• Montréal, la dictée…

    by  • 20 décembre 2016 • Les dictées JJJ • 0 Comments

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    Plein succès, salle comble pour la première dictée pour les Nuls donnée à Montréal vendredi 18 novembre à 13h, sous l’oeil vigilant de Denise Bombardier et celui, non moins vigilant, de Vincent Barbare, PDG d’Edi8 ! Le niveau des candidats fut excellent, le premier n’ayant commis qu’une seule erreur. Merci à tous ceux qui ont participé à cette grande première dont l’organisation fut parfaite. A l’année prochaine !

    Etonnant : les trois premiers de cette dictée intitulée « Lettre à Gilles » se prénomment tous les trois… Gilles !

    Salon du livre de Montréal

    Vendredi 18 novembre 2016

     Dictée pour les Nuls

    avec

    Denise Bombardier

    Texte écrit par Jean-Joseph Julaud

     

    Lettre à Gilles

     

    « Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver »… Cher Gilles Vigneault, c’est l’automne qui vous parle : depuis l’an mille neuf cent soixante-quatre, on vous croit sur parole, et on a bien raison, parce que l’hiver, ici, c’est la plus longue des saisons, avec ses embâcles imprévus, ses apogées ensoleillés de blancheur scintillante, ses acmés inouïs de silence ; c’est, selon votre merveilleuse formule, « la blanche cérémonie où la neige au vent se marie ». Et vous ajoutez que, pour être fidèle au modèle légué par votre père, « la chambre d’amis sera telle qu’on viendra des autres saisons ». Pourquoi pas de l’automne ? Ainsi, je trouverai ma place dans votre chanson. Car, depuis que Denise Bombardier m’a jugé « la plus éclatante, la plus surprenante et la plus civilisée » des quatre périodes qui forment l’année, je me sens presque à la hauteur de votre hiver.

     

    Cher Gilles, n’est-ce pas légitime ? Lorsque se sont succédé le printemps et l’été, je répands sur les sept cent soixante et un mille cent kilomètres carrés de nos forêts magiques les couleurs rouge sang que j’ai préparées, les reflets jaune paille qui se sont laissé séduire par les érables ou les peupliers blancs, les tons vert doré des tulipiers de Virginie ; et j’ajoute çà et là des touches fauves, orange, rouille, soufre, mauves… Tout cela pendant que se baguenaudent sous les frondaisons l’orignal ou le caribou, le long de rivières où croissent les effilés maskinongés, les ouananiches rusées et les truites agiles.

     

    Alors, cher Gilles, ai-je bien plaidé ma cause ? Suis-je digne d’être logé dans votre chambre d’ami, moi, l’automne des Québécois ? Je vous pose cette question même si je sais, et c’est mon grand bonheur, que depuis votre premier jour – n’êtes-vous point né un 27 octobre ? –  je vis dans votre cœur.

     

     

    Salon du livre de Montréal

    Vendredi 18 novembre 2016

     Dictée pour les Nuls

    avec

    Denise Bombardier

    Texte écrit par Jean-Joseph Julaud

     

     

    Correction de la dictée

     

    « Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver »… Cher Gilles Vigneault, c’est l’automne qui vous parle : depuis l’an mille neuf cent soixante-quatre

     

    On peut écrire « l’an mil neuf cent soixante-quatre ».

    En français standard, on met un trait d’union pour les nombres au-dessous de cent, sauf vingt et un, trente et un, quarante et un, cinquante et un, soixante et un, soixante et onze. Les tolérances de 1990 permettent de choisir de mettre un trait d’union unissant tous les éléments du nombre.

     

    on vous croit sur parole, et on a bien raison, parce que l’hiver, ici, c’est la plus longue des saisons, avec ses embâcles imprévus,

     

    Un embâcle est la formation d’un amoncellement (bois, glaçons, etc.) qui obstrue un cours d’eau. « Embâcle » est du genre masculin, on écrit donc : « embâcles imprévus ».

     

    ses apogées ensoleillés

     

    « apogée » est du genre masculin, on écrit : « apogées ensoleillés ».

     

    de blancheur scintillante, ses acmés inouïs de silence

     

    « acmé », qui s’écrit sans « e » final, est du genre masculin ou féminin. On peut donc écrire : « ses acmés inouïs de silence », ou « ses acmés inouïes de silence ».

     

     

    c’est, selon votre merveilleuse formule, « la blanche cérémonie où la neige au vent se marie ».

     

    Les verbes terminés par « ier » se terminent par « ie » à la 1e et à la 3e personne du singulier du présent de l’indicatif : « la neige au vent se marie ».

     

    Et vous ajoutez que, pour être fidèle au modèle légué par votre père, « la chambre d’amis sera telle qu’on viendra des autres saisons ». Pourquoi pas de l’automne ? Ainsi, je trouverai ma place dans votre chanson. Car, depuis que Denise Bombardier m’a jugé…

     

    Denise Bombardier a jugé qui ? « m’» qui remplace «automne », on accorde donc le participe passé au masculin singulier.

     

    « la plus éclatante, la plus surprenante et la plus civilisée » des quatre périodes qui forment l’année, je me sens presque à la hauteur de votre hiver.

    Cher Gilles, n’est-ce pas légitime ? Lorsque se sont succédé

     

    Le verbe « succéder » étant transitif indirect, il ne peut avoir de complément d’objet direct. Son participe passé demeure donc invariable.

     

     

    le printemps et l’été, je répands

     

    le verbe « répandre » conserve son « d » dans toute sa conjugaison : « je répands ».

     

    sur les sept cent soixante et un mille cent kilomètres carrés de nos forêts magiques

     

    l’adjectif numéral cardinal « cent » ne prend pas la marque du pluriel s’il est suivi d’un autre nombre.

     

     

    les couleurs rouge sang

     

    « rouge » étant un adjectif ici ne prend pas la marque du pluriel car il est suivi d’un autre adjectif qui le modifie. Le nom « sang », à valeur d’adjectif ici, n’est pas relié à l’adjectif de couleur «rouge » par un trait d’union car seuls deux adjectifs de couleur peuvent l’être.

     

    que j’ai préparées

     

    Le complément d’objet direct de « préparées » est le pronom relatif « que » remplaçant « les couleurs » ; on accorde donc le participe passé « préparées » au féminin pluriel.

     

    les reflets jaune paille qui se sont laissé séduire par les érables ou les peupliers blancs

     

    L’infinitif « séduire » est complément d’objet direct de laissé. Ce COD est placé après le participe passé. On ne l’accorde donc pas.

     

     

    les tons vert doré

     

    « vert doré » : adjectif composé d’un adjectif de couleur et d’un adjectif qualificatif, on n’accorde ni l’un ni l’autre et on ne met pas de trait d’union.

     

    des tulipiers de Virginie ; et j’ajoute çà et là

     

    « çà » prend un accent grave dans « çà et là » car il signifie : « ici ».

     

     

    des touches fauves, orange, rouille, soufre, mauves…

     

    Les adjectifs de couleur varient en genre et en nombre. Les adjectifs de couleur issus de noms communs demeurent invariables (des robes orange) sauf : écarlate, mauve, pourpre, incarnat, fauve, rose. On peut utiliser un moyen mnémotechnique pour les retenir en prenant la première lettre de chaque mot : EMPIFR.

     

     

    Tout cela pendant que se baguenaudent sous les frondaisons l’orignal ou le caribou, le long de rivières où croissent les effilés maskinongés

     

    Le « maskinongé » est un mot algonquin désignant un gros brochet dans les lacs canadiens. « Maskinongé » est du genre masculin.

     

    les ouananiches rusées et les truites agiles 

     

    une « ouananiche » est un saumon d’eau douce que l’on trouve dans les lacs et rivières du Canada ; « rusées » s’accorde au féminin pluriel ici.

     

     

     

     

    Alors, cher Gilles, ai-je bien plaidé ma cause ? Suis-je digne d’être logé dans votre chambre d’ami, moi, l’automne des Québécois ?

     

    Le mot « Québécois » prend ici une majuscule car c’est un nom propre. On écrit un Québécois, mais un artiste québécois, un Français, mais un cuisinier français, un Anglais mais un pilote anglais, un Allemand mais un musicien allemand…

     

    Je vous pose cette question même si je sais, et c’est mon grand bonheur, que depuis votre premier jour – n’êtes-vous point né un 27 octobre ? –  je vis dans votre cœur.

     

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