• Heredia : Comme un vol de gerfauts…

    by  • 22 décembre 2015 • Poème quotidien • 0 Comments

    Le séducteur, René Magritte (1898 - 1967)

    Le séducteur, René Magritte (1898 – 1967)

     

     

    Extrait de La Littérature française pour les Nuls 2e édition. First 2014.

    José-Maria de Heredia. Héredia de Cuba !  Le parfait ajusteur des hémistiches, l’impeccable régleur du sonnet, le sonneur de rimes, dans la cathédrale des mots, immense, magnifique, et vide…Né à La Fortuna, près de Santiago de Cuba, en 1842, Heredia descend de conquistadores espagnols. Il fait ses études en France, retourne auprès de son père, planteur de café, puis se prend d’une telle passion pour Ronsard, Chateaubriand et Hugo qu’il décide de s’établir en France. Son immense fortune lui permet de se consacrer à l’écriture. Fort bien accueilli par les chefs du mouvement parnassien – dont Leconte de Lisle – il ne publie ses sonnets, chefs d’oeuvre de perfection formelle, qu’en revue.

    Cultures disparues

    En 1893, à la demande pressante d’un éditeur, il les rassemble sous le titre Les Trophées (cent dix-huit sonnets) dont la première édition est épuisée en trois heures – un recueil de poèmes qui paraît aujourd’hui met des siècles pour en faire autant… Heredia est élu à l’Académie française en 1895. Il meurt au château de Bourdonné, en Seine-et-Oise, le 3 octobre 1905. Voici l’un de ses sonnets, une sorte de miniature parfaite de l’épopée, celle peut-être des ancêtres conquistadores de Heredia partis à l’assaut de belles civilisations, d’étonnantes et riches cultures, aujourd’hui disparues.

    Plaisir de lire

     

    Les conquérants

     

    Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,

    Fatigués de porter leurs misères hautaines,

    De Palos de Moguer, routiers et capitaines

    Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

     

    Ils allaient conquérir le fabuleux métal

    Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,

    Et les vents alizés inclinaient leurs antennes

    Aux bords mystérieux du monde Occidental.

     

    Chaque soir, espérant des lendemains épiques,

    L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques

    Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;

     

    Ou penchés à l’avant des blanches caravelles,

    Ils regardaient monter en un ciel ignoré

    Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.

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