• Contre la cellulite…

    by  • 14 juillet 2014 • Extraits • 0 Comments

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    Contre la cellulite

     

    « Aaahh ! » Il est terrible, déchirant, le cri que pousse la jeune fille, un jour, dans une chambre, la sienne, ou celle de son amant. Pourquoi crie-t-elle ainsi ? Qu’est-il donc arrivé alors qu’en Eve pure, dans le simple appareil, juste après son éveil, elle offrait sa beauté à sa psyché ?

    L’homme qui l’entourait dans la tiédeur heureuse et les draps de la nuit, mutin, mais maladroit, l’aurait-il prise, par surprise, se glissant dans son dos, comme au dodo ? Point du tout ! Cet homme est assoupi, ronfle légèrement – ou bien c’était un rêve dont l’empreinte s’annule dans l’oreiller de plume et le drap rose et vert, célibataire.

    Et pourtant à cet instant, l’instant du cri, la jeune fille devient femme. Alors ? On veut savoir ? Eh bien voilà – nous étions là! L’affaire a commencé alors qu’à la psyché, elle offrait son derrière, histoire de voir encore, comme la veille au soir, la courbe avantageuse, et l’orbe rebondi, le satin délicat, et la pleine lumière de cette source d’adultère qu’est le postère.

    « Aaahh ! » Son regard a glissé, un peu plus bas, cherchant le grain poli de la colonne jolie qu’en anatomie – ou en charcuterie -, on nomme cuisse. « Aaahh ! » nous vous livrons la suite : « …mais, j’ai de la cellulite ! »

    C’est le drame, la naissance de la femme. Désormais, plus jamais comme avant elle n’aura pour sa chair la naïve tendresse du regard impubère. Et jusqu’au terme de ses ans, elle achètera régulièrement en hiver, au printemps, n’importe quand, n’importe quoi que l’on vend dans les kiosques, en plein vent, pourvu qu’à la une, aux cuisses, on promette la lune.

    « J’ai de la cellulite ». Et c’est vrai, nous l’avons constaté. Vu de près, c’est comme un relief très ancien, type Massif Armoricain, avec ses sommets, ses vallées, ses petites dépressions au fond desquelles semble couler, figée, pareille à des fleuves de lait, minces filets, la graisse.

    Et ça donne à la peau l’allure boursouflée d’une baudruche dégonflée. Et ça va s’aggraver ! Les vallées raisonnables deviendront des gorges, les sommets endurcis borderont des canyons, et regardant cela, mignonne qui fûtes sage et ne lûtes à temps le conseil de Ronsard : « Vivez si m’en croyez, n’attendez à demain / Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie », contemplant alors vos fesses criblées, décomposées, un soir de solitude et de regrets, vous ferez « Aaahh ! » une dernière fois, et vous mourrez.

    C’est affreux, n’est-ce pas ? On n’y peut rien, ou presque, c’est comme ça. Une solution ? Peut-être : quitter la ville, et allonger le pas, youkaïdi, dans la prosodie de Théodore de Banville. Pour un peu on croirait, avant les pages « Cuisine », la rubrique minceur de « Santé magazine ».

    Allez, courez dans la montagne ! Les oiseaux font « Cui-cui », et les biches « Frou-frou », et la Muse chantonne. Foncez, grimpez, marchez vite. Tout ira pour le mieux tant que vous ignorez que la crédulité dissout la cellulite.

     

     

     

    Conseil

     

    Eh bien ! mêle ta vie à la verte forêt,

    Escalade la roche aux nobles altitudes.

    Respire, et libre enfin des vieilles servitudes,

    Fuis les regrets amers que ton cœur savourait.

     

    Dès l’heure éblouissante où le matin paraît

    Marche au hasard ; gravis les sentiers les plus rudes.

    Va devant toi, baisé par l’air des solitudes,

    Comme une biche en pleurs qu’on effaroucherait.

     

    Cueille la fleur agreste au bord du précipice,

    Regarde l’antre affreux que le lierre tapisse

    Et le vol des oiseaux dans les chênes touffus.

     

    Marche et prête l’oreille en tes sauvages courses ;

    Car tout le bois frémit, plein du rythme confus,

    Et la Muse aux beaux yeux chante dans l’eau des sources

     

    Théodore de Banville

     

     

    Notre conseil : Soyez « baisé par l’air des solitudes », conseille Banville. C’est bien, mais que cela ne change rien à d’autres habitudes.cellulite_pincement_2

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