• Orthographe : évaluez votre niveau

    by  • 16 avril 2014 • Une règle par jour • 0 Comments

    CaussolsMouton

    Extrait de « Le français pour les Nuls juniors », éditions First, 2012

    Évaluation

    Voici votre premier test : c’est un test d’évaluation générale sur votre capacité à maîtriser l’orthographe lexicale et l’orthographe grammaticale. Afin de le réaliser, il va vous falloir un peu d’aide : demandez à l’un de vos amis, l’une de vos connaissances, ou à quelqu’un de votre proche entourage s’il accepte de jouer à l’instituteur, et de vous dicter, lentement et en vous donnant la ponctuation, l’un des trois textes qui suivent.

    Choisissez votre niveau

    Vous n’êtes pas sûr (e) de vous ? Choisissez le niveau 1. Vous ne craignez personne ? Prenez le niveau 3. Dans le doute optez pour le 2. Pour corriger, c’est très simple : le total est sur vingt points, vous enlevez un point pour une faute d’orthographe lexicale, et deux points pour une faute de grammaire. Ne vous enlevez pas plus de deux points sur vingt pour les accents. Bonne chance !

    Niveau 1

    « La peur » est le titre d’une nouvelle qui appartient au recueil Les Contes de la bécasse. Au cours d’un dîner, chacun des participants évoque la peur la plus intense qu’il a éprouvée. Celle du narrateur passe par une forêt du nord de la France où vit un braconnier qui va subir une expérience à la fois terrifiante et désarmante… L’extrait proposé se situe au début du récit.

    La peur

    C’était l’hiver dernier, dans une forêt du nord-est de la France. La nuit vint deux heures plus tôt, tant le ciel était sombre. J’avais pour guide un paysan qui marchait à mon côté, sous une voûte de sapins dont le vent déchaîné tirait des hurlements.

    Entre les cimes, je voyais courir des nuages en déroute. Nous devions souper et coucher chez un garde forestier dont la maison n’était plus éloignée de nous. J’allais là pour chasser.

    Guy de Maupassant (1850-1893), Les Contes de la bécasse, Le Livre de Poche

     

    Niveau 2 :

    Dans les Contes cruels qui rassemblent une trentaine de nouvelles, Villiers de l’Isle-Adam a voulu, selon ses dires, mettre en scène la cruauté dans son acception la plus vaste ; on y découvre surtout du cynisme, de l’ironie, de l’humour froid. Le narrateur de ce texte qui a pour titre « À s’y méprendre » va faire une bien étrange rencontre.

    Matin de novembre

    Par une grise matinée de novembre, je descendais les quais d’un pas hâtif. Une bruine froide mouillait l’atmosphère. Des passants noirs s’entrecroisaient. La Seine jaunie charriait ses bateaux marchands pareils à des hannetons démesurés. Mes idées étaient pâles et brumeuses. L’heure me pressait : je résolus de m’abriter sous l’auvent d’un portail d’où il me serait plus commode de faire signe à quelque fiacre.

    À l’instant même, j’aperçus, tout justement à côté de moi, l’entrée d’un bâtiment carré, d’aspect bourgeois.Il s’était dressé dans la brume comme une apparition de pierre, et, malgré la rigidité de son architecture, je lui reconnus, tout de suite, un certain air d’hospitalité cordiale qui me rasséréna l’esprit.

    Villiers de l’Isle-Adam (1838-1889), Contes cruels, Éditions Gallimard

     

     

    Niveau 3

    Dans ce roman autobiographique, Marguerite Audoux raconte son enfance et son adolescence. À trois ans, elle perd sa mère. Puis son père l’abandonne. Elle passe neuf ans dans un orphelinat, soutenue par l’affection de sa sœur Marie-Aimée. Devenue bergère dans une ferme, elle décide de partir vivre à Paris après un chagrin d’amour.

    La neige

    Pendant les huit jours que dura la neige, il vint des centaines de corbeaux dans la ferme. Ils avaient si faim que rien ne pouvait les effrayer. Le fermier en tua beaucoup. On en mit à cuire quelques-uns avec le lard et les choux. Tout le monde trouva que c’était très bon ; mais les chiens n’en voulurent jamais manger. Le premier jour où l’on fit sortir les troupeaux, les sapins étaient encore tout chargés de neige. Tout ce blanc m’éblouissait ; à chaque instant, je craignais de ne plus apercevoir la fumée bleue qui montait au-dessus des toits de la ferme.

    Les moutons ne trouvaient rien à manger ; ils couraient de tous côtés. Je ne les laissais pas s’écarter ; ils ressemblaient eux-mêmes à de la neige qui aurait bougé. Je réussis à les rassembler le long d’un pré qui bordait un grand bois. Je n’étais jamais entrée dans ce bois. Les sapins y étaient très grands et les bruyères très hautes. J’eus tout de suite une inquiétude. Je pensai : « Il y a quelqu’un là. »

    Marguerite Audoux (1863-1937), Marie-Claire, Éditions De Borée

    Votre bilan

    Quel que soit le texte que vous avez choisi de vous faire dicter, effectuez un bilan de vos erreurs en les classant selon leur nombre dans les catégories évoquées au début de la partie « Comment progresser » :

    Orthographe lexicaleNombre d’erreurs Orthographe grammaticaleNombre d’erreurs Erreurs de vocabulaireNombre d’erreurs
    Niveau 1
    Niveau 2
    Niveau 3

     

    Truc ou astuce

    Un bon répertoire

    À l’heure du tout électronique, partez à contre-courant des habitudes acquises, procurez-vous dans une papeterie un carnet-répertoire en papier, à couverture cartonnée – il en existe de très jolis. Vous allez pouvoir ainsi y inscrire les mots qui vous plaisent, parce que vous les trouvez rares, jolis, ou parce que, tout simplement, vous les avez apprivoisés en les écrivant cent ou deux cents fois. Soyez-en félicité. Et lorsque votre carnet sera rempli, retournez à la papeterie…

    Comment progresser ?

    Tout d’abord, vous devez identifier la nature des erreurs que vous commettez. Ensuite, il vous faut les classer. Enfin, vous devez agir pour vous améliorer concrètement dans tous les secteurs où votre savoir est défaillant.

    Identifier vos erreurs

    Quand on écrit, on peut faire trois sortes d’erreurs : les erreurs d’orthographe lexicale, les erreurs d’orthographe grammaticale et les erreurs de sens.

    Les erreurs d’orthographe lexicale

    Les erreurs d’orthographe lexicale concernent le mot dans son image, le nombre de ses lettres en dehors de toute notion d’accord, mais en relation avec un sens précis. On les appelle aussi les erreurs d’orthographe d’usage. Par exemple, le mot  échalotte  écrit avec deux « t », comporte une erreur d’orthographe lexicale : échalote  ne prend qu’un « t ».

    Truc ou astuce

    Reconnaître son erreur

    Pour reconnaître si l’erreur que vous faites est  lexicale, supprimez du mot toute marque d’accord, toute marque de genre (masculin – féminin), de nombre (singulier – pluriel) ou désinence de conjugaison. C’est son image indépendante de tout contexte qu’il faut retrouver, celle qui est imprimée dans votre mémoire, de façon statique, sans la dynamique de la phrase.

    Les erreurs d’orthographe grammaticale

    Les erreurs d’orthographe grammaticale concernent l’application des règles de grammaire, toutes les règles de grammaire : le pluriel des noms, l’accord du participe passé, la conjugaison des verbes, etc.

    Une erreur de grammaire est l’indice que votre logique a failli : vous possédez ou croyez posséder la règle, mais elle demeure dans la mémoire, ne s’active pas dans la syntaxe.

    Vous écrivez en pensant trop aux images évoquées par les mots, et vous oubliez que les mots entre eux s’accordent, ou non, afin de produire un sens précis.

    L’erreur de grammaire se reconnaît donc en observant non plus le mot seul, mais la phrase, en cherchant ses composants – le sujet, le verbe, les compléments. Le verbe varie en fonction du sujet, l’adjectif s’accorde avec le nom, etc..

    Un « s » ajouté au nom et qui manque à l’adjectif épithète, c’est l’erreur de grammaire la plus répandue, mais il y en a bien d’autres…

    Les erreurs de vocabulaire

    Enfin, il existe une catégorie d’erreurs qui concernent le vocabulaire : un mot est pris pour un autre qui lui ressemble comme un jumeau, mais c’est un faux jumeau…

    On confond  éruption (celle d’un volcan)  et irruption (celle d’un intrus, d’un élément imprévu qui surgit brutalement)  en employant l’un pour l’autre.

    On écrit  empreinte  (marque) pour  emprunte (du mot emprunt), étant certain de ne pas faire d’erreur.

    On emploie  magnificence (splendeur)  pour  munificence (générosité),

    Bref, on donne dans l’approximation, sans jamais se poser de question, jusqu’au jour où l’erreur, dénaturant le sens d’une lettre ou d’un rapport, on en subit les conséquences la plupart du temps désagréables pour ne pas dire davantage.

    Truc ou astuce

    Trois « trucs » efficaces

    La première chose à faire, dès qu’on a identifié son profil, c’est de prendre des mesures efficaces pour que la situation s’améliore. Ne croyez pas qu’il faille prendre des leçons particulières avec un académicien, non, les mesures sont plus simples, elles ne nécessitent aucun déplacement, et elles sont à votre portée.

    Fixez les mots avec assurance

    Vous vous êtes découvert un profil faible en orthographe lexicale. Que faire ? Tout d’abord, lire davantage, vous y mettre ou vous y remettre. Choisissez des livres faciles à lire, même courts, même écrits gros, mais qui racontent une histoire. A la fin de chaque page, choisissez un mot ou deux, dont vous ne connaissiez pas l’orthographe de façon sûre. Fixez chacun de ces mots, bien droits dans leurs lettres ! Dix secondes chacun. Hypnotisez-les ! Leur image s’imprime dans votre mémoire. Et pensez très fort : « Toi, je t’ai vu, tu ne m’échapperas plus ! »

    Gros plan technique

    Une mémoire d’éléphant !

    Le professeur Alain Lieury, spécialiste français de la mémoire, a montré combien la mise en œuvre simultanée de plusieurs de nos cinq sens accroît de façon spectaculaire les chances de retenir durablement une orthographe.

    Ainsi, pour un mot dont vous voulez apprendre l’orthographe, vous pouvez en même temps,

    L’écrire (le toucher),

    Le fixer des yeux (la vue),

    L’épeler à haute voix (l’ouïe)

    Le chanter et le danser si vous voulez

    Pour l’écriture des lettres rebelles, les consonnes doubles par exemple ; changez de couleur, copiez-les en rouge à l’intérieur du mot, le résultat est garanti !

     

    Apprivoisez-les ou soumettez-les

    Evidemment, il ne suffit pas d’hypnotiser les mots pour en retenir l’orthographe. Il faut aussi et surtout les écrire… Utilisez alors pour les mots la technique du dressage des chevaux rebelles : le mot galope dans votre mémoire comme un cheval sauvage et s’enfuit dès que vous en avez besoin ?

    Truc ou astuce

    Que faire ?

    Lancez vers le mot rebelle votre stylo comme un lasso, et couchez ce mot sur le papier. Il se relève et veut immédiatement quitter votre emprise : vous le laissez filer de la longueur d’une longe dans un manège, et vous le faites tourner, tourner et retourner.

    Autrement dit, vous le copiez, copiez et recopiez. Dix fois, vingt fois, cent fois s’il le faut. Jusqu’à ce qu’il crie grâce, et qu’il promette de ne plus jamais ruer comme un sauvage sur la page. Jusqu’à ce qu’il s’installe en vous comme un réflexe, avec toutes ses lettres.

    C’est la seule solution pour acquérir les mots difficiles.

    Le réflexe dictionnaire

    Pour que le sens des mots ne vous joue plus de mauvais tour, inscrivez dans votre quotidien le  réflexe dictionnaire. Où que vous soyez, quoi que vous fassiez, décidez que la première occupation que vous aurez, après avoir constaté que le sens d’un mot vous échappe, sera de consulter le dictionnaire. Et ne vous défilez pas ! Ce n’est pas parce que le dico est toujours égaré, ou toujours trop loin qu’il faut baisser les bras ! Prenez la ferme décision d’aller au dictionnaire dès la première occasion (il ne viendra pas à vous !), dès le premier doute.

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