• 30 juin 1559 : le dernier tournoi d’Henri II…

    by  • 29 juin 2013 • Jadis ou naguère • 0 Comments

     

    Devant l'hôtel des Tournelles, le tournoi fatal à Henri II

    Devant l’hôtel des Tournelles, le tournoi fatal à Henri II.

    Henri II est un passionné d’exercice physique, il adore les tournois. La paix revenue, il va s’en donner à cœur joie…

    Le Beau Ténébreux

    Jeudi 30 juin 1559. Catherine de Médicis vient de s’installer dans les tribunes qui ont été dressées devant l’Hôtel des Tournelles, rue Saint-Antoine – au niveau de l’actuel n° 62 –  à Paris pour fêter le traité de Cateau-Cambrésis. À ses côtés, sa rivale en amour : Diane de Poitiers, vêtue de noir et blanc, ses couleurs, celles du deuil qu’elle porte depuis la mort de son mari en 1532, cela fait vingt-sept ans ! Henri II, le Beau Ténébreux à la triste figure,  porte pour le tournoi les couleurs de sa maîtresse, le noir et le blanc !

    La prédiction de Nostradamus

    Catherine de Médicis est terriblement angoissée : voilà bien des années, son astrologue Luc Gauric lui a demandé d’agir de sorte que son mari évite tout combat en champ clos, surtout vers sa quarantième année. Henri a quarante ans, et il va combattre en champ clos ! De plus, Nostradamus, consulté sur l’avenir du roi, a affirmé qu’il mourrait de façon cruelle.  Ajoutez à cela que, de son troisième adversaire, Montgomery, Charles Quint a dit qu’il avait entre les deux yeux un signe néfaste qui présageait ma mort d’un prince à la Fleur de Lys, l’emblème des rois de France. Enfin, pour couronner le tout, le cheval que monte le roi s’appelle… Malheureux !

    Choc terrible !

    Le premier tournoi est lancé : Henri est vainqueur. Le deuxième est indécis : est-ce Henri, est-ce Guise qui a gagné ? On ne le sait trop. Le troisième s’engage : la lance de bois terminée par une pointe de fer, Henri lance  son cheval contre l’anglais Montgomery. Le choc est terrible, mais les deux cavaliers demeurent en selle. Il est midi, il fait une chaleur étouffante. Montgomery demande l’arrêt du combat, conservant sous son bras sa lance cassée. Le roi refuse !

    La lance dans l’œil, jusqu’à l’oreille !

    Le maréchal de Vieilleville n’a pas le temps de raccrocher la visière du casque royal : déjà Henri II s’est saisi d’une nouvelle lance et galope vers Montgomery qui, sur son cheval au galop également, lui oppose sa lance cassée. Celle-ci glisse sur l’armure du roi et pénètre dans son casque qui s’ouvre sans difficulté. Les morceaux pointus de la lance cassée entrent dans la tête d’Henri II en cinq endroits, dans l’œil, le front, la tempe. Le plus gros morceau fait dix centimètres, il est entré par l’œil droit pour ressortir par l’oreille ! La tribune se lève, Henri II s’agrippe à l’encolure de son cheval, tombe dans les bras de ses pages. Catherine de Médicis s’évanouit. On appelle Ambroise Paré, Jean chapelain, premier médecin du roi.

    Henri, Catherine et Diane sur le poêle

    Les blessures sont extrêmement graves. Dans les jours qui suivent, on fait même venir de Bruxelles, à bride abattue, André Vésale, un anatomiste flamand qui est le médecin de Philippe II d’Espagne ! Et puis, pour mieux comprendre l’état des lieux dans le royal cerveau, Ambroise paré demande qu’on exécute six condamnés à mort à la prison du Châtelet, et qu’on lui apporte leurs têtes tranchées. Consciencieusement, il enfonce dans  ces têtes des morceaux de bois comparables à ceux de la lance de Montgomery. En vain ! La blessure du roi s’envenime, il meurt le 10 juillet 1559, en fin de matinée. Sur le poêle (le drap qui couvre le cercueil) figurent  – comme à Chenonceaux –   les initiales H de Henri, et C de Catherine de Médicis, la reine. Mais en y regardant mieux, on voit surtout, dans l’entrelacs des lettres majuscules, apparaître un D, un D majestueux d’insolence et d’amour : celui de Diane !

    About

    Laisser un commentaire

    Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *