• Comment dites-vous ?

    by  • 7 juin 2014 • Une règle par jour • 0 Comments

     

    La Vénus d'Arles, découverte en 1651 lors de fouilles de vestiges romains, près du théâtre antique d'Arles.

    La Vénus d’Arles, découverte en 1651 lors de fouilles de vestiges romains, près du théâtre antique d’Arles.

    Dites-vous à Arles ou en Arles ? Dites-vous à l’attention de ou à l’intention de ? Quelle différence faites-vous entre démythifier et démystifier ? Les réponses dans ce qui suit…

    À et de

    Pour établir un lien d’appartenance, de possession, on utilisait indifféremment, en ancien français, à ou de. Depuis le XVIIe siècle, seule la préposition « de » est employée : «Voici la console de Vincent Glot » (et non « …à Vincent Glot ») ; « C’est la trottinette de Rocky Vavite» ( et non …à Rocky Vavite»). La préposition à subsiste dans certaines expressions : la bande à Bonnot, un fils à papa.

    À et ou

    Attention : avez-vous imaginé ce que peut être la réalité lorsque vous dites : « Cinq à six personnes attendaient l’ouverture de la banque ». « Cinq à six » personnes ? Cinq personnes un quart ? Cinq personnes et demie ? Remplacer la préposition à par « ou », et dire « cinq ou six personnes » permet d’imaginer soit cinq, soit six personnes, sans vivisection, sans demi-portion…

    Aborigène

    Dans « aborigène », on trouve le mot « origine ». Un « aborigène » habite son pays depuis des générations, presque depuis les « origines ». On donne surtout ce nom au peuple australien installé depuis des millénaires sur son continent, avant l’arrivée des Hollandais puis des Anglais. Les termes voisins d’ « aborigène » (et non « arborigène ») sont : « autochtone », « indigène », « naturel », « natif ».

    À retenir

    Acception, acceptation

    L’acception est la signification d’un mot, d’une expression. Le mot « état » possède plusieurs acceptions : l’état français, l’état de santé, l’état des lieux…. L’acceptation est le fait de consentir à quelque chose, de l’accepter. L’acceptation de votre projet d’avion à pédales va vous apporter la fortune.

    À l’attention de, à l’intention de

    Sur un document, une lettre, un message qu’on destine à quelqu’un de précis, on écrit « à l’attention de… ». Ce message peut inviter le destinataire à se joindre à une soirée entre amis organisée « à l’intention de » quelqu’un dont on fête l’anniversaire, la fête ou le retour d’un long séjour au soleil (ou à l’ombre…)

    Alors que

    Cette locution conjonctive exprime l’opposition. Elle doit être employée en entier. Or, ce n’est pas toujours le cas. En effet on entend parfois le « …que » seulement, amputé de son « alors ». La phrase comporte ainsi un « vide » fautif que ne perçoivent pas ceux qui en sont responsables : « Anna Litik a toujours aimé la lecture, que son frère Paul, préfère le sport ! » (au lieu de la forme correcte : « …alors que son frère… ») ; « Cet abonnement vous permet une certaine souplesse d’utilisation, que l’autre, moins cher, est moins intéressant » (au lieu de :« … alors que l’autre, moins cher, est plus rigide »)

    Alternative

    Une alternative contient l’idée de deux possibilités. Parler d’une double alternative, c’est envisager quatre choix… Deux suffisent : Trois œufs ou quatre pour mon omelette… Betty Poussin hésite devant cette alternative.

    Parfois, le mot  « alternative » est employé à tort pour désigner une « solution de remplacement ». Marc Hassin se demande : « Existe-t-il une alternative au transport par la route ? » Dans ce cas, c’est le sens anglais qui est utilisé. On peut alors remplacer « alternative » par « choix » : « Existe-t-il un autre choix que celui du transport par la route ? »

    Le saviez-vous ?

    Argent

    Ella Dufrik disait un jour « J’ai tellement d’argent que je ne sais plus où la mettre » ; Guy Chaidbank lui répondit alors « Mettez donc votre argent d’abord au masculin ! ». En effet, « argent » n’est pas du genre féminin mais masculin. La monnaie », « les pièces » contaminent sans doute ce mot de leur féminin.

    Arles

    Au temps où le roi batailleur Rodolphe II gouvernait l’éphémère royaume d’Arles au Xe siècle, il était logique qu’on annonçât : « Je m’en vais en Arles » sans forcément traverser ou visiter la ville d’Arles. En revanche, dire : « Je m’en vais à Arles » indiquait précisément que le point de chute du voyage se situait dans la capitale du bagarreur Rodolphe.

    Aujourd’hui, plus de Rodolphe II, plus de royaume d’Arles depuis des siècles… On s’en va donc « à Arles », et non « en Arles », sauf, bien sûr, si on imite par jeu ou par conviction quelque sujet pédant du grand royaume des snobs…

    Arrêter

    On dit « Jacques Humul ne cesse de faire des erreurs », et non « Jacques Humul n’arrête pas de faire des erreurs »

    Autre

    On écrit autres au pluriel dans l’expression entre autres : Eva, Aude, Anne, Marc, entre autres, participaient à la soirée. Dans l’expression de temps à autre, on écrit autre au singulier.

    Vigilance

    … et autres

    L’énumération, c’est la succession d’éléments dont on parle et qui comportent des points communs. Le moyen d’y mettre un terme est en général l’emploi de « … et autres ». On peut donc dire : « Les pianos, violons, guitares et autres seront transportés dans la salle de concert  par Roger Malodo». Dans ce cas, « autres » est employé absolument (de façon tout à fait correcte), il ne comporte pas de complément.

    Les instruments à cordes

    Si on veut ajouter à « … et autres » un complément, il faut que ce complément soit le nom générique de ce qui précède : « Les pianos, violons, guitares et autres instruments à cordes seront transportés dans la salle de concert par Roger Malodo ».

    Les pianos ne sont pas des violoncelles…

    Il serait illogique de dire « Les pianos, violons, guitares et autres violoncelles… » car les pianos, violons et guitares n’appartiennent pas à la catégorie des violoncelles. De même, on ne dira pas « Les Peugeot, Citroën et autres Renault... », mais « Les Peugeot, Citroën, Renault et autres voitures automobiles… »

    Avatar

    Le mot « avatar » vient de la religion hindoue où il signifie « métamorphose ». On doit donc l’utiliser pour désigner des changements, des modifications d’ensemble, des transformations, mais en aucun cas « avatar » ne désignera des difficultés, des problèmes ou des ennuis.

    Un peu d’histoire

    Avignon

    Le souvenir de l’état papal (XIVe siècle) rassemblant plusieurs cités autour d’Avignon, celui du Comtat Venaissin (réuni à la France en 1791), un reste de langue d’oc – ou un zeste de snobisme –, tout cela fait précéder Avignon de la préposition en, comme s’il s’agissait d’un pays. Or, Avignon est une ville comme une autre, et on doit dire : « J’ai passé quelques jours à Avignon » et non «… en Avignon ».

    Une curiosité

    Bip

    Bonjour, vous êtes bien chez Jean et Marthe Detoi. Nous ne sommes pas là pour l’instant, mais vous pouvez laisser votre message après le bip sonore. Avez-vous entendu des bips qui ne soient pas sonores ? On se trouve donc en présence d’un pléonasme qu’il est facile de supprimer en demandant que le message soit laissé après le signal sonore, ou bien après le bip.

    Celui-ci, celui-là

    Dans une phrase où l’on vient de citer deux éléments, celui-ci renvoie à celui qui le précède immédiatement, celui-là fait référence à l’autre, plus éloigné :  J’achète une voiture et une peau de chamois. Je mettrai celle-ci dans mon sac et celle-là dans mon garage.

    Chaland

    Si ce n’est un bateau, le chaland est le client d’une boutique, d’un magasin. On dira donc d’un magasin qu’il est bien achalandé s’il reçoit la visite de nombreux clients – bien achalandé ne signifie pas qu’on y trouve de nombreuses marchandises.

    Commémorer

    On commémore un événement, la disparition d’un écrivain, d’un peintre, on se remet en mémoire les faits du passé, les dates importantes. On célèbre l’anniversaire d’une naissance. Dire qu’on « commémore un souvenir » est un pléonasme : « commémorer » et « se souvenir », c’est la même démarche.

    Conséquent

    Ce terme signifie logique dans sa conduite. À tort, on lui donne le sens de important, considérable : Avare, Bernard Pagon est conséquent : il ne donne jamais un sou de sa fortune considérable.

    Débuter

    Le verbe débuter est intransitif, c’est-à-dire qu’on ne peut le faire suivre d’un complément d’objet direct. On ne dira donc pas : « Un lâcher de ballons a débuté la fête de Sarah Kroche », mais « La fête de Sarah Kroche a débuté par un lâcher de ballons »

    Décade

    Une décade dure dix jours (notamment dans le calendrier républicain de 1792 à 1806), une décennie dure dix ans.

    De conserve, de concert

    Dans la marine, lorsqu’on dit que deux bateaux vont de conserve, c’est que l’un accompagne l’autre pour le protéger. Par comparaison, on peut dire de deux personnes qui marchent ensemble qu’elle vont de conserve : Mona Vire et Tony Pocrite vont de conserve au spectacle (ils y vont ensemble, ils marchent l’un avec l’autre).

    De concert définit une entente entre personnes : Alexis Tessoir et Tony Pocrite ont agi de concert (en plein accord).

    Décrépi, décrépit

    Un mur est décrépi, une maison est décrépie (sens propre). Un vieillard est décrépi, une vieille femme est décrépite (sens figuré : leur peau est vieillie).

    Demeure

    Dans la locution « Il y a péril en la demeure », le terme « demeure » ne désigne pas la « maison », mais vient de l’ancien français « demuere », lui-même issu du latin « demorari », et signifiant « attente ». Il faut donc comprendre :« Il y a péril en l’attente », autrement dit :« Il est dangereux de rester immobile, sans agir », et non « Il est dangereux de rester dans la maison »…

    Démystifier, démythifier

    Mystifier quelqu’un, c’est le tromper. Le « démystifier », c’est faire l’opération inverse. C’est aussi dissiper le mystère qui plane autour de quelqu’un ou de quelque chose : Les enquêteurs ont démystifié les victimes de l’escroc Yves Ouza-Toupiké

    Mythifier un homme, une idée, c’est leur ajouter un caractère de légende, les transformer en mythes. « Démythifier », c’est ôter l’extraordinaire du personnage ou de l’idée pour retrouver leur réalité ordinaire. Ce biographe démythifie Napoléon en ne montrant que ses petitesses

    Dépens

    Agir aux dépens (sans d final) de quelqu’un, c’est faire en sorte que ce soit lui qui dépense l’énergie ou l’argent pour votre profit. Devoir régler les frais de procédure, c’est être condamné aux dépens. Le verbe dépendre se termine par ds aux deux premières personnes du singulier du présent de l’indicatif : Financièrement, je dépends de toi, mais toi, tu ne dépends pas de moi.

    Derechef

    Derechef signifie de nouveau et non sur-le-champ : Ayant raté son coup, il essaya derechef.

    Vigilance

    Dilemme

    Le « dilemme » (qu’on écrit avec deux « m ») est un choix impératif entre deux propositions conduisant l’une et l’autre à de graves conséquences : Ou bien Rodrigue tue le Comte, père de son amante Chimène, et il perd Chimène, ou bien il se suicide et… il perd Chimène. C’est un dilemme ! (cornélien ici, puisque cette situation se trouve dans Le Cid, pièce de Corneille). Le mot dilemne (m et n) n’existe pas.

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