrie Louis XVI qui semble sortir d’un songe de mille ans. Et Liancourt de lui donner cette réplique fameuse qui lui était quand même servie sur un plateau royal : « Non, sire, c’est une révolution ! »

    « Le peuple a reconquis son roi ! »

    Au lendemain de la prise de la Bastille, le roi décide d’aller vers le peuple afin d’éviter d’autres débordements. Le 15 juillet, il prend soin de nommer le populaire La Fayette Commandant Général de la Garde Nationale ;  le même jour, Bailly est proclamé maire de Paris. Le 16 juillet, Louis XVI rappelle Necker. Le 17, le peuple se réunit devant l’Hôtel de Ville. La Fayette a demandé à ses troupes de porter la cocarde tricolore qu’il vient d’imaginer : le bleu et le rouge, couleurs de Paris, entourant le blanc de la royauté. La foule est nombreuse, bruyante. Soudain, le silence se fait : voici le roi ! Aussitôt qu’il arrive,  Bailly s’avance vers lui, une cocarde à la main. Le roi la prend volontiers et la met à son chapeau : « Sire, dit alors Bailly, Henri IV avait reconquis son peuple. Aujourd’hui, le peuple a reconquis son roi ! » Une immense ovation s’élève, le peuple en liesse se dit que la révolution est terminée, que son souverain va désormais agir pour le bonheur de tous ses sujets !

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