• Anthologie de la poésie française

    by  • 17 octobre 2006 • Poésie, Ses livres

    Elle est passée par ici, elle repassera par là, elle court, elle court, tous les jours et toutes les nuits, la poésie ! Une source d’amour, et la voici qui jaillit, s’étourdit de mots et de cadences, se met en ballade, danse un rondeau, rien n’est trop beau pour inventer l’éternité. Las ! l’éternité est souvent courte ; et la source tarit. La poésie ? Elle survit… Toute seule, lyrique et pathétique, elle se met en quête du bonheur perdu, dresse des cartes du cœur, y cherche les heures d’anciennes délices, les fait revivre, ô douleur, ô douceur ! Et ces deux-là, mêlées, demeurent. Cueilleuses d’éphémère, de désespoirs d’hier et de chagrins d’antan, elles vainquent le temps – et les voici, aujourd’hui, sorties de siècles ou d’années passés dans le cœur de leur créateur. N’oubliez pas, après usage, de les ranger dans votre sensibilité. Les poèmes qui les contiennent sont garantis à vie, mais ils ont besoin d’un entretien régulier, avec vous. Prenez-en soin, afin de les retenir, en vous. Il serait trop dommage qu’ils vous quittent, qu’ils nous quittent. Nous devenons désert, sans poésie.
    Quel chenapan, Rimbaud ! Son programme ? Tout casser, tout briser, tout détruire, tout brûler ! Des plans pour reconstruire ? Bof… Place à la poésie ! Le monde entier doit y entrer, l’univers doit y tenir, compressé dans l’atome de la beauté. Gageure que tout cela ? Point du tout : il suffit au poète de pratiquer un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens – ainsi s’exprime Rimbaud dans la lettre qu’il envoie à un poète de Douai, Paul Demeny, lettre depuis sacralisée par ses thuriféraires, et devenue La Lettre du Voyant… Chenapan de Rimbaud ! Oui mais… Quelle commotion lorsqu’on découvre son aventure avec les mots, quelle aveuglante lumière […]

    About