• Ce soir-là, au château de Wawel, en Pologne…

    by  • 15 juin 2013 • Jadis ou naguère • 0 Comments

    Château du Wawel à Cracovie en Pologne

    Château du Wawel à Cracovie en Pologne

     

    Extrait de L’Histoire de France pour les Nuls, éditions First, 2004.

    16 juin 1574. La nuit est sans lune ce soir-là, au château de Wawel, en Pologne. Une corde pend d’une fenêtre faiblement éclairée, au deuxième étage. La fenêtre s’ouvre. Une silhouette enveloppée de noir saisit la corde et se laisse glisser jusqu’au sol où l’attendent quelques cavaliers.  Un cheval sellé est prêt  pour l’homme en noir qui l’enfourche. La petite troupe détale au trot pour n’éveiller personne : Henri d’Anjou vient de s’échapper de son royaume de Pologne ! Il s’élance vers le sud. Derrière lui, il fait détruire les ponts afin qu’on ne le rattrape pas ! Le lendemain soir, il est à la frontière autrichienne. Le 23 juin 1574 il arrive à Vienne où il est accueilli avec faste et dépense une fortune. Puis il décide de se diriger vers le pays de sa mère, sans se presser : l’Italie ! Sa venue est annoncée à Venise. La ville lui prépare une fête grandiose. Des milliers de gondoles décorées d’or et de pourpre, des haies d’honneur, des dizaines de personnalités les plus éminentes, et le soir des feux d’artifices, des banquets, des bals, tout cela enchante Henri d’Anjou qu’il faut désormais appeler Henri III.

     

    Belle Véronica

    Et puis, toutes les Vénitiennes sont sur le pied de guerre : le nouveau souverain français est beau, il est élégant, et il dépense sans compter : à Vienne, il a laissé cent cinquante mille écus ! Henri II fait la rencontre de Véronica Franco, une rencontre favorisée par Alphonse d’Este, petit-fils de Louis XII et d’Anne de Bretagne. Véronica fait partie des courtisanes vénitiennes, des professionnelles dont on peut  trouver les noms classés par numéros dans un petit guide des plaisirs distribué dans toute l’Italie. Afin d’être reconnues, elles portent un châle jaune, châle qu’on peut repérer même à la messe qu’elles fréquentent assidûment ! Véronica est d’une grande beauté : elle a servi plusieurs fois de modèle au peintre Le Tintoret, elle est cultivée, compose des poèmes et joue du luth. Henri possède une culture étendue et raffinée.

    Le roi voleur !

    Henri et Véronica se séduisent, se plaisent tant que le roi ne veut plus quitter Venise ! Il faut que Catherine de Médicis se fâche et envoie le duc de Savoie auprès de son fils pour que celui-ci consente à rentrer ! Une consolation : il demandera l’annulation du mariage de sa maîtresse Marie de Clèves, afin de l’épouser. Le 2 septembre, il est à Chambéry où il retrouve François d’Alençon, son frère, et Henri de Navarre. Le 6 septembre, sa mère vient l’accueillir à Lyon. Les Polonais qui ont appris sa fuite sont en colère : pour eux, ce roi qui s’est enfui la nuit est un voleur qui a dilapidé leur trésor, et un traître !

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