• La Grande Dictée de Livres en Vignes

    by  • 24 septembre 2016 • Les dictées JJJ • 0 Comments

    La Grande Dictée de Livres en Vignes

    Samedi 24 septembre 2016 – Le Clos de Vougeot

    L’esthète du cep

    Amoureux des capiteux effluves œnanthiques, dithyrambistes des aloxe-corton, des corton-charlemagne, des bourgogne-passe-tout-grains, panégyristes des vosne-romanée et autres philtres bourguignons enivrants pour l’âme et l’homme honnêtes, oyez, oyez cette étonnante histoire !

    Voilà quelque deux cent quatre ans, le 26 novembre mille huit cent douze, dans l’actuelle Biélorussie, les soldats de la Grande Armée de Napoléon se sont laissé encercler devant la Bérézina, affluent du Dniepr.

    Se sont-ils doutés qu’ils étaient pris au piège par les Russes ? Sans doute. Et quand ils se sont succédé sur le pont de fortune après que l’unité des pontonniers eut atteint la rive opposée, ont-ils maudit celui qui leur avait fourni des chaussures en faux cuir avec des semelles de carton ? Certainement ! Mais ont-ils su qui était l’auteur de cette escroquerie qui a transformé la retraite de Russie en désastre ? Eh bien, s’ils l’ont ignoré, il est utile de rappeler aujourd’hui le nom de celui qui bâtit sa fortune au moyen des subsides annuels de l’Empire : Gabriel-Julien Ouvrard.

    Pourquoi mentionner, en ce soleilleux chapitre de Livres en Vignes, le nom de celui qui repose au Père-Lachaise, entre deux piliers gris-vert, sous les cieux bleu clair ? Parce que son histoire se poursuit par un rachat moral qui révèle l’homme de goût, le connaisseur raffiné, l’esthète du cep, le dandy des crus avec ou sans millerandage, l’éleveur de polysaccharides, le passionné des climats, le parangon de ceux qui se sont laissés aller aux plus pures délices, bien au-delà des plaisirs d’Hannibal à Capoue : il acquit pour son fils le Clos de Vougeot et la Romanée-Conti.

    Gloire soit rendue à ce thuriféraire du plus coruscant héritage de Noé ; et qu’une indulgence plénière lui soit accordée pour être devenu, au grand dam de la Grande Armée, chausseur à la petite semelle.

     

    Jean-Joseph Julaud

     

    About

    Laisser un commentaire

    Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *