• Laurence endormie

    by  • 10 juillet 2015 • Poème quotidien • 0 Comments

    La Dormeuse - Auguste Renoir (1841 - 1919)

    La Dormeuse – Auguste Renoir (1841 – 1919)

     

    La Tour du Pin en Quête de joie

    Un jour de 1930, Jules Supervielle, découvert en 1919 par André Gide et Paul Valéry, voit arriver chez lui, au 47 boulevard Lannes à Paris, un long jeune homme à l’allure romantique, qui lui laisse un recueil de poèmes en lecture : La Quête de joie, signé Patrice de la Tour du Pin – arrière-petit-fils de Condorcet. Supervielle, séduit par l’imaginaire singulier du jeune auteur, fait publier le recueil dans la Nouvelle Revue Française. « Quête de joie » est édité deux ans plus tard. C’est le début d’une œuvre considérable, d’un lyrisme puissant où la légende et l’allégorie se déploient dans des compositions de facture classique. Prisonnier pendant la Seconde guerre mondiale, il continue son œuvre ensuite et fait paraître en 1946 « Somme de poésie », œuvre qui ne sera vraiment terminée qu’à sa mort, et publiée en 1981, six ans après sa mort.

    Plaisir de lire

     

    Laurence endormie

     

    Cette odeur sur les pieds de narcisse et de menthe,

    Parce qu’ils ont foulé dans leur course légère

    Fraîches écloses, les fleurs des nuits printanières,

    Remplira tout mon cœur de ses vagues dormantes ;

     

    Et peut-être très loin sur ses jambes polies,

    Tremblant de la caresse encor de l’herbe haute,

    Ce parfum végétal qui monte, lorsque j’ôte

    Tes bas éclaboussés de rosée et de pluie ;

     

    Jusqu’à cette rancœur du ventre pâle et lisse

    Où l’ambre et la sueur divinement se mêlent

    Aux pétales séchées au milieu des dentelles

    Quand sur les pentes d’ombre inerte mes mains glissent,

     

    Laurence… Jusqu’aux flux brûlants de ta poitrine,

    Gonflée et toute crépitante de lumière

    Hors de la fauve floraison des primevères

    Où s’épuisent en vain ma bouche et mes narines,

     

    Jusqu’à la senteur lourde de ta chevelure,

    Éparse sur le sol comme une étoile blonde,

    Où tu as répandu tous les parfums du monde

    Pour assouvir enfin la soif qui me torture !

     

    Patrice de La Tour du Pin – La Quête de joie, 1942

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