Dictée pour les Nuls – Nancy – 13 septembre 2020
by jjj • 13 septembre 2020 • Extraits, Les dictées JJJ • 0 Comments
Merci à toutes et tous pour votre participation !
Dictée pour les Nuls, Nancy – septembre 2020
Promis !
Huit ans ! Huit ans déjà qu’au seuil du bel automne,
Alors que l’août s’enfuit, et que, bien monotone,
S’annonce la rentrée des classes où, tout l’an,
L’instituteur bronzé ou pas, bref, l’enseignant
Ou bien l’institutrice et les répétitrices,
Ou bien quelque inspecteur, voire quelque inspectrice,
N’auront plus qu’un souci et qu’un seul tracassin :
Que l’orthographe soit connue de tous enfin,
Depuis ces huit années, vous fûtes si fidèles,
Mes amis de Nancy, à ces règles rebelles
Qui se sont succédé dans la dictée des Nuls
– Et, de ma part, placées sous vos yeux sans calcul –,
Vous fûtes si constants et parfois si fragiles
Que je vous offre enfin un texte très facile ! (fin de la dictée juniors)
Foin de ces forsythias et de ces « Leszczynski »,
De ces épistaxis et de tous ces mots qui,
Tels le rhododendron ou bien la tanaisie
Ou la Saskatchewan, la dyschromatopsie,
Le coccyx ou la quetsche ou l’hiémal sommeil,
Ne sont que cauchemars. Vous, depuis votre éveil,
Qui avez décidé de reprendre la plume,
Soyez bien convaincus que je romps la coutume
Qui joignait à l’abstrus, et souvent à l’abscons,
De l’embrouillamini ! On doutait, et dès qu’on
Pensait avoir trouvé la meilleure écriture,
On était crucifié en pleine forfaiture !
Oui mes amis d’ici, de Nancy et d’ailleurs,
Sans pontifier, je vous le dis : « N’ayez pas peur ! ».
Nous nous sommes tant plu, pendant ces huit années,
À transformer dictée en belle randonnée
Qu’il serait malhonnête à celui qui l’écrit
De ne pas vous offrir ce qu’il vous a promis :
Un texte dépourvu de tout piège sadique
Qui engendrerait un choc anaphylactique.
Plus jamais la terreur, plus jamais l’échafaud !
Je vous en fais serment ! Promis ! Foi de Julaud !
Jean-Joseph Julaud – 2020
Promis !
Correction
Huit ans ! Huit ans déjà qu’au seuil du bel automne,
Alors que l’août s’enfuit, et que, bien monotone
S’annonce la rentrée des classes où, tout l’an,
L’instituteur bronzé ou pas, bref, l’enseignant
Août : accent circonflexe
Ou bien l’institutrice et les répétitrices,
Ou bien quelque inspecteur, voire quelque inspectrice,
N’auront plus qu’un souci et qu’un seul tracassin :
Que l’orthographe soit connue de tous enfin,
Voire : même, et même
Tracassin : souci
Depuis ces huit années, vous fûtes si fidèles
Mes amis de Nancy, à ces règles rebelles
Qui se sont succédé dans la dictée des Nuls
– Et, de ma part, placées sous vos yeux sans calcul –,
Vous fûtes : passé simple du verbe être, 2e personne du pluriel, accent circonflexe sur le « û »
Ces règles… se sont succédé : le participe passé du verbe succéder qui est transitif indirect demeure invariable
Placées : s’accorde avec règles
Vous fûtes si constants et parfois si fragiles
Que je vous offre enfin un texte très facile !
Foin de ces forsythias et de ces « Leszczynski »,
De ces épistaxis et de tous ces mots qui,
Des forsythias : un forsythia est un arbuste ornemental à fleurs jaunes ; son nom est issu de celui du botaniste anglais William Forsyth (1737-1804).
Stanislas Leszczynski (1677 – 1766) : 8 consonnes, et trois voyelles, avec le groupe « szcz » …
Pour retenir cette orthographe, il faut séparer par groupes de trois sons les lettres : Les / zcz / yn / ski ; « l e s », « z c z » (symétrie), « y grec n », « s k i »
Une épistaxis est un saignement de nez.
Tels le rhododendron ou bien la tanaisie
Ou la Saskatchewan, la dyschromatopsie,
Le coccyx ou la quetsche ou l’hiémal sommeil,
Ne sont que cauchemars. Vous, depuis votre éveil,
Rhododendron : du grec « rhodon », « rose », et « dendron », « arbre ». « Rhododendron » : l’arbre aux fleurs roses
Tanaisie : plante herbacée appelée aussi barbotine.
La Saskatchewan est une province de l’Ouest du Canada
Dyschromatopsie : anomalie dans la perception des couleurs
Coccyx : petit os qui s’articule avec le sacrum
Quetsche : cinq consonnes, trois voyelles pour cette grosse prune
Hiémal se dit de ce qui appartient à l’hiver, qui se produit en hiver
Cauchemar : le mot cauchemar s’écrit sans « d » à la fin, ce qui ne l’empêche pas de se transformer en verbe, avec un « d » : cauchemarder
Qui avez décidé de reprendre la plume,
Soyez bien convaincus que je romps la coutume
Qui joignait à l’abstrus, et souvent à l’abscons,
De l’embrouillamini ! On doutait, et dès qu’on
Convaincus accordé au pluriel, ou bien au singulier, convaincu, si l’on considère que ce « vous » s’adresse à une seule personne
Je romps : verbe rompre, 1ère personne du singulier, présent de l’indicatif
Abstrus qualifie ce qui est difficile à comprendre
Abscons : qualifie ce qui confine à l’incompréhensible
Embrouillamini : désordre et confusion
Pensait avoir trouvé la meilleure écriture,
On était crucifié en pleine forfaiture !
Oui mes amis d’ici, de Nancy et d’ailleurs
Sans pontifier, je vous le dis : « N’ayez pas peur ! »
Crucifié : participe passé du verbe crucifier
Forfaiture : manquement par rapport à la loi
Nous nous sommes tant plu pendant ces huit années,
À transformer dictée en belle randonnée
Qu’il serait malhonnête à celui qui l’écrit
De ne pas vous offrir ce qu’il vous a promis :
Plu : participe passé du verbe plaire, on ne l’accorde pas car il est transitif indirect, il ne peut avoir de complément d’objet direct
Un texte dépourvu de tout piège sadique
Qui engendrerait un choc anaphylactique.
Plus jamais la terreur, plus jamais l’échafaud !
Je vous en fais serment ! Promis ! Foi de Julaud !
Choc anaphylactique : violente réaction allergique
Jean-Joseph Julaud – 2020