Un poète d’aujourd’hui : Jean-Luc Steinmetz
by jjj • 22 avril 2013 • Poème quotidien • 0 Comments
Extrait de « La Poésie française pour les Nuls », éditions First, 2010 :
S’il fallait au pays de la poésie choisir un guide pour atteindre les sommets nommés Mallarmé, Nerval, Rimbaud ou Petrus Borel, Jean-Luc Steinmetz serait celui-là. Et ce guide ne se contenterait pas de vous conduire vers les altitudes où les mots ordinaires quittent leur signification pour retrouver leur lumière initiale, il vous ferait découvrir les moindres reliefs de ces territoires élevés qu’il a parcourus dans tous les sens. Extraordinaire conteur des génies symbolistes ou décadents, Jean-Luc Steinmetz écrit ses poèmes comme on sculpte un granit, avec patience et prudence, attendant la naissance de l’œuvre, ou sa « N’essences », titre de l’un de ses recueils publié en 2001. Entre les mots eux-mêmes, l’espace est calculé, utilisé comme un langage, le vide délivre ses étymologies obscures. Unique, Steinmetz, c’est sûr :
Depuis presque des siècles je suis cet homme encadré par une fenêtre
et dont le regard croit se confondre avec la vérité.
Il la prend contre lui,
s’étonne de n’y trouver nul parfum de plus qu’au jour.
Le ciel est d’une simplicité telle
qu’il détruit les embruns de colère,
n’admet d’autre majesté
que celle de flamber sur les têtes et les noms qui peuplent la terre.
Comme je suis touché par cette maladresse
superbe
d’être un vivant pourvu de mots!
Comme j’admire la moulure qui sertit d’intelligence une fenêtre!
Louange aux quelques heures où s’arrondit le soleil.
Et que la pitié monte des herbes couvrant les morts.
Extrait de « Aujourd’hui de nouveau », éd. Ubacs, 1990.