27 mai 1234, Louis IX épouse Marguerite
by jjj • 23 mai 2013 • Jadis ou naguère • 0 Comments
Extrait de L’Histoire de France pour les Nuls, éditions First, 2004
C’est un jeune homme de vingt ans, grand, maigre, blond, le visage aimable et souriant, qui prend pour épouse le 27 mai 1234 la jeune Marguerite de Provence couronnée reine quelques heures plus tard. Pendant trois jours et trois nuits, le tout nouveau mari qu’est Louis IX va demeurer en prière, respectant ainsi le commandement que l’église faisait aux jeunes mariés. Et la mariée ? Elle attend patiemment dans sa chambre. Mais, le soir du troisième jour, c’est à la vitesse d’une flèche que Louis va rejoindre Marguerite… Parce que, s’il respecte scrupuleusement toutes les périodes où l’église impose l’abstinence, en allongeant même certaines, le roi, dès qu’il se trouve libéré de toute contrainte, honore Marguerite avec une ardeur nocturne qui se poursuit même le jour. Et cette consommation diurne gêne la reine mère Blanche de Castille au point qu’elle vient tambouriner à la porte de la chambre afin que cessent les oaristys et les joutes amoureuses des époux.
Louis : une piété ardente, active, presque hargneuse…
Comment Louis IX est-il devenu Saint-Louis quelques années seulement après sa mort ? Louis est tout d’abord imprégné de l’éducation religieuse stricte et sévère qu’il a reçue de sa très pieuse mère Blanche. Il se lève même la nuit pour participer à l’office des matines. Et ce détail n’est rien par rapport au reste : il cherche dans toutes ses actions à faire des sacrifices, à se priver, se mortifier afin de contrarier les plaisirs qui pourraient le détourner de sa piété active.
Louis se fait fouetter
Par exemple, il cherche à manger ce qui est moins bon plutôt que ce qui est bon. Lorsqu’on lui apporte un plat fumant et assaisonné de délicieuses préparations, il verse dessus une grande carafe d’eau froide qui affadit tout. Il aime le vin, mais n’en boit qu’une toute petite quantité. Il n’aime pas la bière : il se force à en avaler pendant le repas. Il se soumet à de longues périodes de jeûne. Chaque vendredi, en souvenir de la mort du Christ, il se fait donner le fouet. Et il porte en permanence un cilice qui est une chemise de crin irritant sans cesse la peau !
Pas de gros mots!
Toutes ces habitudes de mortification, de pénitence sont assorties d’un comportement inhabituel pour un roi envers les pauvres ou les mendiants : il les accueille régulièrement à sa table, leur lave lui-même les pieds. Il fait distribuer des vivres aux malades. Il va même visiter un moine devenu lépreux et qui vit dans une demeure retirée. Ce moine a perdu ses yeux, son nez, ses lèvres sont fendues. Louis le nourrit lui-même, le panse avec patience. Il multiplie les fondations pour accueillir les pauvres, les déshérités, les âmes perdues. Mais, que vienne à passer une prostituée sur son chemin, il devient impitoyable : il la fait arrêter, emprisonner. Il interdit même la prostitution. Emporté par son élan de gardien de la morale, il proscrit les jeux de hasard, punit sévèrement ceux qui disent des paroles impies, qui blasphèment.
De l’épée dans le ventre
Rappelez-vous Montségur : les derniers parfaits qui périssent sur le bûcher où ils se sont laissés conduire sans résistance. Eh bien, cela satisfait complètement Louis IX. Le roi très pieux ne supporte pas qu’on porte atteinte à l’intégrité du monde chrétien, et les cathares sont pour lui des gêneurs à supprimer, à passer par les armes. Ses paroles à ce sujet sont très dures : « Si quiconque s’avise de médire de la foi chrétienne, il ne faut la défendre qu’avec l’épée, et on doit donner de l’épée dans le ventre autant qu’elle peut y entrer » Voilà qui est on ne peut plus clair.
Le port de la rouelle jaune pour les Juifs
Il ne s’arrête pas là, Louis IX : en juin 1242, vingt-quatre charrettes remplies d’exemplaires du Talmud déversent leur cargaison place de Grève (près de l’Hôtel de Ville de Paris). Les livres sont brûlés ! Comme son grand-père Philippe Auguste, Louis IX se montre particulièrement agressif contre les Juifs : il leur interdit la pratique de l’usure. Si leurs enfants deviennent orphelins, ils seront rééduqués dans une école spéciale destinée à les convertir au catholicisme. Où trouver de l’argent pour organiser les croisades ? « Rançonnez les Juifs » conseille Louis IX ! En 1253, il ordonne que nombre d’entre eux soient expulsés du royaume. En 1259, il prend une décision dont la répétition plusieurs siècles plus tard prend une dimension qui glace : chaque Juif devra porter cousu sur son vêtement une pièce d’étoffe circulaire de couleur jaune : la rouelle. Celui qui n’accepte pas de la porter ou qui oublie de le faire peut être dénoncé. Son vêtement confisqué est alors offert au dénonciateur…