• Dictée pour les Nuls – Nancy, dimanche 15 septembre 2013, avec Grégoire Delacourt

    by  • 15 septembre 2013 • Les dictées JJJ • 4 Comments

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    De gauche à droite, Vincent Barbare, PDG d'Edi8, et Jean-Joseph Julaud, PDG de l'Histoire de France pour les Nuls...

    De gauche à droite, Vincent Barbare, PDG d’Edi8, et Jean-Joseph Julaud, PDG de l’Histoire de France pour les Nuls…

    De droite à gauche, Vincent Barbare, PDG d'Edi8, Jean-Joseph Julaud, PDG de la dictée, et Grégoire Delacourt, PDG de "La Liste de mes envies"...

    De droite à gauche, Vincent Barbare, PDG d’Edi8, Jean-Joseph Julaud, PDG de la dictée, et Grégoire Delacourt, PDG de « La Liste de mes envies »…

     

    La place Stanislas Leszczynski à Nancy

    La place Stanislas Leszczynski à Nancy

     

     

     

    Deux cents personnes participaient à la première édition de la « Dictée des Nuls », dimanche 15 septembre à 11h, dans le nouvel amphithéâtre du Muséum Aquarium à Nancy. À 10h, sous la pluie, la file d’attente s’est formée :  les deux cents places proposées allaient-elles suffire ? Dès l’ouverture des portes, l’amphithéâtre s’est rapidement rempli. À 11h, Grégoire Delacourt, l’auteur du roman à succès « La liste de mes envies », a fait son entrée dans la salle, chaleureusement applaudi par l’assistance. Quelques minutes d’attente ont été nécessaires avant de commencer l’épreuve : un candidat venant tout exprès de Paris s’était égaré sur la place de la Carrière… Après la présentation de l’opération « Dictée des Nuls » par M. Vincent Barbare, PDG d’Edi8 qui rassemble huit maisons d’édition dont Plon, Perrin, First, Gründ, Les Escales, etc., Grégoire Delacourt a effectué la première lecture du texte. Sa prestation qui mêlait humour, sérieux, décontraction et bonne humeur contagieuse, a détendu l’atmosphère où flottait une anxiété souvent associée à ce type d’épreuve, et permis aux candidats d’écrire « Qui s’y frotte… » dans d’excellentes conditions, sous la dictée de Jean-Joseph Julaud. Une quinzaine de volontaires ont ensuite corrigé les copies sous la responsabilité et l’oeil vigilant de M. Julien Soulié, auteur du livre « Exercices d’orthographe pour les Nuls », aux éditions First – en librairie le 19 septembre. La remise des prix s’est effectuée au Forum Radio France à 13h45.

    Nancy, 15 septembre 2013

    « Qui s’y frotte… »

     

    « Qui s’y frotte s’y pique ». Tel est le sens de la devise qu’adopta pour la ville de Nancy le duc René II de Lorraine. Il eût été préférable qu’on vous dictât cette devise dans son latin d’origine afin que sa polysémie pût satisfaire les exégètes de tout poil, mais ceux-là se faisant rares – les exégètes, évidemment -, la version et le thème qui se seraient succédé ne vous transformeront pas en martyr (s).

    À ce propos, vous vous êtes tous doutés en venant ici que seraient évoqués la bataille de Nancy, vieille de cinq siècles, et le martyre de Charles le Téméraire transpercé d’un coup de hallebarde puis à demi dévoré par les loups. Vous avez eu raison ! Ajoutons que le soldat qui tua le duc de Bourgogne sombra dans l’acédie et mourut du chagrin de ne  pas avoir épargné sa cible afin de toucher la rançon qui était l’Euro Millions de l’époque.

    Vous vous êtes tous dit qu’il serait aussi question de Stanislas Leszczynski et vous ne vous êtes pas trompés ! Stanislas le Bienfaisant, grossiste en consonnes rares, devint duc de Lorraine en mille sept cent trente-sept – cette année-là, naquit en Angleterre un botaniste qui donna son nom au forsythia (il fallait bien que, peu ou prou, une jolie fleur vous perturbât). Quelles merveilles nous a laissées Stanislas ! La place qui porte son nom, la Bibliothèque, l’Académie…

    Vous êtes-vous rendu compte que nous sommes presque arrivés à la fin de la dictée sans avoir parlé d’Émile Gallé, le célèbre maître verrier, pionnier de l’Art nouveau, né à Nancy, dont la lampe « Rhododendron » fut vendue plus de cent vingt mille euros à New York voilà six ans ? Et les frères Daum que vous avez espéré croiser, où sont-ils ? Et Jacques Callot, Edmond de Goncourt, Henri Prouvé ou autres célébrités nées à Nancy ? Patience, ils se préparent pour la dictée de l’an prochain !

    Dictée composée par Jean-Joseph Julaud

     

     

    « Qui s’y frotte… » – Correction de la dictée – 15 septembre 2013 – Nancy

     

     

    « Qui s’y frotte s’y pique ». Tel est le sens de la devise qu’adopta pour la ville de Nancy le duc René II de Lorraine : « tel » s’accorde avec « sens », masculin singulier.

     

    Il eût été préférable : il « aurait été » préférable.  Il s’agit ici du conditionnel passé 2e forme, on écrit donc la 3e personne de l’auxiliaire avoir avec un accent circonflexe sur le «u » afin de faire la différence avec le passé antérieur : « il eut été ».

     

    qu’on vous dictât : le verbe « dicter » est ici conjugué à la 3e personne du singulier de l’imparfait du subjonctif. Le mode subjonctif est le mode de ce qui n’est pas réalisé, de ce qui peut l’être ou non. On l’emploie après des verbes qui expriment une incertitude, un doute, un ordre…

     

    cette devise dans son latin d’origine : la devise « Qui s’y frotte s’y pique » est la traduction de la devise latine : « Non inultus premor », ce qui signifie littéralement : « Je ne suis pas comprimé sans que je me rebiffe », ce qui est beaucoup moins « piquant » que « Qui s’y frotte s’y pique »…

     

    afin que sa polysémie pût satisfaire : le verbe « pouvoir » est conjugué à la 3e personne du singulier du subjonctif imparfait, c’est la règle après « afin que » locution conjonctive exprimant le but, donc un fait qui n’est pas réalisé.

     

    les exégètes: le mot « exégète » vient d’un terme grec désignant celui qui savait interpréter les oracles. L’exégète est celui qui donne une interprétation à un texte ou une phrase dont le sens ne paraît pas d’une clarté limpide.

     

    de tout poil : on écrit de tout poil au singulier (de n’importe quel poil), mais le pluriel est accepté, même si ce pluriel est critiqué.

     

    mais ceux-là se faisant rares – les exégètes, évidemment -, la version et le thème qui se seraient succédé : le verbe « se succéder » au participe passé ne s’accorde jamais. Pourquoi ? Parce que l’accord du participe passé se faisant avec le complément d’objet direct si celui-ci est placé avant dans la phrase, le verbe « succéder » n’étant jamais transitif direct (il n’a jamais de complément d’objet direct), l’accord ne peut donc être fait.

     

    ne vous transformeront pas en martyr (s) : le singulier et le pluriel sont acceptés pour le mot « martyr ».

     

    Attention : le mot « martyr » désigne celui qui subit le martyre, la torture infligée pour des raisons religieuses à l’origine, mais le terme « martyre » désigne aujourd’hui toutes sortes de souffrances subies.

     

    À ce propos, vous vous êtes tous doutés : le verbe « se douter » est ici conjugué pronominalement. Voici pourquoi il accorde ici son participe passé :

    Certains verbes ressemblent à des verbes pronominaux, mais le pronom personnel complément « se » ne représente pas la même personne que le sujet, il ne représente en fait rien du tout ou presque car il sert à former un sens nouveau au verbe. Concrètement, le verbe  « s’apercevoir de »  ne signifie pas  apercevoir soi, mais  se rendre compte,  prendre conscience de.

    Plusieurs verbes, outre  s’apercevoir, appartiennent à cette catégorie : s’acharner, s’achopper,  s’approprier, s’attacher à, s’attaquer, s’attendre, s’aviser, se douter, s’échapper, s’ennuyer, se jouer, se plaindre, se prévaloir, se refuser à, se résoudre à, se ressentir de, s’en retourner, se saisir, se servir, se taire. Étant donné que le pronom personnel  « se »  fait corps avec ces verbes, leur participe passé s’accorde avec le sujet : « Ils se sont plaints, elles se sont ennuyées, ils se sont échappés ».

     

    en venant ici que seraient évoqués : « seraient » s’accorde avec les sujets « la bataille de Nancy » et « le martyre de Charles le Téméraire ».

     

    « évoqués » est conjugué avec l’auxiliaire « être » ; il s’accorde donc au masculin pluriel avec les sujets « bataille » et « martyre ».

     

    la bataille de Nancy vieille de cinq siècles, et le martyre de Charles le Téméraire transpercé d’un coup de hallebarde : la « hallebarde » est une arme faite d’un long manche terminé par une sorte de hache.

     

    Charles le Téméraire : « Téméraire » prend une majuscule.

     

    puis à demi dévoré par les loups : « à demi dévoré », pas de trait d’union.

     

    Vous avez eu raison ! Ajoutons que le soldat qui tua le duc de Bourgogne sombra dans l’acédie : le mot « acédie » vient du grec « akèdeia » qui signifie « privation de soin », on ne prend plus soin de soi, on se laisse aller, on sombre dans la mélancolie, bref, on fait une déprime…

     

    et mourut du chagrin de ne  pas avoir épargné sa cible afin de toucher la rançon qui était l’Euro Millions de l’époque : Euro Millions est l’orthographe officielle choisie par le Française des Jeux.

     

    Vous vous êtes tous dit : pas d’accord au participe passé « dit » ; vous avez dit quoi ? Réponse : « …qu’il serait aussi question… » voilà le complément d’objet direct, il est placé après, on n’accorde pas – il s’agit ici de la règle de l’accord du participe passé des verbes pronominaux, le 2e « vous » est complément d’objet second de « dit ».

     

    qu’il serait aussi question de Stanislas Leszczynski (1677 – 1766) : eh oui… 8 consonnes, et trois voyelles, avec le groupe « szcz »… Vous, Nancéiens, n’en êtes point étonnés, et ce nom vous est familier, et vous l’avez à coup sûr parfaitement orthographié…

     

    et vous ne vous êtes pas trompés : accord du participe passé, vous n’avez pas trompé qui ? « vous » (le 2e « vous »). Ce « vous » est le complément d’objet direct, placé avant, on accorde donc le participe passé au pluriel : trompés.

     

    Stanislas le Bienfaisant : une majuscule à Bienfaisant.

    grossiste en consonnes rares, devint duc de Lorraine en mille sept cent trente-sept : traits d’union au-dessous de cent (sauf vingt et un, trente et un, etc.) ; pas de « s » à cent qui est suivi d’un autre nombre.

    cette année-là, naquit en Angleterre un botaniste qui donna son nom au forsythia : un forsythia est un arbuste ornemental à fleurs jaunes ; son nom est issu de celui du botaniste anglais William Forsyth (1737-1804).

     

    peu ou prou : peu ou beaucoup (prou, de pro, pronom indéfini au XIIe siècle).

     

    il fallait bien que peu ou prou une jolie fleur vous perturbât : perturber est ici conjugué à l’imparfait du subjonctif (après une proposition principale exprimant un doute, une nécessité).

    Quelles merveilles nous a laissées Stanislas : le complément d’objet direct « merveilles » étant placé avant le participe passé, celui-ci s’accorde : « laissées ».

     

    La place qui porte son nom (comme dans la place de la Concorde), la Bibliothèque (comme dans la Bibliothèque nationale), l’Académie (comme dans l’Académie française)… : une minuscule pour « place », une majuscule pour chacun des deux autres noms.

     

    Vous êtes-vous rendu compte : le participe passé « rendu » demeure invariable.

     

    que nous sommes presque arrivés : « presque » ne s’élide pas (sauf dans « presqu’île ») ; « arrivés » s’accorde avec le sujet « nous » car ce participe passé est conjugué avec l’auxiliaire « être ».

    à la fin de la dictée sans avoir parlé d’Émile Gallé : « Émile Gallé », sans « e » à la fin (1846 – 1904).

     

    le célèbre maître verrier : pas de trait d’union entre « maître » et « verrier ».

     

    pionnier de l’Art nouveau : une majuscule à « Art », une minuscule à « nouveau ».

     

    né à Nancy, dont la lampe « Rhododendron » fut vendue : du grec « rhodon », « rose », et « dendron », « arbre ». « Rhododendron » : l’arbre aux fleurs roses.

     

    plus de cent vingt mille euros : cent vingt mille : pas de « s » à « vingt » (« vingt » n’est pas multiplié ici, il n’y a qu’une seule fois « vingt », pas de traits d’union, on met un trait d’union au-dessous de « cent », sauf dans « vingt et un », « trente et un », etc.).

     

    à New York voilà six ans : pas de trait d’union entre « New » et « York ».

     

    Et les frères Daum : les célèbres maîtres verriers, Auguste (1853 – 1908) et Antonin (1864 – 1930).

     

    que vous avez espéré croiser : le participe passé « espéré » ne s’accorde pas car il est suivi de l’infinitif « croiser » qui est le complément d’objet direct de « avez espéré ».

     

    où sont-ils ? Et Jacques Callot (1592 – 1635), Edmond de Goncourt (1822 – 1896), Henri Prouvé (1915 – 2012), ou autres célébrités nées à Nancy ? Patience, ils se préparent pour la dictée de l’an prochain !

     

    Classement des gagnants : 

     

    1 – Christian Maricourt – 3 erreurs

    2 – Guillaume Mazeaud – 5 erreurs

    3 – Anne-Marie Denninger – 6 erreurs

    4 – Catherine Auboyer – 8 erreurs

    5 – Eric Tondeur – 9 erreurs

    5 – Georgette Bense – 9 erreurs

     

     

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    4 Responses to Dictée pour les Nuls – Nancy, dimanche 15 septembre 2013, avec Grégoire Delacourt

    1. Christian
      16 septembre 2013 at 7 h 44 min

      Un grand merci pour cet agréable moment passé en votre compagnie.
      J’ai appris beaucoup.
      Bien cordialement,
      Christian

      • jjj
        18 septembre 2013 at 16 h 08 min

        Merci, cher Christian, c’est grâce à vous, (grâce à vous tous, candidats de Nancy qui lirez peut-être ces lignes), que cette première de « La Dictée pour les Nuls » en région a été couronnée de succès. Vous être venu apprendre et comprendre, sans ce boulet de culpabilité qui paralyse ceux qui fuient ce genre d’exercice. Vous avez choisi le meilleur moyen de progresser (si toutefois vous en avez besoin…) !
        Merci à vous, Christian,merci pour votre sympathique message,
        Merci à vous tous, candidats de Nancy, qui êtes repartis avec le sourire,

        Jean-Joseph Julaud

    2. DE RIDDER DANIEL
      22 septembre 2013 at 9 h 46 min

      Bonjour Monsieur Julaud,

      Je pense que Julien Soulié doit vous avoir parlé du Cercle d’Or, club d’orthographe belge qui compte d’ailleurs de nombreux membres français. Nous publions une revue 6 à 7 fois par an ainsi que deux numéros spéciaux. La prochaine revue devrait mettre à l’honneur Julien pour son nouveau livre « L’orthographe pour les nuls ». M’autorisez-vous à reproduire dans notre revue votre préface concernant le livre de Julien ? En vous remerciant d’avance de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur Julaud, mes salutations orthographiques.

      Pour le Cercle d’OR
      Daniel De Ridder

      • jjj
        23 septembre 2013 at 14 h 54 min

        Bonjour Monsieur,

        Vous pouvez reproduire la préface que j’ai écrite pour le livre de notre champion Julien, je vous en donne l’autorisatiuon avec grand plaisir. Julien m’a parlé de votre club d’orthographe, je suis admiratif du travail que vous faites. Bravo !

        Bien cordialement,

        Jean-Joseph Julaud

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