• La Dictée pour les Nuls 2013 : le texte !

    by  • 20 mars 2013 • Les dictées JJJ • 4 Comments

    Funchal, février 2013

    Funchal, février 2013

    Salon du livre de Paris

    Samedi 23 mars 2013

    Vocables entés

     

    Combien de francophones le monde compte-t-il aujourd’hui ? Quelque deux cent vingt millions aux dernières bonnes nouvelles ! Des milliards de mots de la langue française sont échangés chaque jour sous toutes les latitudes, de Montréal à Nouakchott, de N’Djamena à Port-au-Prince, de Papeete à Marrakech ! Des bonjours sous la pluie, des au revoir dans la nuit, des adieux comme celui que le poète Apollinaire colora de nostalgie : « L’automne est morte, souviens-t’en… », tout cela fait résonner le français à la surface du globe, quels que soient l’heure du jour ou le moment de la nuit, dans quelque lieu que ce soit !

    Fin de la dictée juniors

    Que d’aventures ont vécues nos mots baladeurs, que de terres lointaines ils ont visitées ! Certains s’y sont tellement plu, tellement sentis accueillis qu’ils se sont installés, intacts, dans la langue qui les hébergeait. Ainsi, les Russes amoureux parlent de leur « coup de foudre ». Passez-vous par Funchal ? Quelle surprise : on vous informe en termes français entés dans la langue de Saramago qu’à votre table, vous êtes « vis-à-vis » de Ronaldo qui joue dans l’ « équipe » de Madrid ! Votre voisin anglais vous parle du « savoir-faire unique » de ce Lusitanien qu’il faut « protéger ». Un Italien vous précise que son « cachet » est faramineux. Un Allemand vous décrit les tirs victorieux qui se sont succédé dans sa carrière. Un vrai « bouquet » ajoute-t-il. Vous proposez alors cette image signée Vénus Khoury-Ghata : « Des épaules de loup au long cours ». « Voilà ! » conclut l’Anglais.

     

    Jean-Joseph Julaud

    Salon du livre de Paris

    Samedi 23 mars 2013

    Salon du livre de Paris

     

    Samedi 23 mars 2013

     

     

    Correction de la dictée

     

     

     

     

    Vocables entés 

    entés s’accorde avec le mot vocables ; entés est le participe passé du verbe enter qui signifie greffer.

     

     

     

    Compte-t-il : le t de liaison, euphonique, se place entre deux traits d’union

     

    Quelque deux cent vingt millions : quelque est au singulier, il s’agit ici d’un adjectif indéfini, il peut être remplacé par environ.

     

    Deux cent vingt : pas de s à cent car il est suivi d’un autre adjectif numéral cardinal (vingt) ; pas de s à vingt, car il n’y a qu’une seule fois vingt. Si cent n’était pas suivi d’un autre adjectif numéral cardinal, on écrirait deux cents.

     

    Deux cent vingt millions : millions qui est un nom commun prend un s.

     

    Des milliards : milliards qui est un nom commun prend un s au pluriel.

     

    La langue française : française est un adjectif qualificatif, il ne prend pas de majuscule.

     

    …sont échangés : le participe passé échangés s’accorde avec le sujet des milliards de mots

     

    Montréal : ville canadienne de la province du Québec, Montréal est la plus importante ville francophone d’Amérique.

     

    Nouakchott : cette ville de huit cent mille habitants est la capitale de la Mauritanie.

     

    N’Djamena : capitale du Tchad, N’Djamena qui, jusqu’en 1973, portait le nom de Fort-Lamy, signifie le lieu où l’on se repose.

     

    Port-au-Prince : Christophe Colomb donna le nom d’Hispaniola à l’île des Grandes Antilles qui est aujourd’hui composée d’Haïti et de Saint-Domingue. Port-au-Prince est la capitale d’Haïti, marquée par un terrible tremblement de terre le 12 janvier 2010.

     

     

    Papeete : située dans l’île de Tahiti, la ville de Papeete est la capitale de la collectivité d’outre-mer de la Polynésie française.

     

    Marrakech : surnommée la Perle du Sud ou la Ville rouge, Marrakech est une ville du Maroc située au pied des montagnes de l’Atlas. Sa population s’élève à plus d’un million d’habitants.

     

    Des bonjours : le nom commun bonjour prend la marque du pluriel.

     

    Des au revoir : au revoir est invariable.

     

    Des adieux : le nom commun adieu prend un x au pluriel.

     

    Le poète : poète prend un accent grave.

     

    Apollinaire : Guillaume Apollinaire – Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky -, est l’auteur du recueil de poèmes Alcools, paru en 1913. Né Polonais de l’Empire russe, il a vu le jour à Rome le 28 août 1880 ;  naturalisé Français en 1916, il est mort pour la France le 9 novembre 1918.

     

     

     

    L’automne est morte : automne est aujourd’hui du genre masculin, mais jusqu’au début du XXe siècle, on pouvait l’employer aussi au féminin, ce que Guillaume Apollinaire a fait.

     

    Souviens-t’en : le t’ est l’élision du pronom personnel te (il faut que tu te souviennes de cela) ; la lettre e est remplacée par une apostrophe qui rappelle son existence. Attention : on écrit t’en souviens-t-il ? le t après souviens étant alors seulement euphonique, et non le résultat d’une élision.

     

    Tout cela : cela, pronom démonstratif, ne prend pas d’accent.

     

    Résonner : ce verbe signifie que le son est à la fois prolongé et amplifié. Le nom issu du verbe résonner est la résonance. Il ne faut pas confondre résonner et raisonner. Raisonner signifie faire usage de sa raison ; le nom qui est issu de ce verbe est le raisonnement.

     

    Quels que soient l’heure du jour ou le moment de la nuit : quels, adjectif indéfini, s’accorde ici avec l’heure du jour ou le moment de la nuit. Quels que soient l’heure du jour ou de la nuit = Que l’heure du jour ou de la nuit soient (n’importe) quels : quels est attribut des sujets l’heure du jour ou de la nuit qui forment grammaticalement un masculin pluriel.

     

    Dans quelque lieu que ce soit : quelque, adjectif indéfini, est au singulier, il peut être remplacé par n’importe quel.

     

    Que d’aventures ont vécues nos mots : nos mots ont vécu quoi ? des aventures. Le mot aventures, féminin pluriel, complément d’objet direct de ont vécu est placé avant le participe passé vécu qui doit donc être accordé au féminin pluriel : vécues.

     

    Baladeurs : un seul l pour ce baladeur issu de balade qui signifie promenade, à ne pas confondre avec la ballade, forme poétique utilisée notamment par François Villon.

     

    Que de terres lointaines ils ont visitées : ils ont visité quoi ? des terres nouvelles. Le complément d’objet direct terres nouvelles, féminin pluriel, est placé avant le participe passé qu’on accorde donc au féminin pluriel : visitées.

     

    Certains s’y sont tellement plu : plu, participe passé du verbe plaire demeure invariable.

     

    Certains s’y sont… tellement sentis accueillis : se sentir est ici employé pronominalement. Pour accorder le participe passé d’un verbe pronominal, on remplace l’auxiliaire être par l’auxiliaire avoir : certains ont senti qui ? ils ont senti se, pronom personnel masculin pluriel et complément d’objet direct de senti ; le complément d’objet direct se étant placé avant le participe passé senti, on accorde senti au masculin pluriel : sentis.

     

    Certains s’y sont sentis tellement accueillis : accueillis est un participe adjectif, il s’accorde avec le pronom personnel complément d’objet direct se (s ‘) dont il est l’attribut.

     

     

    …qu’ils se sont installés : ils ont installé qui ? ils ont installé se, complément d’objet direct placé avant le participe passé, donc on accorde : installés.

     

     

    Intacts : épithète détachée du pronom personnel ils, masculin pluriel, intacts s’accorde donc au masculin pluriel.

     

    Dans la langue qui les hébergeait : un h au début de hébergeait qui s’accorde avec le sujet langue.

     

    Ainsi, les Russes amoureux : le nom propre Russe prend une majuscule.

     

    …parlent de leur coup de foudre, ou de leurs coups de foudre : on pouvait mettre coup de foudre au singulier ou au pluriel.

     

    Passez-vous par Funchal : Funchal est la ville principale de l’île portugaise de Madère, située approximativement à la latitude de Marrakech.

     

    Quelle surprise : quelle, adjectif exclamatif, s’accorde avec le nom féminin singulier surprise.

     

    On vous informe en termes français : français est ici un adjectif qualificatif, il ne prend pas de majuscule.

     

    Entés : participe passé du verbe enter qui vient du grec emphuton : greffe.

     

    Dans la langue de Saramago : il s’agit de l’écrivain portugais José Saramago (1922 – 2010), prix Nobel de littérature en 1998.

     

     

    …qu’à votre table, vous êtes vis-à-vis de Ronaldo : il s’agit du joueur de football Cristiano Ronaldo, né en 1985 dans l’île de Madère, et qui fait partie de l’équipe du Real de Madrid.

     

     

     

    Votre voisin anglais : anglais sans majuscule car ce mot est ici un adjectif qualificatif.

     

    Ce Lusitanien : la Lusitanie était une province romaine qui comprenait une partie du Portugal et de l’Espagne. Lusitanien est un adjectif ou un nom qui qualifie ou désigne ce qui se rapporte au Portugal ou aux Portugais.

     

    Faramineux ou pharamineux : les deux orthographes sont acceptées. Faramineux vient du latin fera : bête sauvage.

     

    Un Allemand : ici, Allemand est un nom propre, on l’écrit avec une majuscule.

     

    Les tirs victorieux qui se sont succédé : le participe passé succédé est toujours invariable car il est issu du verbe succéder qui n’est jamais transitif direct.

     

    Vénus Khoury-Ghata : femme de lettres née au Liban en 1937, auteur de quarante ouvrages – romans et recueils de poèmes – écrits dans un français élégant et lumineux, traduits en plusieurs langues. Vénus Khoury-Ghata vit en France où elle concilie ses deux cultures, et les investit dans son univers d’écriture.

     

    Voilà : avec un accent sur le a – voilà -, contrairement au moteur de recherche voila sur Internet.

     

    Dictée pour les nuls 2013

    Classement Juniors

     

    1-   CANTONE Mina                                6 fautes

    2-   D’OLIVEIRA CARDO Antoine       7 fautes

    3-   CANTONE Elias                                8 fautes

     

     

    Classement Adultes

     

    1 – CARTIER Christine                           2 fautes

    1 – LEVART Paul                                     2 fautes

    3 – MIRSKY Daniel                                 3 fautes

    4 – JEANCOLAS Cedric                         5 fautes

    4 – BOUVIER Anthony                           5 fautes

     

    Un grand merci à Julien Soulié qui, après avoir été double vainqueur de cette Dictée pour les Nuls (2011 et 2012), a intégré l’équipe des correcteurs qu’il dirige désormais.

     

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    4 Responses to La Dictée pour les Nuls 2013 : le texte !

    1. 24 mars 2013 at 11 h 30 min

      J’ai fait 13 fautes à la dictée. Mais là n’est pas le plus grave : ayant pris Monsieur Julaud pour l’un des organisateurs, je suis venu l’importuner pour lui demander le papier et le stylo dévolus à la dictée.
      Quoique très sollicité à saluer et à embrasser un nombre étourdissant de jeunes femmes, il est resté très aimable à mon égard. Plus tard dans l’après-midi, il a bien voulu me dire que je n’étais pas placé parmi les bien-heureux lauréats.
      En lisant sa biographie, j’ai vu qu’il fut professeur, comme moi-même.
      Nous avons passé un bon moment avec cette dictée.
      A 2014 ?
      Très cordialement,
      Frédéric de La Grandville

      • jjj
        28 mars 2013 at 14 h 39 min

        Cher Monsieur,

        Merci d’avoir participé à la « Dictée pour les Nuls ».
        Votre message plein d’humour m’a beaucoup amusé, surtout en découvrant ce nombre « étourdissant » de jeunes femmes que j’ai embrassées. L’adjectif est à la fois optimiste et capiteux… Il est vrai que mes éditrices sont toutes charmantes, et que, partant, je ne me lasse pas de publier des livres…

        Cette édition 2013 nous a comblés, la participation étant excellente, et les candidats à la fois attentifs et détendus, ainsi que vous le fûtes.

        Je vous retrouverai avec grand plaisir pour l’édition 2014.

        Oui, je fus enseignant pendant de nombreuses années. Alors pour moi, cette dictée, c’était – sans qu’il y parût, et sans forfanterie – la grande classe…

        Confraternellement,

        Avec ma plus vive sympathie,

        Jean-Joseph Julaud

    2. Rigault Marlène
      26 mars 2013 at 15 h 31 min

      « Quels que soient l’heure du jour ou le moment de la nuit… » J’avais écrit comme votre modèle puis ma réflexion s’est portée sur la conjonction de coordination « ou ». Y a-t-il deux sujets comme vous l’expliquez ou un seul sujet à la fois. ex : La fleur ou le pissenlit est une plante. La fleur ou le pissenlit sont des plantes. Pourriez-vous me convaincre ? Merci.

      • jjj
        28 mars 2013 at 14 h 25 min

        Chère Madame,

        Dans « Quels que soient l’heure du jour ou le moment de la nuit », l’adjectif indéfini « quel(s) » s’accorde avec les deux mots qu’il qualifie et qui sont indissociables grammaticalement parlant ici : l’heure et le moment (le « ou » ne change rien). Nous obtenons donc un pluriel composé d’un nom féminin (heure) et d’un nom masculin (moment). En grammaire française, le masculin l’emporte toujours lorsqu’un tel cas se présente. Il fallait donc écrire « Quels que soient l’heure du jour ou le moment de la nuit » : quels = l’heure + le moment. Il n’y avait aucune autre solution.

        Merci d’avoir participé à cette dictée, d’un bon niveau, voire très bon, encore cette année.

        Rendez-vous l’an prochain…

        Bien cordialement,

        Jean-Joseph Julaud

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