• La dictée pour les Nuls – 8e édition – salon Livre Paris, samedi 25 mars 2017

    by  • 25 mars 2017 • JJJ dans les Salons, Les dictées JJJ • 0 Comments

    La dictée pour les Nuls

    8e édition

    Salon Livre Paris

    Samedi 25 mars 2017, 10h30

      

    La gent ailée

     

    Une légende berbère prétend que, pour voyager, l’être humain se déguise en cigogne. Alors qui sait… Peut-être que vous tous ici aujourd’hui, quels que soient votre apparence et votre air bien sage, et quoi que vous puissiez arguer, vous êtes à peine remis d’une folle migration où vous vous êtes laissés glisser, parmi quelque quatre-vingt mille de vos semblables, vers les Colonnes d’Hercule, avant d’aborder le pays du couchant lointain : le Maroc.

    Inutile de vous dissimuler davantage : vous appartenez sans nulle conteste à la gent ailée puisque vous tenez en main l’ultime indice qui vous trahit : une plume, ou du moins son avatar moderne.

     

    Fin de la dictée pour les juniors

     

    Alors, quelque concentrés que vous paraissiez tous, rêvons ensemble qu’entre deux cumulonimbus gris-blanc, nous glottorons de nouveau vers l’éther où depuis toujours se sont plu nos migrations de haut vol sans que quiconque les contrariât.

    Passé Gibraltar et son détroit, voici, selon Henry de Montherlant, la ville « à la gorge bleuâtre, tourterelle sur l’épaule de l’Afrique » : Tanger ! Voici, inscrits dans le souvenir de ce port, Henri Matisse qui y affina ses bleus et oranges favoris, et Eugène Delacroix qui y peignit de brûlantes fantasias.

    Quelques coups d’aile vers le sud, et nous arrivons chez les Fassis parmi les familles desquels naquit celui qui nous offrit voilà trente ans La Nuit sacrée, prix Goncourt : Tahar Ben Jelloun. Fès, aux médersas richement décorées de muqarnas, aux zelliges variés où se sont mêlés tesselles colorées et abacules vernis, raconte ses douze siècles d’histoire à travers ses charmants labyrinthes.

    Meknès, Rabat, Casablanca, Marrakech, Essaouira, escales de rêve, la route des mille casbahs et ses ksour de pisé…

    Vite, sonnons la fin de la récré, sinon, nomades ravis sur nos nuages favoris, nous allons y rester ! Retour au salon, point final avant la correction !

     
    Jean-Joseph Julaud

     

    La gent ailée

     

    Le nom commun gent (que l’on prononce « Jean » comme le prénom) est féminin et désigne une catégorie, une classe, une nation… Ainsi, « la gent féline » désigne les chats, les tigres et autres félins.

    Certains confondent le nom gent et l’adjectif gent, terme d’ancien français équivalant à « noble », « courtois », « bien né ». Ainsi, on parlait d’un « gent » damoiseau, ou d’une « gente » dame. Cette confusion entre la gent (« Jean ») et l’adjectif féminin gente, qui se prononce comme une « jante » de roue de vélo, produit l’expression fautive « la gente féminine ». On doit dire « la gent féminine », même si on sait qu’elle est composée de « gentes » dames et demoiselles… On dit aussi : la « gent » masculine (et non la gente masculine).

     

     

    Une légende berbère prétend que pour voyager, l’être humain se déguise en cigogne. Alors qui sait… Peut-être que vous tous ici aujourd’hui, quels que soient votre apparence et votre air bien sage,

    Quels que soient… :

    quels, adjectif indéfini, est au pluriel car il remplace apparence et air

    soient, le verbe être est conjugué à la 3e personne du pluriel car son sujet est composé de apparence et air

     

     

    et quoi que vous puissiez arguer,

    quoi que s’écrit en deux mots, on ne peut le remplacer par « bien que » ; quoi est un pronom indéfini

    arguer sans tréma, ou avec tréma (rectifications orthographiques de 1990)

     

     

    vous êtes à peine remis d’une folle migration où vous vous êtes laissés glisser,

    vous avez laissé qui ? Vous avez laissé « vous », pluriel ici (vous tous étant précisé plus haut), donc, le COD étant placé avant le participe passé, on l’accorde : vous vous êtes laissés, et on le fait suivre de l’infinitif : vous vous êtes laissés glisser

     

     

    parmi quelque quatre-vingt mille de vos semblables,

    quelque au singulier signifie ici « environ »

    pas de s à vingt qui est multiplié et suivi de mille, adjectif numéral cardinal. On écrirait quatre-vingts millions en mettant un s à vingt car dans ce cas il ne serait pas suivi d’un adjectif numéral cardinal mais d’un nom commun

     

     

    vers les Colonnes d’Hercule, avant d’aborder le pays du couchant lointain : le Maroc.

    Les Colonnes d’Hercule : Gibraltar (majuscule à Colonnes)

     

    Inutile de vous dissimuler davantage : vous appartenez sans nulle conteste à la gent ailée puisque vous tenez en main l’ultime indice qui vous trahit : une plume, ou du moins son avatar moderne.

    sans nulle conteste : nulle est au féminin car conteste est un nom féminin

     

     

    La gent ailée : voir plus haut

     

     

    Alors, quelque concentrés que vous paraissiez tous,

    Quelque concentrés : quelque ne s’accorde pas avec concentrés, il est ici adverbe, il a une valeur concessive

     

     

    rêvons ensemble qu’entre deux cumulonimbus gris-blanc,

    l’adjectif de couleur gris-blanc est composé de deux couleurs gris et blanc ; dans ce cas, l’ensemble ne varie pas et prend un trait d’union

     

     

    nous glottorons de nouveau vers l’éther

    l’éther : l’air des altitudes (cher à Baudelaire)

     

     

    où depuis toujours se sont plu nos migrations de haut vol

    se sont plus, pas d’accord car le verbe plaire n’est pas transitif direct

     

     

    sans que quiconque les contrariât.

    Après sans que, on emploie le subjonctif. Ici, il s’agit de l’imparfait du subjonctif, avec –ât à la 3e personne du singulier – le sujet étant quiconque, pronom indéfini invariable

     

     

    Passé Gibraltar et son détroit,

    Passé en tête de phrase possède une valeur adverbiale, il est donc invariable

     

     

    voici, selon Henry de Montherlant,

    Henry avec un y, il y tenait…

    Montherlant (1895 – 1972)

     

     

    la ville « à la gorge bleuâtre, tourterelle sur l’épaule de l’Afrique » : Tanger ! Voici, inscrits dans le souvenir de ce port, Henri Matisse qui y affina ses bleus et oranges favoris, et Eugène Delacroix qui y peignit de brûlantes fantasias.

    Inscrits au pluriel (Matisse et Delacroix) ; on accepte aussi inscrit au singulier car il peut ne se rapporter qu’à Matisse

     

    ses oranges favoris : ici, orange est un nom de couleur et prend donc la marque du pluriel : un orange, des oranges

     

     

    Quelques coups d’aile vers le sud, et nous arrivons chez les Fassis

    Les Fassis sont les habitants de la ville de Fès

     

     

    parmi les familles desquels naquit celui qui nous offrit voilà trente ans « La Nuit sacrée », prix Goncourt : Tahar Ben Jelloun.

    « … les Fassis parmi les familles desquels » : desquels, pronom relatif composé remplace Fassis, masculin pluriel, on écrit donc au masculin pluriel desquels

    La Nuit sacrée : dans un titre de livre, le nom qui suit le déterminant prend une majuscule

    On accepte aussi : la Nuit sacrée

     

     

    Fès, aux médersas richement décorées,

    Une médersa (féminin) est une université théologique musulmane. Au pluriel : des médersas ; on accepte aussi le pluriel Larousse : aux medersa (sans accent et sans s)

     

     

    …de muqarnas

    muqarnas est un nom commun masculin pluriel ; les muqarnas sont des motifs décoratifs de l’architecture islamique, en forme de nids d’abeilles

     

     

    aux zelliges variés

    le zellige (masculin) est une mosaïque

     

     

    où se sont mêlés tesselles colorées

    le sujet de « se sont mêlés » est « tesselles et abacules », le masculin du mot abacules conduit à l’accord au masculin pluriel de mêlés

    une tesselle (féminin) est un fragment de marbre de pierre ou de terre cuite employé pour créer une mosaïque de pavement

     

     

    et abacules vernis,

    un abacule (masculin) est un élément cubique de mosaïque

     

     

    raconte ses douze siècles d’histoire à travers ses charmants labyrinthes.

    Labyrinthes : d’abord le y et puis le i

     

    Meknès, Rabat, Casablanca, Marrakech, Essaouira, escales de rêve, la route des mille kasbahs et ses ksour de pisé…

     

    Une casbah avec un c, mais on trouve aussi des occurrences du mot avec un k initial – par exemple dans le titres d’un roman de Pierre Loti : Les Trois Dames de la Kasbah. Donc on accepte « mille casbahs » et « mille kasbahs »

    Un ksar (village fortifié dans le Maghreb), pluriel arabe : des ksour, sans s

     

    Vite, sonnons la fin de la récré, sinon, nomades ravis sur nos nuages favoris, nous allons y rester ! Retour au salon, point final avant la correction !

    salon avec ou sans majuscule

     

    Jean-Joseph Julaud

     

    Les gagnants

     

    Juniors

    1 – Eden Eyengue

    2 – Antoine Combes

    3 – Alice Guénot

    Amateurs

    1 – Riana Le Gal

    2 – Matthieu Dubois

    3 – Etienne Mairesse

    Experts

    1 – Philippe Girard (vainqueur aussi l’an dernier)

    2 – Daniel Malot

    3 – Martine Dissaux

     

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