• Le secret de Félix Arvers

    by  • 15 juin 2013 • Poème quotidien • 0 Comments

    Traces-de-pas-dans-le-sable

    Sortant tout à l’heure du Cénacle de Charles Nodier, à la bibliothèque de l’Arsenal (évidemment, vous ne pouvez sortir de la bibliothèque de l’Arsenal que si vous parcourez La Poésie française pour les Nuls au chapitre 12 de la Ve partie…), vous vous êtes demandé qui pouvait bien être ce Félix Arvers, remarqué à côté de Musset dont il est presque le sosie. Vous auriez pu aussi vous demander qui il regardait… Ainsi, vous eussiez remarqué son trouble lorsque Marie, la fille de Nodier a fait une apparition dans la salle de l’Arsenal – même vous, vous ne l’aviez pas vue ! Arvers en est amoureux fou, mais, trop timide, il n’ose rien dire à sa belle. Marie épousera Jules Menessier, secrétaire au ministère de la Justice. Arvers, tout déconfit, confie à la poésie sa déconvenue, un poème dont vous connaissez sûrement les premiers vers, et que voici en entier. C’est à cette seule création qu’Arvers (1806 – 1850) doit sa célébrité, alors qu’il est aussi l’auteur de nombreuses pièces de théâtre ! La légende raconte qu’à l’agonie, il corrigea en correct « corridor », le « collidor » que venait de déformer une infirmière illettrée. Puis il mourut.

     

    Un secret

    Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :

    Un amour éternel en un moment conçu.

    Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,

    Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.

     

    Hélas ! j’aurai passé près d’elle inaperçu,

    Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire,

    Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,

    N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.

     

    Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,

    Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre

    Ce murmure d’amour élevé sur ses pas ;

     

    À l’austère devoir pieusement fidèle,

    Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle :

    « Quelle est donc cette femme ? » et ne comprendra pas.

     

    Félix Arvers – Mes Heures perdues, 1833

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