• L’accord du participe passé (2)

    by  • 31 janvier 2013 • Une règle par jour • 0 Comments

    Accordez le participe passé des verbes pronominaux

    Vous connaissez la règle de l’accord du participe passé, vous savez qu’il faut être très vigilant pour identifier les auxiliaires, pour poser les bonnes questions afin d’identifier le COD. Nous voici maintenant dans une zone plus délicate de l’accord du participe passé : celle concernant les verbes pronominaux.

    À retenir

    Qu’est-ce qu’un verbe pronominal ?

    Dans  pronominal , vous remarquez qu’il y a  pronom . Le verbe pronominal est toujours accompagné d’un pronom personnel complément qui, lors de la conjugaison va représenter la même personne que celle du sujet. Par exemple :  se plaindre est conjugué de la façon suivante :  Je me plains ,  je  et  me  représentent la même personne. Dans  je te plains , le verbe n’est pas pronominal car  je  et  te  ne représentent pas la même personne. Il existe deux catégories de verbes pronominaux :

    Les verbes occasionnellement pronominaux. Par exemple  retourner  n’est pas un verbe pronominal. Si on le fait précéder du pronom  se  :  se retourner , il le devient.

    Les verbes essentiellement pronominaux. On ne peut conjuguer ces verbes à une autre voix que la voix pronominale :  se souvenir  ne peut se passer du pronom personnel  se , on ne peut  souvenir quelqu’un , ou  souvenir de quelqu’un

     

    Quelle est la règle pour les verbes pronominaux ?

    C’et la même que pour les autres : le participe passé s’accorde avec le COD s’il est placé avant le verbe. La recherche du COD est cependant moins facile que pour les verbes non pronominaux. Tout simplement parce qu’il faut savoir ceci : le verbe pronominal se conjugue avec l’auxiliaire  être , mais pour accorder le participe passé, on doit faire comme si c’était l’auxiliaire  avoir . Non ! ne criez pas à la complication, c’est très facile à appliquer, il suffit de l’intégrer !

    Prenons cet exemple : «Jeanne et Ariane Haciré se sont maquillées ». Vous posez la question suivante : «  Jeanne et Ariane Haciré ont maquillé qui ? ». La réponse est : elles ont maquillé  se , pronom personnel mis pour  elles , féminin pluriel. Voilà pourquoi  maquillées  prend le  e  du féminin et le  s  du pluriel.

    Bien localiser le COD

    On écrit « Elle se sont démaquillées », mais « Elles se sont démaquillé le visage ». Vous avez remarqué : dans la première phrase,  maquillées  est accordé, dans la deuxième phrase, ce participe passé ne l’est pas. Pourquoi ?

    Observation :  démaquillées  et  démaquillé  sont bien deux participes de verbes emloyés à la voix pronominale ( se démaquiller ). On doit donc appliquer la règle spécifique à ce genre de verbes : remplacer l’auxiliaire  être  par l’auxiliaire  avoir .

    Réflexion : dans « Elle se sont démaquillé le visage», on pose la question : « elles ont démaquillé quoi ? », et on obtient la réponse :  elles ont démaquillé  le visage.  Le visage est placé après le participe passé. Pour information,  se  est devenu COI (elles ont démaquillé le visage de qui ? , de  se  mis pour  elles  ;  la question  de qui ?   permet de trouver le complément d’objet indirect)

    Décision : puisque le COD  visage est placé après le verbe, on n’accorde pas

    Rédaction :  « Elles se sont démaquillé le visage » est écrit en toute connaissance de cause.

    Gros plan technique

    Se succéder

    « Elles se sont succédées » ou « Elles se sont succédé ». Accorde-t-on ou non ? Vous avez trouvé la réponse : le verbe succéder ne pouvant avoir de COD (on ne peut succéder quelqu’un, mais on succède « à » quelqu’un, le « à » indique qu’on aura un complément d’objet indirect),  succédé  doit donc rester invariable en toute occasion. On écrit alors : « Les festivités se sont succédé », « Les manifestations se sont succédé ».

    Même règle pour  se plaire ,  se déplaire ,  se nuire ,  se parler ,  se ressembler ,  se sourire ,  se suffire, se mentir , etc.

    René Sens et Sophie Fonfec se sont rencontrés, ils se sont plu, se sont nui, se sont menti, ils se sont séparés, puis réconciliés…

    Le cas des verbes essentiellement pronominaux

    Vous les connaissez, mais vous ne vous étiez jamais aperçu de leur particularité : certains verbes ne se conjuguent qu’à la voix pronominale. Par exemple,  se blottir, ce verbe est toujours accompagné du pronom personnel « se », on ne peut  blottir  quelqu’un ; il en est de même pour  se méfier, se recroqueviller, etc.

    Pour l’accord de leur participe passé, on ne peut transformer l’auxiliaire en auxiliaire avoir. Ils suivent donc un régime particulier : leur participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet, comme pour les verbes conjugués avec l’auxiliaire être : « Azyadé Route et Evane Hupied, les concurrentes, se sont souvenues de leur parcours » ; « Les enfants se sont blottis contre leurs parents » ; « Les auditeurs se sont méfiés de cette information ».

    Une bonne cinquantaine

    Les verbes essentiellement pronominaux (qui ne peuvent se conjuguer qu’à la voix pronominale) sont une bonne cinquantaine  :

     s’absenter, s’abstenir, s’accouder, s’accroupir, s’adonner, s’agenouiller, s’arroger (attention : ce verbe est le seul parmi les pronominaux proprement dits à ne pas suivre la règle. On lui applique celle des pronominaux ordinaires : accord avec « se » s’il est COD. Cela donne : « Les titres qu’ils se sont arrogés… », mais « Ils se sont arrogé des titres… »), se blottir, se dédire, se démener, se désister, s’ébattre, s’ébrouer, s’écrier, s’écrouler, s’efforcer, s’élancer, s’emparer, s’empresser, s’enfuir, s’enquérir, s’entraider, s’envoler, s’éprendre, s’esclaffer, s’évader, s’évanouir, s’évertuer, s’exclamer, s’extasier, se formaliser, se gargariser, se gendarmer, s’immiscer, s’ingénier, s’insurger, se méfier, se méprendre, s’obstiner, se pâmer, se prosterner, se raviser, se rebeller, se rebiffer, se récrier, se recroqueviller, se réfugier, se renfrogner, se repentir, se souvenir, se suicider, se targuer.

    Vigilance

    Lara Tatouille et Yvan Samob se sont donné rendez-vous

    Vous savez maintenant comment procéder :  se donner  étant un verbe employé pronominalement, on remplace l’auxiliaire  être  par  avoir . Question : « Ils ont donné quoi ? », réponse : ils ont donné  rendez-vous .  Rendez-vous  est le COD, il est placé après, donc pas d’accord (le  se , répondant à la question  à qui ?  est complément d’objet indirect).

    Les suites périlleuses

    On peut qualifier de suites périlleuses plusieurs participes passés dépendant d’un même auxiliaire, et qui se succèdent dans une phrase, mais dont l’un s’accorde, l’autre pas, et ainsi de suite. C’est l’une des ressources principales des créateurs de dictée de concours.

    Par exemple, on aura la phrase suivante : « Pablo Dutout et Zoé Lélai se sont rencontrés, ils se sont plu, ils se sont embrassés, ils se sont menti, ils se sont haïs, ils se sont nui, ils se sont détestés, puis ils se sont souri, enfin ils se sont réconciliés. »

    Rien de compliqué dans cette suite : il suffit de questionner chaque verbe pour savoir s’il a un COD, et où est placé ce COD : « Ils se sont rencontrés » : « Ils ont rencontré qui ? »,  ils ont rencontré « se », placé avant, mis pour « ils », donc l’accord est fait.

    « Ils se sont plu », « Ils ont plu à qui ? », avez-vous remarqué le « à » ? la construction n’est plus directe, mais indirecte ; « se » est donc non pas COD mais COI, on n’accorde pas. Et ainsi de suite…

    Pas vraiment des pronominaux

    Certains verbes ressemblent à des verbes pronominaux, mais le pronom personnel complément « se » ne représente pas la même personne que le sujet, il ne représente en fait rien du tout ou presque car il sert à former un sens nouveau au verbe. Concrètement, le verbes  s’apercevoir de  ne signifie pas  apercevoir soi , mais  se rendre compte ,  prendre conscience de .

    Plusieurs verbes, outre  s’apercevoir , appartiennent à cette catégorie : s’acharner, s’achopper ,  s’approprier, s’attacher à, s’attaquer, s’attendre, s’aviser, se douter, s’échapper, s’ennuyer, se jouer, se plaindre, se prévaloir, se refuser à, se résoudre à, se ressentir de, s’en retourner, se saisir, se servir, se taire. Étant donné que le pronom personnel  se  fait corps avec ces verbes, leur participe passé s’accorde avec le sujet : « Ils se sont plaints, elles se sont ennuyées, ils se sont échappés »

    Un accord très simple…

    L’accord du participe passé, ce n’est pas si compliqué, il suffit de poser la bonne question au verbe, d’obtenir la bonne réponse et d’agir en conséquence. Pour les verbes conjugués avec  avoir , il suffit de trouver le COD ; tous les cas de figure ne sont qu’une recension de situations où la recherche du COD peut être compliquée par certains verbes, par une construction de phrase inhabituelle.

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