• Quelque part

    by  • 26 août 2013 • Poème quotidien • 0 Comments

    Monet - Le train dans la neige, 1875.

    Monet – Le train dans la neige, 1875.

     

    Oh ! quelque part dans une villa vide du bord des mers

    Dis mon amour ! avec des fleurs dégénérées et des asters

    Dans la maison d’un garde-chasse ou bien peut-être

    Dans la petite chambre en bois blanc d’un vieux prêtre

    Quelque part tout au fond d’un hôtel de province

    Qui sent la suie mouillée le cuivre et les harnais

    Ou plus loin si tu veux dans un pays malade

    Et fréquenté des seules bêtes de forêt

    Ô mon amour en cet octobre je t’emporte

    A travers cette pluie de sang des feuilles mortes

    Comme un enfant qui cherche à préserver le nid

    Surveillé deux saisons La terre se chamarre

    De garance et de pourpre et l’on entend les gares

    Rappeler longuement les trains bleus qui ont fui

    Que ce soit en un lieu très humble avec des lampes

    Aux vieilles mèches difficiles à remonter

    Des meubles bas de la poussière sur la rampe

    Et des plumes en moins au coq du vaisselier

    Car nous avons un goût tenace pour ces choses

    Qui naissent de nous-mêmes singulièrement

    Et les pâles soleils qui tombent du couchant

    Ajoutent dans le temps à leur métempsycose.

     

    René Guy Cadou – Hélène ou le règne végétal, 1952, Seghers

    About

    Laisser un commentaire

    Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *