• L’accord du participe passé (1)

    by  • 30 janvier 2013 • Une règle par jour • 2 Comments

    L’accord du participe passé ? Pourquoi en faire un plat ? Ce n’est ni compliqué, ni tortueux. Il suffit de savoir ce qu’est un participe passé, de poser les bonnes questions pour pouvoir l’accorder ou non, et voilà ! le tour est joué. Tous ceux qui s’effraient de cet accord et décident qu’on devrait le supprimer parce qu’ils ne le maîtrisent pas se privent d’une petit gymnastique mentale bien utile pour comprendre sans ambiguïtés le sens de la phrase.

    Faites connaissance avec le participe passé ?

    Pour pouvoir l’accorder, il faut le connaître, et le reconnaître rapidement

    C’est un mode et c’est un temps

    Vous avez entendu parler de l’indicatif, du subjonctif, du conditionnel, etc. Vous savez que ce sont des modes verbaux à l’intérieur desquels on trouve des temps (le présent, l’imparfait…).

    Savez-vous que le participe est un mode, au même titre que les autres ? Ce mode comporte deux temps : le présent et le passé.

    Rappelez-vous, nous avons déjà parlé du participe présent pour le différencier de l’adjectif verbal : le participe présent se termine toujours par « …ant », et il est invariable. Cela fut décidé par l’Académie française en 1679. En revanche, le participe passé est demeuré variable pour éviter les doubles sens.

    À quoi sert-il ?

    Le participe passé sert à conjuguer les temps composés (c’est-à-dire  composés d’un auxiliaire – être ou avoir –  et suivis du participe passé). Les plus utilisés, le passé composé et le plus-que-parfait de l’indicatif, permettent d’identifier immédiatement le participe passé d’un verbe. Par exemple, dans « Amédée Bujavéltrac a écrit une lettre à son amie », vous reconnaissez le passé composé de l’indicatif : « a écrit » ; il est composé du verbe « avoir » employé comme auxiliaire : « a », et du participe passé « écrit »

    Truc ou astuce

    La dernière lettre du participe passé

    Quelle est la dernière lettre du participe passé non accordé ? Il est très simple de la trouver : il suffit de mettre mentalement le participe passé au féminin, et d’enlever ensuite la marque de l’accord au féminin, c’est-à-dire le « e ».

    Par exemple, vous cherchez la dernière lettre du verbe  écrire .  Écrire  fait  écrite  au féminin ; il suffit d’enlever le « e », et on obtient le participe passé  écrit  ( j’ai écrit ).

    Pour le verbe  suivre , cela donne suivi  ( j’ai suivi ), le féminin étant  suivie (et non suivite qui n’existe pas), on enlève le « e » pour obtenir l’orthographe du participe passé.

    Pour  pouvoir  :  pu  ( j’ai pu ), et non  put  qui est le passé simple ( pouvoir  ne fait pas  pute  au féminin, son participe passé ne possède d’ailleurs ni féminin ni pluriel.)

    On accorde ? On n’accorde pas ?

    Là est la question… Cette alternative shakespearienne représente un petit drame qui peut se jouer à n’importe quel moment de la journée dans beaucoup de nos phrases. Vais-je dire « Les fleurs que j’ai offertes à Thérèse Onable étaient fanées » ou « Les fleurs que j’ai offert à Thérèse Onable étaient fanées ».

    On peut régler le problème en disant « Le bouquet que j’ai offert... » où la marque de l’accord n’apparaît pas… c’est une solution, mais ce n’est pas la meilleure. L’important, pour tout ce qui concerne l’accord du participe passé, c’est d’avoir, non des astuces, mais des certitudes.

    Gros plan technique

    Les abréviations

    Afin de rendre moins longues, verbalement, les recherches, on use souvent d’abréviations faciles à décoder : COD (prononcer  céodé ) signifie, vous le savez maintenant  complément d’objet direct , COI (prononcer  céo-i ) est l’abréviation de  complément d’objet indirect , vous pouvez aussi rencontrer CC ( cécé ) qui veut dire  complément circonstanciel  (CC de lieu, CC de cause…) N’abusez pas de ces abréviations, le sigle ne possède jamais la clarté de ce qu’il remplace.


    À retenir

    La règle, courte, simple…

    La règle de l’accord du participe passé est tellement peu compliquée qu’on se demande qui, ou quoi la rend si rébarbative, si confuse parfois. À vous de juger de cette simplicité, la voici :

    Conjugué avec l’auxiliaire être, le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe.

    Conjugué avec l’auxiliaire avoir, le participe passé s’accorde avec le complément d’objet direct si celui-ci est placé avant le verbe.

    Et c’est tout !

    Etre sûr de son « être » et de son « avoir » ?

    Si vous ne reconnaissez pas sans hésiter le verbe être du verbe avoir dans leur conjugaison, inutile d’aller plus loin : cherchez dans la partie conjugaison de ce livre ces deux verbes qui servent d’auxiliaire, et apprenez-les, apprivoisez-les jusqu’à ce qu’ils vous mangent dans la main, ces petits sauvages ! Ensuite, vous saurez si le participe passé que vous envisagez d’accorder est conjugué avec l’auxiliaire être ou l’auxiliaire avoir, et vous agirez en conséquence !

    À la recherche du COD

    C’est surtout dans cette phase de recherche que se produisent les erreurs. Tout bêtement parce que le complément d’objet direct est mal maîtrisé, mal connu. Et pourtant, c’est tout simple : le COD répond à la question qui ou quoi, posée au verbe. Théo Courant débranche son ordinateur. Posons la question au verbe : Théo Courant débranche quoi ? Il débranche son ordinateur. Le mot ordinateur est le complément d’objet direct, le COD, du verbe débranche.

    Attention danger : le COI

    Attention, danger ! Lorsque vous posez la question au verbe, assurez-vous qu’il s’agit bien d’une question directe, c’est-à-dire qu’elle n’est pas accompagnée d’une préposition, de ou à par exemple. Si une préposition précède votre qui ou votre que, la question que vous posez n’est plus directe mais indirecte, vous n’obtenez donc pas un COD, mais un complément d’objet indirect.

    Marie Bambelle écrit à ses enfants. Marie Bambelle écrit à qui ? Elle écrit à ses enfants. La présence de la préposition à dans la question fait du complément un complément d’objet indirect, un COI. Ses enfants est COI de écrit.

    Vigilance

    Fait

    Un cas particulier que vous pouvez vous mettre en mémoire tout de suite : lorsque le participe passé  fait  est suivi d’un infinitif, il est invariable : « Les employées de cette directrice l’on fait démissionner »

    De la méthode

    De la méthode avant toute chose ! Observez avec attention les phrases qui vont dérouler sous vos yeux leur tapis de mots

    Identifier avec certitude l’auxiliaire

    S’il s’agit de l’auxiliaire  être, l’accord se fait avec le sujet : « Théo Jasmin et son frère sont interviewés par Rémi Lemicrau » (interviewés  s’accorde avec  Théo Jasmin et son frère). Attention, le sujet n’est pas forcément avant le verbe, il peut être inversé : « C’est à l’aube que sont revenues Julie Sancesse et Marie Tournelle» (revenues  s’accorde avec  Julie Sancesse et Marie Tournelle). Entre le verbe et le sujet inversé, on peut même avoir un complément circonstanciel : « C’est dans la soirée que sont arrivés, sans prévenir qui que ce soit, les fugueurs » (arrivés  s’accorde avec  fugueurs)

    S’il s’agit de l’auxiliaire  avoir, on accorde avec le complément d’objet direct s’il est placé avant le verbe, et quelle que soit la catégorie à laquelle il appartient (nom, pronom…)

    Gros plan technique

    Dit, dû, cru, pu, su,

    Répétez cette liste : « dit, dû, cru, pu, su... », facile à retenir, non ? Cependant, il faut y ajouter : « pensé, permis, prévu, voulu ». Conjugués avec « avoir », ces participes passés sont invariables lorsqu’ils sont suivis d’un infinitif ou d’une proposition sous-entendus (lesquels sont alors COD placés après) :  « Justin Ptipeu a effectué toutes les recherches qu’il a pu (faire) » ; « Justin Neuro n’a pas obtenu tous les avantages qu’il avait cru (qu’il obtiendrait) » « Larry Golade n’a pas rapporté tous les livres qu’il avait pensé acheter »

     

    Les visages du COD

    Le COD peut être un nom commun, un pronom relatif (que) « Les voitures que mon chien a regardées ont disparu » il a regardé quoi ? Il a regardé que, pronom relatif, mis pour « les voitures ». Que, pronom relatif est COD de regardé, participe passé que j’accorde donc au féminin pluriel (voitures est au féminin pluriel) : regardées.

    Le COD peut être un pronom personnel (le, la, les, me, te, se, nous, vous) « Il ne les a pas comptées » (« les » est mis pour « voitures », c’est un pronom personnel COD placé avant le verbe donc accord), « Cette constatation, nous l’avons faite ensemble » (« l’ » est mis pour « constatation », c’est un pronom personnel placé avant le verbe, donc accord)

     


    Pas de COD ? Pas d’accord !

    Un verbe ne possède pas forcément de COD. Il ne faut pas vous obstiner à vouloir lui en trouver un s’il n’en a pas. Dans ce cas, tout simplement, vous n’accordez pas. Le verbe  plaire, par exemple, n’a jamais de COD. On ne verra donc jamais son participe passé accordé : « Ces expositions nous ont plu ».

    Ne pas confondre COD et COI

    Le piège habituel consiste à confondre le COD qui répond à la question  qui ?  ou  quoi ? , et le COI, qui répond à la question  de qui ? ,  de quoi ? ,  pour qui ? ,  pour quoi ? , etc. C’est la porte ouverte à tous les accords fautifs.

    Par exemple, dans cette phrase : « Nora Dumonde et Paule Honaise, les jeunes filles à qui nous avons parlé, sont accueillantes », le verbe  avons parlé  a pour complément  à qui, mis pour  les jeunes filles, mais c’est un complément d’objet indirect (« nous avons parlé à qui ? ») à cause de la préposition « à » devant « qui ».

    Enfin, si le complément d’objet direct est placé après le verbe, inutile de vouloir faire l’accord.

    Est-ce  « l’ » le COD ?

    Attention, lorsque « l’ » est complément d’objet direct, il peut signifier  cela , pronom neutre, l’accord ne se fera donc pas. Par exemple : « La santé de Mehdi Cament s’est détériorée plus vite qu’on ne l’aurait imaginé » (plus vite qu’on aurait imaginé quoi ? la réponse est « l’ », mis pour  cela , donc, on n’accorde pas.) Mais dans la majeure partie des cas, le « l’ » remplace tout simplement un nom cité auparavant, et l’accord doit se faire : « Cette émission de télévision était intéressante, je l’ai regardée jusqu’à la fin »

    Le participe passé est précédé de « en »

    La règle est simple : lorsque le complément du verbe est  en , on n’accorde pas le participe passé. « Les avocats n’étaient pas chers, Penny Tancier en a acheté ». On part du principe que  en  est mis pour  de cela, et que la présence du  de  empêche de considérer qu’il y a un COD. De plus, il ne représente pas avec certitude le nombre (j’ai pu n’acheter qu’un avocat).

    Donc, même si certains auteurs ont accordé le participe passé avec  en  et ce qu’il représentait, ne les imitez pas (après tout, ils ne connaissaient peut-être pas la règle !) Vous pouvez laisser dans tous les cas le participe passé complété par  en  invariable, même s’il existe des cas où, éventuellement, on peut accorder (notamment avec  combien ), vous êtes sûr de ne pas vous tromper !

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    2 Responses to L’accord du participe passé (1)

    1. Jagoury
      11 avril 2016 at 21 h 35 min

      Bonjour,

      Je dois afficher ceci dans un tableau pour mon club d aviron . Accepteriez vous de m aider, je suis complètement perdue au niveau des accords. Merci pour votre aide

      L ’année 2015 en beauté s’est terminée
      A vec elle, LA BELLE EQUIPE s’est constituée

      B énévoles , tous ensemble se sont réunis.
      E n groupes , se sont ensuite répartis.
      L eurs talents avec brio ils ont exercés.
      L ’intérêt aux tâches variées ils ont porté.
      E n beauté , les séances de travail ils ont finies.

      E puisés, après l’effort l’apéro les a ragaillardis .
      Q uelques victuailles régionales ils ont mangées.
      U n bon fromage et un bon vin les ont accompagnés
      I l va sans dire qu’un bon dessert maison a suivi.
      P our finir ce clin d’œil, tout le monde a été ravi.
      E T QUE L’AN 2016 SOIT AUSSI PRODUCTIF …

      • jjj
        12 avril 2016 at 9 h 34 min

        Vous n’êtes pas du tout perdue ! Vous êtes même une experte de l’accord du participe passé, vous n’avez commis aucune erreur, bravo !

    Répondre à jjj Annuler la réponse.

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