• Ils sont venus, ils sont tous là…

    by  • 4 mai 2013 • Jadis ou naguère • 0 Comments

     

    4 mai 1789. Ils sont venus, il sont tous là, leurs petits cahiers sous le bras ! Depuis des mois qu’ils le préparent, ce grand rendez-vous ! Il sont arrivés en grand carrosse, à cheval, en coche d’eau, ou bien en turgotine – cette diligence de 4 ou 8 places tirée par six chevaux et mise à la mode par Turgot. Des quatre coins du royaume, ils ont répondu à la convocation des états généraux. Et dans le vent coupant de ce 4 mai 1789, ils défilent dans les rues de Versailles. Toutes les cloches sonnent ! Partout des oriflammes, des gonfalons, des bannières, des tapisseries à fleurs de lys ! Tiens, voici le duc d’Orléans, descendant de Louis XIII et du régent – père du futur Louis-Philippe – ; voici les frères de Louis XVI – les futurs Louis XVIII et Charles X – ; voici Mirabeau, voici Danton, voici Camille Desmoulins. Et puis voici le roi qui s’avance, porté par l’immense ovation à laquelle il répond par des gestes de la main ; Et puis voici la reine Marie-Antoinette qui vient de quitter le chevet de son fils de sept ans, le petit dauphin mourant. À sa vue, le silence est total. Plus un bruit. Rien que du mépris pour « l’Autrichienne » !

    Un portrait

    Le Contrat dans la poche

    Tiens, qui est ce jeune homme à l’allure stricte, petit et maigre, aux cheveux blond-châtain, bien coiffé, bien poudré, et qui marche dans la foule de ce 4 mai 1789, un cierge à la main, comme tout le monde ? C’est un jeune noble qui a été élu député du tiers dans le baillage de l’Artois. Il a l’air plutôt froid et distant, impassible ; en réalité, il est très nerveux, très sensible. Ses lèvres sont minces, ses yeux sont bleu-vert. Dans sa vie, pas de femme, pas d’amours. Dans sa poche, un exemplaire du livre qui est devenu sa bible : Du Contrat social, de Jean-Jacques Rousseau. C’est à travers cet ouvrage que le jeune homme en question se fait une idée du peuple, un peuple vertueux, bon, généreux, un peuple comme le voit Rousseau. Mais ce peuple existe-t-il ailleurs que dans une rêverie studieuse où il est si facile d’occulter l’âpreté du quotidien et de ceux qui le traversent ?

    Le peuple ? Quel peuple ?

    Le jeune homme qui passe sous vos yeux, jeune aristocrate, n’a jamais eu, et n’aura jamais vraiment de contact avec le peuple, le vrai, pas celui des livres de philosophie, mais celui du quotidien. Par exemple celui qui, dans les quartiers de misère, se désespère. Ce peuple-là, si on le pousse un peu, est capable de dépecer Launay, le gouverneur de la bastille, de transporter ses tripes aux quatre coins de la capitale, de couper la tête de la princesse de Lamballe avec un couteau de boucher, la mettre au bout d’une pique. Entre autres… Le  nom de ce jeune noble : Maximilien de Robespierre.

     

    Extrait de L’Histoire de France pour les Nuls – Jean-Joseph Julaud, éditions First, 2004

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