• La Littérature française pour les Nuls

    by  • 12 septembre 2005 • Extraits


    Introduction de La littérature française pour les Nuls

    Rassurez-vous : vous ne retournez pas à l’école, au lycée ou à l’université ! Votre statut dans ce livre est celui d’un invité ! Invité chez Villon, chez Montaigne, chez Corneille ou Racine ; invité chez Voltaire, chez Rousseau, chez Hugo, chez Proust, et même chez Gavalda !

    Partout, vous êtes accueilli, partout, on vous espère, on vous attend ! Parce que vous êtes un personnage, un grand personnage – un VIP, diraient les anglo-saxons ! Et vous l’ignoriez ! Mieux : vous êtes un personnage de roman ! Non pas celui qui vit, qui meurt de page en page, mais celui à qui l’auteur écrit : le lecteur.

    Ce n’est pas n’importe qui, un lecteur, et les auteurs le savent ! Ils n’ignorent pas que leurs héros, tout forts et beaux qu’ils soient, ne vivent ou ne survivent que d’un regard : le vôtre ! Ils n’ignorent pas que vous pouvez, quand vous le voulez, faire usage d’une arme redoutable – vous êtes des milliers à la posséder – : l’indifférence ! Et vous qui lisez ces lignes, soudain, vous allez peut-être vous découvrir un passé d’assassin !

    Peut-être avez-vous supprimé, en un seul refus de lire, deux champions de la passion : Rodrigue et Chimène ! Peut-être avez-vous descendu, dans votre cave ou votre box, à l’ombre, discrètement, la plupart des personnages de Balzac, ceux de Zola, et même le pauvre Toine, de Maupassant ! Et récemment, pensez-vous que votre dernier forfait est passé inaperçu : l’étouffement délibéré du héros du roman de………, publié chez……… ? (écrivez vous-même le nom de votre victime dans les espaces en pointillé).

    Bien sûr, vous n’êtes pas venu ici pour qu’on vous fasse des reproches, ou la morale ! Répétons-le, vous êtes un invité. Vous en avez tous les privilèges : vous asseoir dans l’intimité de ceux qui vous attendent, et vous ont préparé un petit extrait de leur œuvre, une petite anecdote de leur cru ! Mais vous possédez aussi le léger défaut de certains convives : celui d’arriver en retard ! On sait bien que vous n’avez jamais voulu descendre Rodrigue et Chimène, pas plus que Vautrin ou Lantier, ou tout autre héros qui aurait tenté de vous échapper ! Vous avez simplement pris votre temps pour arriver, voilà tout !

    Ne vous inquiétez pas si au début de ce livre, dépourvu de votre indifférence, vous vous sentez un peu désarmé. C’est un symptôme normal, celui de la naissance, ou de la renaissance des grandes passions.

    Allez, ils vous attendent !

    Soyez le bienvenu dans la littérature française !

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