• Promenade sentimentale

    by  • 10 décembre 2015 • Poème quotidien • 0 Comments

     

    Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875) La Buissière près de Béthune. Allée bordée de saules.

    Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875)
    La Buissière près de Béthune. Allée bordée de saules.

    Extrait de « La Poésie française pour les Nuls », éditions First, 2010.

    Entrez dans la ronde

    Des répétitions comme des incantations, des réflexes de mise en chanson, des techniques de danse, de sarabande, de ronde, de valse… Ces décasyllabes à rimes plates se décomposent en deux hémistiches de cinq syllabes (Le couchant dardait / ses rayons suprêmes / Et le vent berçait / les nénuphars blêmes…) qu’on lit ou qu’on se dit à la façon d’une marche qui séduit et emporte l’esprit.

    Promenade sentimentale

    Le couchant dardait ses rayons suprêmes
    Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
    Les grands nénuphars entre les roseaux
    Tristement luisaient sur les calmes eaux.
    Moi j’errais tout seul, promenant ma plaie
    Au long de l’étang, parmi la saulaie
    Où la brume vague évoquait un grand
    Fantôme laiteux se désespérant
    Et pleurant avec la voix des sarcelles
    Qui se rappelaient en battant des ailes
    Parmi la saulaie où j’errais tout seul
    Promenant ma plaie ; et l’épais linceul
    Des ténèbres vint noyer les suprêmes
    Rayons du couchant dans ses ondes blêmes
    Et les nénuphars, parmi les roseaux,
    Les grands nénuphars sur les calmes eaux.

     

    Paul Verlaine – Poèmes saturniens, 1866

    About

    Laisser un commentaire

    Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *