• Les conséquences de la « réforme »…

    by  • 12 mai 2013 • Une règle par jour • 0 Comments

    Message reçu à propos des liaisons : Penser simplement aux liaisons qu’on sait (encore) faire avec les ans : vingt ans, cinq-cents ans etc…
    (cinq-cents avec un tiret depuis la réforme de 1990)Réponse :

    Cher Monsieur, merci de rappeler utilement la nécessité des liaisons. Quant au trait d’union entre cinq et cents, il n’est nullement obligatoire et je conseille pour ma part de s’en tenir à la règle qui précise qu’on met un trait d’union pour les nombres au-dessous de cent (sauf vingt et un, trente et un, quarante et un, cinquante et un, soixante et un, soixante et onze). La réforme de 1990 dont vous parlez n’est pas une réforme, c’est une liste de propositions qui ont été faites pour « rectifier » ce qui a été jugé bizarre ou illogique en orthographe – alors que, si on approfondit un peu, tout, absolument tout, est bizarre, illogique et arbitraire en orthographe. Ce ne sont pas les auteurs de ces propositions qui vont imposer des changements, c’est vous, c’est moi, c’est l’usage qui décide. Et comment sait-on si l’usage a décidé ou non d’appliquer ces « propositions » ? Il suffit de lire tout ce qui est imprimé, tout ce qui se trouve sur Internet, ou sur les écrans quels qu’ils soient pour constater que presque rien n’est passé dans l’usage. Ce n’est pas moi qui le décide, je le constate comme n’importe qui peut le constater : les nombres dans quelque publication que ce soit, depuis 1990, sont écrits comme ils s’écrivaient avant la prétendue « réforme ». Celle-ci n’a contribué qu’à jeter un trouble considérable dans les esprits, à fragiliser les acquis, à créer des conditions favorables à la naissance de nouvelles erreurs, car on mise sur le fait qu’une approximation orthographique sera absoute par la « réforme »… Il faut mettre en garde ceux qui, sous prétexte de « modernité » veulent tout appliquer de ces changement orthographiques : ce n’est plus une bonne note sur vingt qu’on pourrait sacrifier au cas où le correcteur n’aurait pas mis en oeuvre ces rectifications, c’est un marché qu’on peut perdre, car, à l’heure où les « spams » se sont multipliés, les messages comportant plus de trois ou quatre erreurs (ou jugées telles alors que ce sont peut-être des « rectifications »…) sont systématiquement rejetés ! Chaque année, selon une enquête de Textmaster, ce sont des centaines de millions d’euros qui sont ainsi perdus par les sociétés commerciales, industrielles, par les entreprises. On ne fait pas confiance à un message qui véhicule des erreurs. On se rend compte combien sont vaines et inutiles les polémiques concernant la « réforme » de l’orthographe. Ce n’est plus l’homme qui commande ou gouverne, c’est la machine, c’est l’ordinateur, et si on désire le faire se plier à des « réformes », ce ne sont pas des millions d’euros qu’il faudra dépenser, mais des milliards. Tout cela parce qu’on a oublié que la langue française se conquiert chaque jour, qu’il faut lui consacrer par semaine quelques dizaines de minutes pour faire le point avec elle. Enfin, n’oublions pas que ces « réformes » ne sont destinées qu’à atténuer le sentiment de culpabilité de celui qui commet des erreurs. L’évolution de la langue n’est donc pas une affaire de linguistes mais de psychologues. Eux seuls sauront libérer de leurs complexes ceux qui ont des difficultés avec l’orthographe, eux seuls sauront les persuader que, s’ils ne se laissent pas enliser dans la culpabilité, ils vont développer une énergie formidable pour progresser, et cette énergie va leur permettre d’élaborer un plan personnel de progression auquel ils n’avaient jamais pensé ! Sus aux geignards, place aux conquérants !

    Jean-Joseph Julaud

    Voici la mise au point effectuée par l’Académie française à propos de ces « réformes » :

    Un ensemble de rectifications orthographiques ont été recommandées par le Conseil supérieur de la langue française et publiées en décembre 1990 dans les Documents du Journal officiel.
    Dans sa séance du 17 janvier 1991, L’Académie française a adopté la déclaration suivante :
    L’Académie française rappelle que le document officiel, souvent improprement appelé réforme , document qu’elle a, après examen de sa commission du dictionnaire, approuvé à l’unanimité dans sa séance du 3 mai 1990, ne contient aucune disposition de caractère obligatoire. L’orthographe actuelle reste d’usage, et les recommandations du Conseil supérieur de la langue française ne portent que sur des mots qui pourront être écrits de manière différente sans constituer des incorrections ni être considérés comme des fautes. Elle estime qu’il y a avantage à ce que lesdites recommandations ne soient pas mises en application par voie impérative et notamment par circulaire ministérielle. Selon une procédure qu’elle a souvent mise en oeuvre, elle souhaite que ces simplifications et unifications soient soumises à l’épreuve du temps, et elle se propose de juger, après une période d’observation, des graphies et emplois que l’usage aura retenus. Elle se réserve de confirmer ou d’infirmer alors les recommandations proposées.

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